Lierre grimpant © Laetitia Theunis

FloraBru recense les plantes sauvages bruxelloises

3 juin 2024
par Laetitia Theunis
Durée de lecture : 5 min

Achillée millefeuille, Pissenlit, Anémone sylvie, Gouet tacheté, Balsamine des bois, Lamier jaune… Pas moins de 793 espèces végétales ont été identifiées sur le territoire de la Région de Bruxelles-Capitale en 2006, lors de la conception du dernier atlas floristique. Combien y en a-t-il aujourd’hui ? Certaines, ont-elles progressé, régressé, voire disparu ? De nouvelles espèces, se sont-elles installées ? Pour répondre à ces questions, Natagora se lance dans un recensement exhaustif des plantes sauvages de la capitale belge. Titanesque, ce projet de terrain, dénommé FloraBru, devrait aboutir à l’automne 2027 avec la publication d’un nouvel atlas végétal régional.

Une mosaïque de 188 carrés

Le principe d’un atlas, c’est de quadriller un territoire en carrés fixes dans le temps. De quoi permettre les comparaisons sur une longue échelle de temps.

« Depuis près de 100 ans, les botanistes utilisent la grille IFBL (Institut Floristique Belgo-Luxembourgeois) pour étudier la Région de Bruxelles-Capitale. Nous ferons bien entendu de même ! », explique Valérie Vanparys, biologiste spécialisée en écologie végétale travaillant au sein du département études de Natagora. Pour élaborer FloraBru, elle collabore avec d’autres membres de cette équipe, ainsi qu’avec des botanistes de Natuurpunt.

Le territoire bruxellois a été découpé en 188 carrés de 1 km de côté. « On va dresser une liste la plus exhaustive possible de toutes les espèces de plantes spontanées qui y sont trouvées. Autrement dit, on ne s’intéressera pas aux plantes qui ont été semées ou plantées par les humains. » A noter que les espèces invasives sont considérées comme espèces spontanées, bien que certaines se soient échappées des jardins.

Origan © Laetitia Theunis

La distribution floristique sous surveillance

Une fois que le recensement floristique par carré aura été élaboré, des cartes seront dressées, révélant la distribution de chacune des espèces identifiées.

Concrètement, pour chacune d’entre elles, une cartographie quadrillée des 188 carrés sera présentée. Ceux où elle est présente seront marqués d’un point. « Cela donnera une idée de la distribution à l’échelle de la région de chacune des espèces. Et quand on comparera ces cartes avec celles des atlas précédents, réalisés il y a 20, 40 ou 60 ans, on pourra aisément avoir une idée de l’évolution de ces distributions, de la façon dont les plantes spontanées occupent le territoire. »

« Pour la grande majorité des espèces, on va se contenter de noter leur absence ou leur présence dans chacun des carrés. Mais pour une centaine d’entre-elles, dont une cinquantaine sont considérées comme sensibles et l’autre moitié comme invasives, la superficie qu’elles occupent dans chacun des carrés sera évaluée. Par exemple, pour les Renouées du Japon, espèce invasive formant des massifs très denses, on comptera les mètres carrés occupés. Pour les orchidées, qui sont des espèces sensibles, les botanistes seront invités à compter le nombre de pieds dans chaque station », précise Valérie Vanparys.

Carte de répartition de l’anémone Sylvie, entre 1939 et 2005, en Région de Bruxelles-Capitale, selon les relevés de 3 atlas © Luc Allemeersch, 2006

Et même dans vos jardins

Bruxelles compte de nombreux jardins à l’intérieur de propriétés privées. Comment y réalisera-t-on l’inventaire ? « Nous travaillons en collaboration avec le projet Réseau Nature. Celui-ci regroupe notamment des propriétaires de jardins qui signent une charte de bonne gestion de ceux-ci. Par exemple, ne pas planter d’espèces invasives, ne pas utiliser de pesticides, etc. Dans le cadre de l’atlas floristique, ce projet Réseau Nature représente une opportunité d’obtenir des données dans des jardins habituellement inaccessibles. »

« Nous inciterons les propriétaires à réaliser l’inventaire botanique de leurs jardins. Ils sont, en effet, les seuls à savoir ce qu’ils y ont planté et ce qui a poussé naturellement. Si cela n’est pas possible, on les encouragera à ouvrir la porte de leurs jardins à des botanistes amateurs qui les aideront à réaliser l’inventaire. »

Tussilage © Laetitia Theunis

Aide à la décision politique

Ce projet, commandité par Bruxelles Environnement, s’inscrit dans le cadre d’une obligation européenne de suivi global de la nature et de la biodiversité.

« L’intérêt de FloraBru, ce n’est pas seulement accroître les connaissances par simple curiosité scientifique, c’est aussi, améliorer les mesures politiques relatives à la nature. Par exemple, en termes de gestion des espaces verts, on pourrait imaginer que Bruxelles Environnement incite, sur base du futur atlas, les gestionnaires publics à mettre en place telle ou telle pratique de gestion écologique. »

« Ou que des mesures de protection soient prises pour une espèce ou un type de milieu particuliers pour lesquels un déclin inquiétant aurait été observé. »

Si le cœur vous en dit…

Les inventaires n’ont pas encore commencé. « Cette année, nous testons le protocole et les outils que nous avons conçus. Le travail de terrain débutera en 2025. »

Celui-ci sera réalisé par des botanistes amateurs, via Observation.org. Il s’agit d’une plateforme d’encodage permettant une géolocalisation assez précise de chaque observation. « Il est fort probable qu’une bonne partie des observations seront accompagnées d’une ou de plusieurs photos qui permettront à des botanistes plus expérimentés de valider ou non une observation un peu originale ou étonnante qui mériterait une vérification », précise Valérie Vanparys.

« Pour l’instant, j’ai une liste d’une bonne centaine de personnes intéressées par le projet. C’est très encourageant. S’il y a encore des gens ayant des connaissances en botanique qui souhaitent nous rejoindre, ils sont plus que bienvenus ! »

Le monde végétal vous attire ou vous passionne ? Jusqu’en septembre, Natagora et le Centre d’écologie urbaine proposent 10 balades botaniques urbaines, sur inscription. Elles ont lieu les mercredis de 15 et 17h au sein de différents milieux : zones humides, forêt, trottoirs, cimetières, etc. De quoi acquérir des compétences de base en identification végétale. Et pourquoi pas, rejoindre l’équipe des botanistes amateurs de FloraBru.

Chélidoine © Laetitia Theunis
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