Le Dr Denis Mukwege, maître d’enseignement et docteur en sciences médicales de l’ULB, où il a défendu sa thèse en 2015, et Docteur honoris causa de l’Université de Liège (2018) ainsi que de l’Université Catholique de Louvain (UCLouvain) en 2014, vient de voir son action en Afrique récompensée par le prix Nobel de la Paix.
Le Comité Nobel norvégien a en effet décidé vendredi de lui attribuer le prix Nobel de la Paix 2018. Il partage ce prix avec Madame Nadia Murad, pour leurs efforts en vue de mettre fin à l’utilisation de la violence sexuelle comme arme de guerre et conflit armé.
Lutte contre les violences sexuelles
« Les deux lauréats ont largement contribué à attirer l’attention sur ces crimes de guerre et à les combattre », indique le Comité Nobel norvégien. Le médecin congolais a consacré sa vie à la défense de ces victimes. Nadia Murad est le témoin qui raconte les abus perpétrés contre elle-même et les autres. Chacun à leur manière, ces deux personnes ont contribué à donner une plus grande visibilité aux violences sexuelles perpétrées pendant la guerre, de sorte que les auteurs de ces actes puissent être tenus pour responsables de leurs actes.
Le médecin Denis Mukwege a passé une grande partie de sa vie d’adulte à aider les victimes de violences sexuelles en République démocratique du Congo. Depuis la création de l’hôpital Panzi à Bukavu en 2008, le Dr Mukwege et son personnel ont traité des milliers de patients victimes de telles agressions. La plupart des exactions ont été perpétrées dans le contexte d’une longue guerre civile qui a coûté la vie à plus de six millions de Congolais.
Création d’une chaire Mukwege à l’ULiège
« Ce Prix Nobel de la Paix honore l’incroyable travail d’engagement du Dr Mukwege au service des femmes et enfants congolais », indique l’ULB qui « salue celui qui chaque jour, au péril de sa vie, reconstruit, « répare » des femmes et des enfants, dont les corps ont été mutilés par des groupes rebelles. Son travail acharné a su mettre en lumière à travers le monde la gravité de la situation ».
Il s’agit pour l’ULB du 2e Prix Nobel de la Paix après celui attribué en 1913 à Henri La Fontaine, diplômé de l’ULB, pour son rôle dans la promotion du droit international pour gérer les conflits entre nations.
A l’Université de Liège, on rappelle que le Dr Mukwege, dont la travail a été récompensé par un Doctorat honoris causa il y a deux semaines, a profité de son passage à Liège pour annoncer la création, avec l’Université de Liège, de la Chaire internationale sur « La violence faite aux femmes et aux filles dans les conflits » (en abrégé « Chaire Mukwege »).
« Denis Mukwege est le symbole le plus important et le plus unificateur, aux niveaux national et international, de la lutte contre la violence sexuelle en temps de guerre et de conflits armés », indique encore le Comité Nobel. « Un principe de base est que «la justice est l’affaire de tous». Les hommes et les femmes, les officiers et les soldats, ainsi que les autorités locales, nationales et internationales, partagent la responsabilité de signaler et de combattre ce type de crime de guerre. L’importance des efforts persistants, dévoués et désintéressés de M. Mukwege dans ce domaine ne saurait être surestimée. Il a maintes fois condamné l’impunité pour les viols de masse et critiqué le gouvernement congolais et d’autres pays pour ne pas avoir fait assez pour mettre fin à l’utilisation de la violence sexuelle à l’égard des femmes comme stratégie et arme de guerre ».
« Nadia Murad est elle-même victime de crimes de guerre. Elle a refusé d’accepter les codes sociaux qui obligent les femmes à garder le silence et à avoir honte des abus dont elles ont été victimes. Elle a fait preuve d’un courage rare en racontant ses propres souffrances et en s’exprimant au nom des autres victimes », explique le Comité Nobel.
Découvrez ici la vidéo de 2014 de l’UCLouvain produite lors de la remise des insignes de Docteur honoris causa au Dr Denis Mukwege.