Même à faible dose, l’alcool tue

6 février 2025
par Daily Science
Temps de lecture : 3 minutes

Plus de 3% des décès en Belgique sont liés à la consommation d’alcool, selon les données les plus récentes de Sciensano, l’institut belge de santé. Cela équivaut à plus de dix décès par jour. Une étude nationale récente montre pour la première fois que la consommation d’alcool, même modérée, est directement associée à une mortalité augmentée.

Pas de niveau sans danger

Dans le cadre de l’Étude nationale belge sur le fardeau de la maladie, Sciensano a calculé le nombre de personnes qui meurent chaque année en Belgique à cause de la consommation d’alcool. En 2021, plus de 4 000 décès étaient liés à l’alcool, soit environ 3 % de l’ensemble des décès de l’année. Ces chiffres incluent non seulement les grands buveurs, mais aussi les personnes ayant consommé de l’alcool au cours des 12 derniers mois, que ce soit de manière régulière ou occasionnelle. Depuis 2013, le nombre de décès liés à l’alcool a augmenté de 14 %, passant de 3 500 à 4 000 par an.

«Il n’y a pas de niveau de consommation d’alcool sans danger pour la santé. En effet, l’alcool est un facteur de risque pour de nombreuses maladies graves, telles que le cancer, les maladies cardiovasculaires et les maladies du foie. En Belgique, les trois principales causes de décès chez les consommateurs d’alcool sont la cirrhose du foie, les troubles liés à l’abus d’alcool et le cancer colorectal », explique Sarah Nayani, épidémiologiste chez Sciensano. « Plus de la moitié des décès dus à la cirrhose du foie sont attribuables à la consommation d’alcool ».

Des mesures nationales nécessaires

«L’alcool fait partie intégrante de la vie quotidienne en Belgique, ce qui rend difficile la lutte contre ses effets néfastes », souligne Sarah Nayani.

« Cependant, ces effets sont bien réels et des mesures nationales adaptées et ambitieuses sont nécessaires pour réglementer la disponibilité, la publicité et augmenter l’âge minimum pour acheter de l’alcool. Sciensano a lancé une étude sur l’influence de l’industrie sur la politique belge, mais il apparaît déjà, au vu de la littérature existante, qu’au niveau européen, l’industrie de l’alcool freine de telles initiatives. Seule une approche coordonnée permettra de réduire l’impact de l’alcool sur la santé publique », ajoute-t-elle.

Des différences régionales et entre sexes

L’étude révèle également de grandes différences dans la mortalité liée à l’alcool. En 2021, environ 70 % des personnes décédées à la suite de la consommation d’alcool étaient des hommes, principalement d’une cirrhose du foie et d’un cancer du côlon et du rectum. Chez les femmes, c’est le cancer du sein qui arrive en tête, tandis que le cancer du côlon et du rectum est également fréquent, mais en nombre moins élevé.

Les différences régionales sont également frappantes : la Région de Bruxelles-Capitale et la Région wallonne ont des taux de mortalité liés à l’alcool plus élevés que la Région flamande. De plus, ces disparités se sont accrues au cours des dernières années et sont liées aux caractéristiques de consommation d’alcool.

Sciensano élargira par la suite ces analyses à d’autres facteurs de risque, notamment l’indice de masse corporelle élevé et d’autres déterminants clés de la santé. Les développements méthodologiques qui ont permis d’améliorer le suivi du fardeau de la maladie lié à l’usage de substances ont notamment été rendus possibles grâce au projet « SUBOD », soutenu par Belspo.

Ces données sont également disponibles via une application. Celle-ci permet notamment de consulter d’une manière standardisée l’impact de la consommation d’alcool par région et selon le sexe, l’âge et l’année.

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