Eglise St Jospeh transformée en espace de coworking, "le Salon 1861", dans le Quartier de l'Innovation, Montréal (CA)

Le Quartier de l’Innovation séduit la Wallonie

8 septembre 2016
par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 6 min

Pour survivre et se développer, les entreprises doivent innover. C’est une évidence. De l’autre côté de l’Atlantique, à Montréal (Québec), non loin du centre-ville, le nouveau Quartier de l’Innovation a mis cette obligation au centre de sa stratégie. C’est qu’ici, l’innovation est mise en œuvre globalement. Innover, c’est également repenser la manière dont on fait de l’innovation. Le défi est de taille. A Montréal, il subjugue. En Wallonie, il séduit.

A tel point que l’AWEX, l’Agence Wallonne à l’exportation et aux investissements étrangers vient de signer au Canada un accord de partenariat avec cette association québécoise.

« Le but est de permettre à des startups wallonnes de bénéficier de cette tête de pont québécoise pour venir tester le marché nord-américain. Et aux startups montréalaises de venir tâter du marché wallon en vue de leur implantation en Europe. Le tout en découvrant un nouvel environnement, un nouvel écosystème d’innovation », explique le Dr Philippe Lachapelle, directeur de l’innovation à l’AWEX.

Un « Quartier » lancé par deux universités

Etabli sur un périmètre de 5 kilomètres carrés, à deux pas du centre-ville, Le Quartier de l’Innovation comprend deux portions urbaines défavorisées mais aussi une zone où l’immobilier est en plein boom.

« Le Quartier de l’innovation est un concept né en 2013. L’idée vient de deux universités locales: l’Université Mc Gill et l’Ecole de technologie supérieure (ETS), la principale école d’ingénieurs au Canada », explique Damien Silès, le directeur général du QI (Quartier de l’Innovation).

Démocratiser l’innovation

Aujourd’hui, le QI regroupe huit incubateurs et accélérateurs d’entreprises et quatre universités montréalaises totalisant 150.000 étudiants sur les 220.000 qui sont recensés à Montréal.

« Le Quartier de l’Innovation est un laboratoire d’innovation urbaine, une zone où l’innovation se démocratise, où elle est intégrée socialement », précise-t-il.

La philosophie du projet tient en trois points:

  1. Le projet est né d’une volonté universitaire et non d’une volonté politique, même si les autorités publiques y apportent leur soutien.
  2. Il s’agit d’une initiative intégrée: développer un écosystème d’innovation tout en améliorant une vraie qualité de vie dans le quartier, en y développant des contacts et des synergies avec les écoles locales, en y proposant des outils de développement économique originaux, comme un fablab “industriel” disposant de grosses machines de production où les entreprises élaborer une nouvelle ligne de production pré-industrielle tout en étant encadrées par un “coach-ingénieur”. Bref, en humanisant et en démocratisant l’innovation.
  3.  Le Quartier de l’Innovation repose sur quatre axes de développement: urbain, social et culturel, recherche et formation, et bien entendu économico-industriel.

La stratégie du quartier repose aussi sur le soutien aux startups, ces toutes jeunes entreprises qui tentent de prendre leur envol autour d’une bonne idée, d’un nouveau produit ou d’un service. « Les Startups occupent 30 à 40% de notre temps », confirme Damien Silès.

Un « labo », pour les projets recalés par les incubateurs

Parmi les initiatives originales portées par le QI, on retrouve le laboratoire de l’innovation. « Nous nous intéressons ici aux projets de startups rejetés par les incubateurs d’entreprises », explique Gabrielle Langlois, directrice des opérations au Quartier de l’Innovation.

« Les incubateurs reçoivent chaque année des dizaines de propositions . Ils n’accompagnent au final que les cinq ou six projets parmi les plus prometteurs. Ce qui ne veut pas dire que les projets des entreprises classées en septième ou en huitième positions soient mauvais. Juste que les moyens disponibles ne permettent pas d’incuber davantage de sociétés. Avec le laboratoire de l’innovation, nous offrons une sorte de deuxième chance à ces entrepreneurs, et ce pendant six mois ».

Creative Wallonia à l’affut

Cette démarche fait tendre l’oreille à David Valentiny. Le directeur de Creative Wallonia dispose lui aussi d’outils (NEST’up) pour faire grandir les startups en Wallonie. Le premier accélérateur NEST’up a vu le jour à Mont-Saint-Guibert, dans le Brabant wallon. Un deuxième a suivi à Liège, puis un troisième à Namur. Et dans quelques jours, c’est à Charleroi que le quatrième accélérateur de Creative Wallonia va démarrer.

Ce programme d’accompagnement de Startups livre d’intéressants résultats. «Depuis son lancement, il a permis à 32 jeunes entreprises de grandir mais aussi de générer 240 nouveaux emplois”, souligne David Valentiny.

Très concrètement, ce rapprochement entre l’AWEX et le QI livre déjà des résultats.

« Une première entreprise wallonne active dans le marketing responsable, CREO², s’installera à Montréal dès ce mois d’octobre pour développer ses activités sur le marché québécois », se réjouit Yaël Haumont, responsable “Amérique du Nord” au sein de l’AWEX. C’est Madame Haumont qui a signé cette semaine à Montréal, au nom de son administration, le protocole de partenariat avec le Quartier de l’Innovation.

La boutique « Neoshop », vitrine des nouveaux produits wallons

D’ici quelques mois, un autre outil du QI, le « Neoshop » pourrait également être accessible aux entrepreneurs wallons.

Cette boutique de l’innovation devrait prendre la forme d’une véritable « boutique », où les dernières innovations seraient proposées à la vente.

« Il s’agit de montrer les innovations, de permettre de les toucher, de les manipuler et éventuellement de les acheter », précise Damien Silès, le directeur général du Quartier de l’Innovation. Cette vitrine permettra aux amateurs de découvrir les dernières innovations en début de commercialisation. L’équipe du Neoshop sera aussi attentive aux remarques et critiques de ces premiers clients et fera remonter ces informations vers les concepteurs-développeurs, afin qu’il améliorent encore leurs produits.

Un popup store en décembre avant de disposer d’une adresse fixe

« L’idée, à terme, est de disposer dans le périmètre du Quartier de l’Innovation
d’un magasin réel, d’un lieu physique. Dans un premier temps, nous allons lancer d’ici décembre un magasin éphémère et mobile, un « popup store » pour faire connaître le Neoshop et profiter des fêtes de fin d’années » pour lancer cette vitrine, indique Hugo Paquin, directeur du Neoshop.

Nous espérons présenter une cinquantaine de produits, dont 90 % de produits québécois et 10% d’autres origines.

Le QI de Montréal joue la carte de l’innovation, y compris dans sa propre manière de penser et de mettre en œuvre son action. Avis aux entrepreneurs wallons qui visent l’Amérique!

 

Les lignes de force du Quartier de l’Innovation

 

– Création d’emplois et d’entreprises technologiques, culturelles et sociales

– Développement des collaborations entre milieux académiques et industriels

– Attraction de nouveaux talents à Montréal mais aussi de nouveaux partenaires et d’investisseurs et développement du rayonnement de la ville à l’étranger

– Revitalisation de tout un quartier et d’une friche industrielle

 

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