Cosmographia de Petrus Apianus et Gemma Frisius © Camille Stassart

Christophe Plantin, l’éditeur des savants du 16e siècle

6 octobre 2021
par Camille Stassart
Durée de lecture : 4 min

Avec quelque 2500 œuvres produites au cours de sa carrière, il est considéré comme l’un des plus grands imprimeurs et éditeurs de la Renaissance. Né en 1520, Christophe Plantin se lance dans la pratique de l’impression à Anvers, où il ouvre, en 1555, son propre atelier. Il se spécialise rapidement dans la littérature scientifique en imprimant des publications consacrées à l’astronomie, aux mathématiques, à la botanique, ou encore à la géographie.

En commémoration des 500 ans de sa naissance, une cinquantaine de ces ouvrages, dont certains rarissimes, sont à découvrir lors de l’exposition « Christophe Plantin. Un homme des caractère(s) », qui se tient jusqu’au 17 décembre à la Bibliothèque Universitaire Moretus Plantin (BUMP) de l’UNamur. Un projet né de la collaboration d’une vingtaine de professeurs et chercheurs de l’UNamur, mais aussi de l’ULiège, de l’UCLouvain, et de la KU Leuven.

Un imprimeur au service de la diffusion du savoir

L’ensemble des livres exposés provient de la précieuse réserve de la BUMP, qui abrite des milliers d’écrits datant du 15e au 19e siècle. Étant donné leur grand âge, les productions choisies dans le cadre de cette exposition sont d’abord passées par l’atelier de restauration de la bibliothèque.

« On doit notamment s’assurer que la reliure du livre supporte le fait d’être ouverte sur un support pendant plusieurs mois. D’ailleurs, l’exposition ne peut pas durer plus de trois mois, car, passé ce délai, on risque de détériorer les ouvrages », précise Valérie Leyh, commissaire de l’exposition, et chargée de cours au Département de langues et littératures germaniques de l’UNamur.

Au travers des œuvres présentées, l’exposition retrace la carrière de Plantin, l’évolution de son entreprise à Anvers, jusqu’à sa mort, en passant par quelques étapes marquantes. Citons, par exemple, la réalisation des huit volumes de la « Bible polyglotte », achevée en 1572, composée d’écrits en hébreu, grec et syriaque, ainsi que de leur traduction latine.


Extrait de la Bible polyglotte © Bibliothèque Universitaire Moretus Plantin / UNamur – Cliquez pour agrandir

Une autre production remarquable est l’édition de 1584 du « Theatrum orbis terrarum » d’Abraham Ortelius, cartographe et ami de Plantin.

« C’est un ouvrage particulièrement important en matière d’histoire du livre et d’histoire de la géographie, puisqu’il s’agit du tout premier atlas connu : il prend la forme d’un recueil de cartes de même format et de même échelle, accompagnées de textes explicatifs », rédige en commentaire Olivier Latteur, chargé de cours à la Faculté de Philosophie, Arts et Lettres de l’UNamur et de l’UCLouvain.

« Le Theatrum réunit les meilleures cartes produites avant 1570 et les ordonne pour qu’elles constituent un ensemble cohérent couvrant l’Europe, l’Asie, l’Amérique et l’Afrique. »

Carte du monde issue du Theatrum orbis terrarum © BUMP / UNamur – Cliquez pour agrandir

Au 16e siècle, on piratait déjà les livres

Cette exposition est aussi l’occasion de présenter certaines publications rares issues d’une collection récemment acquise par la BUMP.

« En plus de la collection d’éditions plantiniennes déjà en notre possession, nous avons eu la chance inouïe de récupérer un fonds appartenant à la Fondation Roi Baudouin, comprenant 600 ouvrages », indique Valérie Leyh.

« Aussi, grâce à ce nouveau fonds, la BUMP se positionne aujourd’hui comme la 2e plus riche collection d’éditions plantiniennes », ajoute Pierre Assenmaker, second commissaire de l’exposition et professeur au Département de langues et littératures classiques de l’UNamur.

Parmi ces livres précieux, le visiteur pourra notamment découvrir une édition pirate de 1557 des « Amours » du poète Pierre Ronsard. « Sur le document, on voit que Plantin a renseigné une adresse fictive ainsi qu’un faux nom, car la publication a été éditée sans l’assentiment de l’auteur. Seuls cinq exemplaires de cette édition sont, à ce jour, connus dans le monde », souligne Pierre Assenmaker.

S’il n’est pas possible de feuilleter directement les œuvres en visitant l’exposition, il reste possible de consulter leur version numérisée en ligne sur le site NEPTUN (Numérisation du Patrimoine de l’Université de Namur), accompagnée d’une présentation scientifique rédigée par des contributeurs de l’UNamur ou d’autres institutions belges.

Restauration d’une page d’un ouvrage © BUMP / UNamur – Cliquez pour agrandir
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