SERIE (4/5) Sciences en vacances
Voyager dans le temps ? Rien de plus simple, cet été, à Bruxelles, grâce à l’Institut Royal du Patrimoine Artistique (IRPA), un des établissements scientifiques fédéraux (BELSPO). L’institution a stratégiquement déposé dans le parc de Bruxelles une fascinante exposition de « clichés allemands ». Il s’agit en réalité de photographies du patrimoine architectural belge (pour l’essentiel) prises entre 1917 et 1918 par l’Occupant. Son but : dresser un inventaire de notre patrimoine artistique.
10.000 négatifs sur plaques de verre
Durant les deux dernières années de la Première Guerre mondiale, une équipe allemande d’environ trente historiens de l’art, photographes et architectes a sillonné tout le pays pour photographier les monuments belges les plus importants. Ils ont réalisé plus de 10 000 prises de vue sur plaques de verre d’églises belges, de béguinages, de châteaux, d’hôtels de maître, de monuments publics, d’intérieurs et de chefs-d’œuvre.
Ce fonds, géré par l’IRPA, a déjà fait l’objet d’études diverses et ne cesse d’intéresser les historiens. C’est également un outil précieux pour la conservation et la restauration du patrimoine.
L’exposition visible dans le parc de Bruxelles jusqu’au 17 septembre se double d’autres expositions itinérantes en Flandre. L’an prochain, la Wallonie bénéficiera à son tour de ces expositions, qui proposent une autre commémoration de la Première Guerre mondiale.
La grande qualité des clichés historiques allemands est en soi déjà intéressante. Ces deux dernières années, l’IRPA a voulu les doubler de clichés modernes, pris selon les mêmes angles de vue. Ce qui donne, sur le site internet de l’exposition, ces contrastes « avant-après » parfois étourdissants de similarité. Ou au contraire, qui procure un choc, tellement l’ancien a fait place à de nouveaux bâtiments ne rappelant absolument pas le patrimoine désormais disparu.
C’est le cas par exemple de l’Université Libre de Bruxelles (ULB). En 1918, son siège était situé au palais Granvelle, dans le centre de la ville. Il s’agissait d’un palais Renaissance construit vers 1550. Démoli en 1931, le palais a fait place à la Galerie Ravenstein… classée pour sa part depuis 2009.
Pour découvrir d’autres images avant-après, rien de plus simple, le site de l’IRPA dédié aux clichés allemands est accessible en ligne.
En voici une petite sélection, à Namur, Liège, Autelbas et Mons. Cliquer à chaque fois pour agrandir et découvrir la légende de l’IRPA. Le site de l’IRPA permet par ailleurs d’effectuer des recherches par nom de commune.
Namur, musée archéologique, rue du Pont
Liège, Hors-Château
Autelbas, Ferme-Château de Sterpenich
Mons, rue d’Havré et rue Hautbois
Promenades en réalité augmentée
Mieux encore, une application pour smartphone a été développée pour l’occasion et permet de découvrir les clichés allemands en situation, lors de promenades à Anvers, Arlon, Bruges, Bruxelles, Gand, Hasselt, Liège, Louvain, Mons, Namur et Wavre.
Dans chacune de ces villes, quelques photos ont été sélectionnées et reliées à l’endroit exact où elles ont été prises il y a cent ans. De quoi marcher dans les pas des photographes de l’époque…