L’étude n’a porté que sur une cinquantaine de patients hospitalisés en Belgique suite à une infection au SARS-CoV-2. Mais ses résultats sont étonnants. En doublant les traitements médicaux administrés à l’hôpital d’un apport en curcumine et en quercétine pris sous forme de compléments alimentaires, les patients semblent avoir évité de sérieuses complications liées au virus.
L’étude clinique menée l’an dernier a été coordonnée par la société liégeoise Artialis. Elle a été réalisée entre avril et octobre 2021 dans les hôpitaux du Chirec à Auderghem, Anderlecht et Braine-L’Alleud.
Deux groupes de patients
« C’est une étude clinique comparative randomisée, menée sur deux groupes de patients hospitalisés en raison de Covid-19 », indique le Dr Jean Gérain, chef du Service de Médecine interne à l’hôpital Delta (Auderghem). « L’étude a porté sur un complément alimentaire, et non sur un médicament additionnel », précise-t-il.
« Ce complément a été donné comme adjuvant au traitement standard, en respectant les recommandations de l’OMS en matière d’études cliniques sur le Covid-19», explique de son côté le Pr Yves Henrotin, de la Faculté de médecine de l’Université de Liège et Président d’Artialis, la société de Recherche et Développement qu’il a fondée en 2010.
Le complément en question est du Nasafytol, un produit développé et commercialisé par les laboratoires wallons Tilman. Il contient trois ingrédients principaux: de la vitamine D3, de la quercétine et de l’extrait de curcuma. « Ces composés sont connus pour leurs effets anti-inflammatoires, antiviraux, antibactériens et immuno-modulateurs », précise le Dr Gérain.
« La moitié du groupe de patients hospitalisés pour Covid-19 a bénéficié de ce complément alimentaire adjuvant, tandis que l’autre moitié n’a reçu en complément que de la vitamine D », détaille le Pr Henrotin. Résultats? Les patients ayant reçu du Nasafytol ont présenté une amélioration significative de tous les paramètres évalués au bout de quelques jours.
Huit comprimés par jour
« Ce groupe a montré une réduction significative de 59% du nombre de patients hospitalisés au jour 7 et de 73% au jour 14, par rapport au groupe ayant reçu la vitamine D », précise le Dr Gérain. « Cela signifie que les patients ayant reçu le complément alimentaire ont eu une amélioration de leur état général plus rapide. Le complément en question se prenait par voie orale, à raison de quatre comprimés le matin et quatre autres en journée. »
Les médecins ont également constaté une différence importante dans le nombre de patients qui ont présenté des complications sévères liées au Covid-19. Dans le groupe avec le complément alimentaire, aucune complication, aucun transfert aux soins intensifs, ni aucun décès n’ont été rapportés. Tandis que dans le groupe « vitamine D », cinq patients ont eu des complications sévères, quatre ont été transférés aux soins intensifs et un est décédé.
Pas d’effets secondaires indésirables
Le Dr Gérain met garde: « notre étude ne montre que ce qu’elle montre. Elle concernait des patients hospitalisés pour Covid, traités médicalement et qui ont bénéficié ou non de ce complément alimentaire. Cette étude ne dit rien pour d’autres types de situations. Nous ne pouvons donc pas recommander son usage pour des patients testés positifs, mais non hospitalisés. »
La satisfaction est cependant de mise. « Nous sommes ravis de ces résultats et de pouvoir proposer un adjuvant aux soins standards, qui permettra non seulement de réduire la durée d’hospitalisation des patients et de sauver des vies, mais également d’alléger considérablement la charge de travail du personnel en milieu hospitalier ».
Et dans le cadre des patients hospitalisés, il attire aussi l’attention sur le fait que ceux-ci n’étaient pas en soins intensifs, ni intubés, même si certains bénéficiaient d’un apport en oxygène. Pour participer à cette étude, ces personnes devaient aussi pouvoir s’alimenter normalement. Enfin, le médecin indique que l’étude n’a pas relevé d’effets secondaires indésirables liés à la prise de ce complément.