La Commission européenne a présenté cette semaine à Bruxelles sa proposition de budget pour les années 2021 à 2027. Un exercice qui concerne notamment les ressources que la Commission aimerait pouvoir consacrer à la recherche scientifique et technique. On parle principalement ici du prochain programme-cadre de recherche (FP9/Framework Program 9) qui succédera à l’actuel programme « Horizon 2020 ». Le (futur) nouveau programme a été baptisé « Horizon Europe ».
Un constat d’emblée: les chiffres sont à la hausse. Jamais une proposition de budget européen n’a été aussi ambitieuse en ce qui concerne la recherche. La Commission propose de doter « Horizon Europe » d’un budget de 97,9 milliards d’euros. Pour rappel, le budget actuel (Horizon 2020) est pour sa part doté de 77 milliards d’euros
Horizon Europe devrait s’articuler autour de trois piliers:
- – la science ouverte
- – les défis mondiaux
- – l’innovation ouverte
Le pilier « Science ouverte » concerne directement les chercheurs, via des bourses et des échanges, et le financement de projets définis et menés par les chercheurs eux-mêmes. C’est dans ce pilier qu’on retrouve le Conseil européen de la recherche (ERC) et les actions Marie-Skłodowska-Curie.
Le pilier « Défis mondiaux » soutient de son côté des travaux de recherche beaucoup plus appliquée, portant sur des défis sociétaux, fixant des missions à l’échelle de l’UE assorties d’objectifs ambitieux sur des enjeux qui nous préoccupent en permanence. Il s’agit par exemple de recherches liées à la lutte contre le cancer, la mobilité non polluante, la déplastification des océans. « La primauté industrielle sera un aspect déterminant de ce pilier, ainsi que de l’ensemble du programme », précise la Commission.
Le pilier « Innovation ouverte » vise enfin à faire de l’Europe un précurseur en matière d’innovation créatrice de marchés. Un Conseil européen de l’innovation fournira un guichet unique pour les technologies à haut potentiel et les innovations de rupture, et pour les entreprises innovantes qui présentent un potentiel d’expansion.
Si le gros du futur budget recherche de l’Union Européenne passera par le programme « Horizon Europe », on notera également que d’autres moyens proposés par la Commission concernent aussi la science, la recherche et l’innovation.
Pointons par exemple le budget dévolu à la participation européenne au futur réacteur de fusion nucléaire ITER (6 milliards d’euros), aux activités de recherche et de formation sur la sûreté de la production d’énergie nucléaire (Programme EURATOM: 2,4 milliards d’euros) ou encore un nouveau programme « pour une Europe numérique » doté de 9,2 milliards d’euros.
On notera aussi qu’une nouvelle et très ambitieuse ligne budgétaire émaille la proposition de la Commission pour la période 2021-2027. Elle concerne la création d’un Fonds européen de la défense.
« Doté d’un budget global de 13 milliards d’euros, ce Fonds devait renforcer la capacité de l’Europe à protéger et défendre ses citoyens », indique la Commission. On soulignera au passage que 4,1 milliards de ce budget de 13 milliards seront spécifiquement consacrés à la recherche.
« Ce Fonds européen de la défense aura pour objectif de favoriser la coopération entre les États membres et de contribuer à la réalisation d’économies dans la production de technologies et d’équipements interopérables et de pointe dans le domaine de la défense », indiquait-on mercredi à Bruxelles.
« La complémentarité et les synergies avec le programme Horizon Europe seront assurées de manière à ce que les résultats obtenus dans le cadre de la recherche en matière de défense puissent également bénéficier à la recherche civile, et vice versa. Cela permettra d’éviter d’éventuels doubles emplois inutiles », souligne la Commission.
L’exercice budgétaire pluriannuel 2021-2027 dans lequel l’UE vient de se lancer, avec les propositions de la Commission, va durer de nombreux mois. Si la Recherche est concernée par plus de 100 milliards d’euros dans ce budget, on notera aussi que la proposition budgétaire globale de la Commission pour cette période porte sur 1.135 milliards d’euros.
Ce n’est qu’au sommet de Sibiu (Roumanie, qui assurera la présidence tournante de l’UE au premier semestre 2019) qu’on approchera les chiffres plus définitifs de ce budget.