La célèbre statuette bruxelloise, attribuée au sculpteur Jérôme Du Quesnoy le Vieux, est-elle une pièce originale ou s’agit-il d’une copie? La question intéresse au plus haut point Géraldine Patigny, assistante et doctorante au département Histoire, Arts et Archéologie (SOCIAMM) de l’Université Libre de Bruxelles (ULB).
Dans le cadre de son doctorat portant sur l’atelier des sculpteurs Du Quesnoy (à Bruxelles, aux 16e et 17e siècles), elle étudie notamment la statue de Manneken Pis.
« Beaucoup de légendes et un folklore important entourent cette statue… dont on ne sait cependant pas grand-chose du point de vue de l’Histoire de l’Art », explique-t-elle. « D’où l’idée de l’analyser dans le cadre de mon doctorat ».
Un doctorat qui ne porte pas que sur cette statuette. La chercheuse, qui a déjà réalisé un catalogue des œuvres des Du Quesnoy, s’intéresse aussi à leurs pratiques d’atelier. Elle étudie également les marbres des sculptures de Sainte-Ursule, au Sablon.
Pour l’instant, ce sont les analyses métallurgiques concernant Manneken Pis qui occupent Géraldine Patigny, par ailleurs attachée scientifique à l’Institut Royal du Patrimoine artistique.
Une précision: ce n’est pas la statue exposée au croisement de la rue de l’Etuve et de la rue du Chêne, en plein cœur de Bruxelles et qui est photographiée chaque jour par des milliers de touristes qui intéresse la scientifique. Ses travaux portent sur « l’original », conservé au musée de la Ville de Bruxelles.
Cette statue a été volée pour la dernière fois en 1965. Retrouvées l’année suivante dans le canal Bruxelles-Charleroi, les deux parties de la statue ont été ré-assemblées et mises en sécurité au musée.
En juin dernier, avec le concours du groupe de recherche en électrochimie et traitement des surfaces (SURF) de la Vrije Universiteit Brussel (VUB), les deux parties du Manneken Pis ont fait l’objet d’analyses spectroscopiques.
Analyses non invasives
« Les analyses réalisées dans le cadre des recherches de Géraldine Patigny ont été non invasives et n’ont pas endommagé la statuette », explique le Dr Amandine Crabbé, du groupe de recherche SURF.
« Nous avons réalisé des analyses de spectrométrie par fluorescence à rayons X afin de définir et de quantifier les différents composés chimiques dans les deux moitiés de la statue pour déterminer si elles appartiennent bien à la même pièce d’origine. Nos analyses devraient aussi permettre de comparer la composition du bronze avec celle d’autres œuvres des Du Quesnoy. Si nous trouvons des traces de zinc par exemple, cela signifierait que la statuette est plus récente ».
Le Manneken Pis conservé au Musée de la ville de Bruxelles est-il sorti des ateliers Du Quesnoy voici 400 ans? Réponse dans quelques mois. Le temps qu’il faudra encore à Géraldine Patigny pour boucler sa thèse.