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Les marsouins n’aiment pas le bruit

8 janvier 2018
par Christian Du Brulle
Temps de lecture : 3 minutes

SERIE (1) / Cap au large

En 2016, la Belgique disposait de 232 éoliennes offshores installées dans ses eaux territoriales. Elles offraient une capacité de production de 870 mégawatts. En 2017, la construction de nouvelles éoliennes en mer devait encore augmenter cette capacité de quelque 275 mégawatts. Et pour 2018, les projets portent sur 320 MW supplémentaires.

Ces chiffres proviennent du dernier rapport sur les impacts environnementaux liés à la construction et l’exploitation des parcs éoliens offshore belges. Et ils sont encore appelés à évoluer.

Surveillance de l’impact écologique

D’ici 2020, quelque 500 turbines devraient tourner dans la zone marine belge de 238 km² réservée aux parcs éoliens. Avec la zone néerlandaise voisine de 344 km² (Borssele) également réservés aux parcs éoliens, les conséquences écologiques de la construction et de l’exploitation de ces parcs sont inévitables.

Pour surveiller l’impact écologique des parcs éoliens en mer, l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique coordonne depuis 2008 un programme de recherches environnementales dans et à proximité de ces zones de la mer du Nord.

Parmi ses constats, on retrouve le problème du bruit. Celui généré par la construction de ces parcs éoliens a ainsi un impact direct sur les populations de… marsouins.

Saignements chez les cabillauds

Les dernières études montrent en effet que le bruit généré lors de l’enfouissement des pieux fait fuir ces mammifères marins. « Lors de ces travaux, le nombre de marsouins observé à proximité du parc diminue de 75% », indiquent les chercheurs. « Et cet effet est mesurable jusqu’à 20 kilomètres de la source de la nuisance sonore ».

Lors d’une expérience effectuée sur des cabillauds immergés, en cages, à proximité de ces parcs, les scientifiques ont détecté une forte augmentation des lésions à la vessie natatoire des poissons. De nombreux saignements internes et un comportement anormal à la nage ont également été observés après l’enfouissement des pieux. « Des signes qui indiquent un taux de survie plus faible à long terme ».

Localisation des parcs éoliens offshore dans les eaux territoriales belges.
Localisation des parcs éoliens offshore dans les eaux territoriales belges.

Comportements différents selon les espèces d’oiseaux

Les scientifiques ont également pu mettre en évidence que quatre espèces d’oiseaux évitent le parc éolien du Thorntonbank. Il s’agit du Fou de Bassan (-97%), de la mouette pygmée (-89%), la mouette tridactyle (-75%) et le guillemot de troïl (-69%). Par contre, le goéland marin, le goéland argenté et la sterne caugek semblent eux attirés par ces grands moulins.

Avec un impact sur leur survie? « C’est difficile à chiffrer », estiment les chercheurs.

L’étude des changements observés dans le comportement de certaines espèces, comme la diminution du temps de vol ou la recherche de ressources alimentaires enfouies dans la végétation colonisant les fondations des éoliennes peut apporter un éclairage nouveau sur le risque de collisions avec les pales en mouvement.

De même l’impact sur les oiseaux migrateurs est encore mal connu. La partie belge de la mer du Nord fait partie des grandes voies de migration à travers l’Europe. « Les oiseaux victimes de collision avec les éoliennes disparaissent sous l’eau et ne peuvent de ce fait pas être pris en compte dans les comptages », estiment les auteurs du rapport. « Ce qui rend l’usage d’un radar aviaire indispensable pour déchiffrer les schémas de migration et estimer les risques de collision ».

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