Capture d'écran du film "Ma voix t’accompagnera" © Bruno Tracq

Plongée intimiste au cœur de l’hypnose chirurgicale

7 octobre 2020
par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 4 min

En suivant deux médecins anesthésistes des cliniques universitaires St-Luc, à Bruxelles (UCLouvain), le réalisateur Bruno Tracq propose une découverte intimiste d’une technique qui se développe dans les hôpitaux: l’hypnose chirurgicale.

« Il s’agit de mettre en pratique un principe naturel, celui du besoin que nous avons parfois de nous déconnecter de notre environnement immédiat. De laisser notre esprit s’échapper. De lui faciliter la possibilité d’aller ailleurs », explique en substance la Dre Christine Watremez à un de ses patients en route pour une chirurgie thoracique. La Dre Watremez est avec sa collègue la Dre Fabienne Roelants, une des deux anesthésistes de St-Luc suivies par les caméras du cinéaste.

Techniques de focalisation

L’hypnose, un principe naturel ? Notre esprit a l’habitude de vagabonder. « Par exemple, quand on effectue un trajet habituel en voiture et qu’arrivé à destination, on n’a pas vu passer la route », précise la Dre Watremez.

En utilisant diverses techniques de focalisation, verbales ou non-verbales, les anesthésistes aident le patient à s’éloigner de sa douleur. Le film « Ma voix t’accompagnera » livre plusieurs exemples de cet accompagnement.

« Nous sommes des guides qui vous aident à trouver un chemin d’accès vers un espace qui vous convient, qui vous détend, que vous connaissez et appréciez », explique la Dre Watremez à un patient.

Glisser mentalement vers une situation de grand confort

Concrètement, en salle d’opération, mais aussi en salle d’accouchement juste avant une péridurale par exemple, Fabienne Roelants et Christine Watremez amènent leurs patients à imaginer des situations agréables qu’ils ont déjà vécues. Se retrouver sur une plage par exemple, au soleil, dans un environnement apprécié et apaisant. Ce voyage est initié par des murmures glissés à l’oreille des patients, un accompagnement qui invite au voyage mental, à laisser l’esprit partir ailleurs. Cette dissociation avec le réel a une action bénéfique sur le stress.

« Quand on fait de l’hypnose en salle d’opération, c’est en général avec une anesthésie locale. Il peut y avoir des interventions qui se font sans anesthésie locale, comme les colonoscopies. Mais ce n’est pas la généralité. Tout ne peut pas être endormi avec une anesthésie locale. Et l’hypnose peut faire bénéficier les patients de ses effets analgésiques pour que l’intervention puisse se faire de manière confortable. Ces interventions ne pourraient pas se faire sous anesthésie locale seule, il faut quelque chose en plus. C’est l’association “anesthésie locale + hypnose” qui peut remplacer l’anesthésie générale, pour certaines opérations », poursuit-elle.


Capture d’écran du film « Ma voix t’accompagnera » © Bruno Tracq

De l’hôpital à la salle de cours

Dans les auditoires de la Faculté de médecine de l’UCLouvain, la Dre Roelants partage son expérience avec les étudiants. Ici, c’est la technique du « gant magique », fabriqué de manière imaginaire, qui est mis en scène. Ce gant magique est visualisé mentalement par une étudiante.

Elle prend comme modèle une moufle de ski qu’elle connaît bien. Lors d’un exercice, elle est amenée à imaginer enfiler ce gant sur sa main droite. La Dre Roelants touche sa main. « Oui, elle est bien protégée », réagit l’étudiante. Celle-ci a les yeux fermés, afin d’être mieux déconnectée de son environnement immédiat.

L’effet protecteur du gant magique installé dans l’esprit de la jeune femme, celle-ci est invitée à passer cette protection sur sa main gauche. Fabienne Roelants pince alors franchement la main gauche de l’étudiante, qui ne réagit pas. Quelques instants plus tard, la médecin pince la main droite fraîchement dépourvue du gant magique. L’étudiante grimace…

L’hypnose chirurgicale est une technique qui percole dans de multiples services hospitaliers. Aux Cliniques Saint-Luc, cette technique est même accessible aux urgences.

« Il n’y a pour ainsi dire pas d’échec, mais des degrés divers de bénéfices de l’hypnose »,  y précise-t-on.  « Si vous avez l’impression que la thérapie n’a pas fonctionné ou que vous n’êtes pas entré en hypnose, c’est probablement que ce n’était pas le bon moment pour vous, que les circonstances ne s’y prêtaient pas ou que le praticien n’était pas celui qui vous convenait. L’hypnose, comme tout outil, doit s’adapter à vos besoins de l’instant, il se peut qu’un autre jour soit ce bon moment ».


Capture d’écran du film « Ma voix t’accompagnera » © Bruno Tracq

Note: Le film « Ma voix t’accompagnera » de Bruno Tracq, vient de sortir en salle. Des projections spéciales sont prévues le 7/10 à Namur, au cinéma Caméo, dans le cadre du 35e Festival international du film francophone (FIFF), le 10/11 au Cinéma Jean Novelty de Leuze-en-Hainaut et le 14/11 au Cinéma Vendôme, à Bruxelles.

 

 

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