L’an dernier (2018), 134 mammifères marins ont été retrouvés morts ou mourants en Belgique. Il s’agissait essentiellement de marsouins (89), mais aussi de phoques: 18 phoques gris, 11 phoques communs et 14 spécimens non identifiés. Parmi les spécimens plus rares, on dénombrait aussi un dauphin à bec blanc et un rorqual commun.
Ces chiffres sont tirés du rapport « Échouages et observations de mammifères marins et autres espèces remarquables en Belgique en 2018 » réalisé par les scientifiques de l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique avec la collaboration de l’Université de Liège, du SeaLife de Blankenberge et du Natuurpunt.
Étouffé par un poisson plat
« Parmi les marsouins dont la cause du décès est connue, 10% sont morts de prises accidentelles dans des filets de pêche et 30% de prédation par le phoque gris. Le nombre de phoques morts et mourants échoués en 2018 a été le plus élevé jamais enregistré. Six des phoques gris et un des phoques communs sont morts probablement à cause de captures accidentelles. Un phoque gris est mort dans une corde de nylon et un autre s’est étouffé avec un poisson plat », précisent les chercheurs.
« Les phoques communs sont bien plus nombreux sur notre côte qu’au cours des dernières décennies », précise ce rapport. En 1978, un article sur les phoques présents le long des côtés belges indiquait que l’animal était devenu rare par rapport aux années 1950. On estimait alors que les principales raisons du déclin de cette espèce étaient:
- – la chasse
- – la surpêche
- – la perturbation des lieux de repos et des lieux de naissance des jeunes
- – et, déjà, la pollution de la mer…
En 2018, six phoques gris sont (probablement) morts victimes d’une prise accessoire (pêche) et un juvénile est décédé après une longue agonie, étranglé par un morceau de corde. Comme cela avait déjà été le cas auparavant, un phoque gris s’est étouffé en tentant d’ingurgiter une sole (Solea solea). Enfin, le 31 décembre 2018, un phoque commun s’est noyé dans un filet de pêche sur la plage de Coxyde…
« La croissance des populations du phoque commun en mer du Nord est le résultat de la protection légale de l’espèce, d’initiatives pour la réhabilitation des phoques en difficulté et des mesures générales pour la protection de l’environnement », indiquent les auteurs de ce rapport. Ils s’interrogent aussi sur la prise en charge des animaux retrouvés sur nos plages.
Quelle prise en charge pour les mammifères marins?
« La plupart des phoques que l’on aperçoit sur la plage n’ont pas besoin de notre aide », estiment-ils. “Ils viennent se reposer, c’est ce qu’ils font en effet la plus grande partie de leur vie. Il peut toutefois arriver que des soignants doivent les évacuer provisoirement de la plage, car il est impossible de surveiller ou de protéger en permanence un individu”.
“Toutefois, en 2018, le téléphone n’a pas cessé de sonner au SeaLife de Blankenberge”, constatent encore les rédacteurs de ce rapport.
FUne évolution liée à l’augmentation du nombre de phoques sur notre côte (Verbeeke, 2018). Certains jours, des dizaines d’appels ont signalé la présence d’un même phoque. En général, il s’agissait pour la plupart d’individus en bonne santé. Le SeaLife n’accueille les phoques que selon une procédure stricte et donc uniquement ceux qui sont vraiment dans une situation de vulnérabilité et pour lesquels une prise en charge peut se révéler utile ».
“C’est la raison pour laquelle on ne vient pas systématiquement en aide aux vieux phoques, même s’ils se laissent approcher facilement. Il faut aussi savoir qu’il est parfaitement normal que des bébés phoques viennent se reposer sur la plage. Lorsqu’ils viennent d’être sevrés, ils cessent en effet de s’alimenter pendant quelques jours et peuvent dès lors perdre beaucoup de poids. Il n’est pas pour autant nécessaire de leur apporter une aide humaine”.
Vif débat aux Pays-Bas
Aux Pays-Bas, la question de la pertinence de la prise en charge de phocidés fait l’objet d’un vif débat. Les scientifiques et les amis des animaux bien intentionnés ont une vision diamétralement opposée des choses. Les arguments actuels en faveur de l’accueil ou contre celui-ci ont été consignés dans un volumineux rapport scientifique.
“La nature est impitoyable et ses lois font que des jeunes ne survivent parfois pas – même dans des circonstances normales. La sélection naturelle garantit la bonne santé des populations et tend à supprimer les anomalies génétiques ou des maladies. Il est donc nécessaire de regarder à deux fois avant d’intervenir, surtout si ces individus appartiennent à une population en bonne santé”, rappellent les scientifiques.