Programme Erasmus, postdoctorat à l’étranger, programme européen Euraxess, bourses d’études et de stages WBI (Wallonie-Bruxelles International), bourses BAEF (Belgian American Educational Foundation)… La mobilité des chercheurs n’a jamais été autant encouragée qu’aujourd’hui. Et le goût de cette expérience à l’international commence bien souvent dès l’école secondaire, avec les voyages scolaires organisés hors du pays. Une aubaine?
Deux exemples de mobilité réussie vers la Belgique
« La mobilité est source d’expériences extraordinaires », commente le Dr Gilles Perrouin, chercheur à l’UNamur. « En ce qui me concerne, c’est l’expertise du laboratoire qui m’a attiré à Namur ». Ce Français formé en Bretagne et qui est passé par une école d’ingénieurs à Paris a fait son doctorat au Grand-Duché de Luxembourg. Depuis 2010, il est en Belgique où il boucle son troisième postdoctorat. Son ambition? Poursuivre ses recherches à l’UNamur.
Mari-Carmen Alvarez a également posé ses valises en bord de Meuse. Cette docteure espagnole en biologie de l’Université de Cordoue bénéficie d’une bourse européenne Marie Curie. « Je travaille comme chercheuse postdoctorante dans un environnement industriel, chez Puratos, à Andenne », explique-t-elle. Une expérience internationale de plus à son arc qui lui permet de développer ses connaissances scientifiques, de tâter de techniques industrielles et de développer son expertise dans le domaine de la fermentation.
Expérience californienne
De son côté, le Dr Anne-Catherine Heuskin, chercheuse en radiobiologie, a suivi le chemin inverse. Elle est partie se perfectionner un an aux Etats-Unis, au Lawrence Berkely national Laboratory (Californie). Une expérience ici aussi passionnante. Avec une particularité. Dans ses bagages, elle avait emmené mari et enfants.
« La mobilité des chercheurs, en l’occurrence des chercheuses, doit parfois aussi se combiner avec une vie de famille », dit le Dr Heuskin. « Dans notre cas, la situation était relativement simple. Mon mari est enseignant, il a pu bénéficier d’une interruption de carrière ».
Un postdoctorat au retour et ensuite l’incertitude
Une situation de rêve, donc? A priori, oui. Anne-Catherine Heuskin a bénéficié de trois bourses complémentaires afin de financer cette année américaine (WBI, Fullbright et BAEF). « Malgré ces bourses, nous avons été confrontés à un coût de la vie bien plus élevé que ce que nous imaginions », indique la chercheuse. « Les crèches sont chères en Californie. Les écoles également. Tout se paie ».
Au terme de ce séjour américain, la voici de retour en Belgique. En postdoctorat au département de physique de l’UNamur, elle ne sait pas de quoi demain sera fait. En février, son contrat se termine.
Formateur d’un point de vue scientifique, développent des soft skills, des compétences transversales
Pour le Pr Martine Raes, Vice-Rectrice en charge de la Recherche à l’UNamur, la mobilité est clairement à encourager, et ce à tous les niveaux de la carrière académique. « Cela fait vraiment partie intégrante du processus de formation », estime-t-elle.
Ecoutez le Pr Martine Raes, Vice-Rectrice en charge de la recherche à l’UNamur, expliquer pourquoi la mobilité est un atout pour le scientifique, dès le Master.
Pour le thésard, ou le postdoctorant, l’expérience internationale est également très intéressante. Mais n’en fait-on pas trop, aujourd’hui pour encourager cette mobilité internationale?
« Bien entendu, la mobilité a un coût », reprend le Pr Raes. « Des bourses existent. Il y a des solutions pour permettre des séjours hors Europe. Mais je suis bien consciente que pour certains étudiants, cela peut poser des problèmes d’ordre économique. Certains vont devoir renoncer à un stage faute de financement. Cela peut créer des frustrations ».
Mobilité rime aussi avec proximité
« Il ne faut pas nécessairement aller au bout du mode pour bénéficier de la richesse de cette expérience », estime encore le Pr Raes. « L’intérêt de la mobilité des chercheurs ne se mesure pas au nombre de kilomètres ».
Ecoutez le Pr Martine Raes expliquer que la mobilité des chercheurs peut aussi être riche… à quelques kilomètres de son université d’origine.
« Quel que soit le cas de figure envisagé, l’expérience acquise en situation de mobilité est bénéfique », conclut la Vice-Rectrice à la recherche de l’UNamur. « Travailler dans un autre labo est extrêmement formateur. Le chercheur continue à se spécialiser. Il est confronté à de nouvelles techniques, il développe de nouvelles compétences. À ces nouvelles richesses scientifiques viennent encore s’ajouter la découverte d’autres cultures de recherches, d’autres aspects régulatoires ».
« Avec un séjour à l’étranger, le chercheur prend du recul. La confrontation avec un autre environnement lui permet de sortir de son référentiel de base. Cela contribue à son processus de maturation. C’est idéal », conclut le Pr Raes.