Santé cardiaque et allergies : une question de respiration

8 septembre 2015
par Christian Du Brulle
Temps de lecture : 3 minutes

La qualité de l’air que nous respirons a un impact direct sur notre santé. Deux recherches récentes menées en Belgique, et qui viennent de connaître un retentissement international, le rappellent.

 

La première a été menée par le cardiologue Jean-François Argacha, de l’UZ Brussel (VUB), en collaboration avec des chercheurs de l’Ecole de santé publique de l’ULB, l’hôpital Erasme (ULB), des cliniques universitaires Saint-Luc (UCL), le CHU de Mont-Godinne et des hôpitaux universitaires de Louvain (KUL) et d’Anvers (Middelheim). Elle a été présentée lors du congrès de l’Association européenne de cardiologie, organisé cet été à Londres.

 

« Le brouillard mortel de la vallée de la Meuse »

 

« En Belgique, les conséquences dramatiques de la pollution de l’air ont été décrites pour la première fois à la suite de l’apparition du « brouillard mortel de la vallée de la Meuse », rappelle-t-il. En décembre 1930, un mystérieux smog était apparu aux abords du fleuve. Il fut, en quelques jours, à l’origine de plusieurs dizaines de décès.

 

« Aujourd’hui, l’Organisation mondiale de la Santé considère également la pollution de l’air comme un facteur de risque pour la santé cardio-vasculaire », précise le Dr Argacha. Les recherches menées ces dernières années par le médecin et ses collègues du Groupe de travail interdisciplinaire belge de cardiologie aiguë (BIWAC) le montrent.

 

Les chercheurs ont examiné les liens pouvant exister entre une exposition, même temporaire, à un surcroît de particules fines dans l’air (PM 2,5) et/ou de dioxyde d’azote (NO2) et le risque de développer un infarctus du myocarde. Ils ont trouvé que ce risque était clairement établi… mais uniquement chez les hommes.

 

Pollution atmosphérique et risque accru d'infarctus du myocarde.
Pollution atmosphérique et risque accru d’infarctus du myocarde.

 

Les vaches et la prévention des allergies

 

La seconde étude, publiée cette semaine dans la revue « Science » par une équipe gantoise, concerne l’épidémie d’asthme qui sévit depuis des années sous nos latitudes.

 

Le responsable de cette épidémie serait d’ordre hygiéniste. L’environnement aseptisé que nous connaissons depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale aurait comme effet de ne plus éduquer suffisamment notre système immunitaire à toutes sortes d’allergènes. Ce qui ouvre la voie à une hyper réactivité de celui-ci face à l’un ou l’autre allergène bénin.

 

Avec une nuance toutefois. Certains enfants qui ont été élevés dans des fermes laitières ou à proximité de celles-ci semblent mieux s’en tirer que les petits citadins face au rhume des foins, à l’asthme ou aux allergies aux acariens. La raison de cette vaccination naturelle serait à rechercher dans les poussières présentes dans les fermes.

 

Le mécanisme de cette protection vient d’être identifié par les chercheurs du laboratoire des Pr Bart Lambrecht et Hamida Hammad, de l’Université de Gand. Il s’agit d’une protéine, baptisée A20, produite en quantité par notre organisme lorsqu’il est exposé à la poussière des fermes laitières. Chez les souris allergiques, mais aussi chez des patients humains souffrant d’allergies aux acariens par exemple, ou présentant une mutation du gène impliqué dans la production de la protéine A20, les chercheurs ont constaté une quasi-absence de cette protéine dans l’épithélium pulmonaire.

 

Voilà une découverte qui permet d’envisager un jour la mise au point de nouveaux vaccins. Encore faut-il identifier la nature exacte de la poussière qui induit une plus grande production de protéines A20 chez les petits campagnards.

 

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