DIAPORAMA
Alors que les commémorations du premier conflit mondial se préparent partout en Europe, “Europeana Collections 1914-1918”, un nouveau portail consacré à cet épisode important de notre histoire, vient de voir le jour. Accessible en ligne et gratuitement, il est le fruit d’une collaboration entre dix bibliothèques nationales et universités relevant de sept pays européens (Royaume-Uni, Danemark, Italie, France, Autriche, Serbie et Belgique).
Quelque 400.000 documents y sont rassemblés. Des photos, des extraits de films, des documents imprimés, des cartes postales, retracent le quotidien des soldats mais aussi d’autres facettes, civiles et culturelles, de cette époque. “De quoi appréhender de manière globale le premier conflit mondial”, souligne, Frédéric Lemmers, responsable de la numérisation des collections à la Bibliothèque Royale de Belgique.
Quelques documents accessibles sur “Europeana Collections 1914-1918”
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Les membres de ce projet, issus essentiellement des anciens pays belligérants, ont voulu créer un accès unique à ce patrimoine tout en permettant de croiser les sources. La vie des tranchées, les journaux d’époque, des photos, des cartes postales et des films de propagande: “Europeana Collections 1914-1918” rassemble des documents variés, complémentaires et d’origines culturelles très diverses.
“Avec ce nouveau portail, les chercheurs et le public disposent d’un accès multilingue mais aussi multi-typologique”, précise Frédéric Lemmers. “Il ne s’agit pas uniquement de documents militaires. Ils proviennent de sources variées qui reflètent la vie quotidienne, la place des femmes, etc. Toutes les dimensions possibles par rapport à ce conflit sont explorées”.
Campagnes de collectes d’informations
Ce projet agrège des collections publiques, celles conservées dans les universités et les bibliothèques nationales, mais aussi “filmiques” et privées. Des extraits de films conservés par exemple à la Cinematek (Bruxelles) ont enrichi le site, de même que des documents provenant de collections privées. Ce “User generated content” a été constitué suite à des campagnes de collectes d’objets, de récits, de documents organisés en Europe auprès du grand public.
La diversité des sources et des documents proposés par “Europeana Collections 1914-1918” permet une approche multi-culturelle du conflit. “Notre iconographie n’est pas la même que celle développée à l’époque en Allemagne”, souligne Frédéric Lemmers. “La propagande belge de l’époque était très différente de celle qui avait cours ailleurs. C’est une richesse. Il faut donc aussi faire attention à la perception immédiate qu’on peut avoir en découvrant ce site”.
Le scientifique pointe également un biais à ne pas perdre de vue quand on consulte “Europeana Collections 1914-1918”. Les différents documents mis en ligne sont loin de constituer l’ensemble des ressources disponibles concernant cette période. Il ne s’agit que de documents libres de droits ou faisant l’objet de licence “creative commons”. “La Bibliothèque royale de Belgique dispose d’une foule d’autres documents protégés par des droits d’auteur, dès lors impossible à mettre en ligne. Et il en va de même chez les autres partenaires de ce projet.
Une “victime” collatérale de Google?
Le projet qui se concrétise aujourd’hui résulte d’une série de bouleversements dans ce qu’on pourrait appeler la dématérialisation des collections et du patrimoine. Un bouleversement induit dès 2005 par le géant américain Google qui avait alors entamé une campagne massive de digitalisation des ouvrages de bibliothèques américaines.
En réponse à cette initiative, la Bibliothèque nationale de France (BNF) avait organisé la riposte. Dès 2008, elle lançait avec l’Union européenne le portail Europeana, un gigantesque agrégateur de métadonnées doublées d’images numériques. Les bibliothèques nationales en Europe participent à ce projet toujours en cours. Cet immense réservoir d’informations ne demande qu’à être valorisé dans d’autres projets. “Europeana Collections 1914-1918” en est un exemple thématique éclatant.
“Avant le lancement de ce projet, la Bibliothèque royale ne disposait pas d’une collection thématique officielle portant sur la Première Guerre mondiale”, indique encore Frédéric Lemmers. “Le patrimoine particulièrement riche et diversifié de cette période, composé d’affiches, de cartes postales, de partitions, de journaux intimes, de médailles, de manuscrits et de journaux de tranchées, était dispersé entre les différentes sections de la Bibliothèque. Aujourd’hui, tout chercheur peut consulter ce patrimoine via une interface unique, et ce même à partir de chez lui.”
Quelques chiffres “belges”
Dans le cadre du projet “Europeana Collections 1914-1918”, la Bibliothèque royale de Belgique a digitalisé et mis en ligne quelque 15.000 documents. Cela représente l’équivalent de 200.000 pages et “scans” . Parmi ceux-ci, on notera la présence de 500 cartes, 5000 médailles, 5000 cartes postales, 1500 imprimés d’époque mais aussi… des partitions musicales illustrées.