Les récidives du cancer de la peau maîtrisées par les chercheurs de l’ULB

9 octobre 2018
par Christian Du Brulle
Temps de lecture : 3 minutes

Avec quelque cinq millions de nouveaux cas diagnostiqués chaque année dans le monde, le carcinome basocellulaire est le cancer de la peau le plus fréquent chez l’être humain. En général, il se soigne plutôt bien. Mais dans les cas plus avancés de la maladie, le cancer refait très souvent surface quand l’administration de médicaments cesse.

À Bruxelles, le Dr Adriana Sánchez-Danés, du laboratoire « Cellules souches et cancer », du Pr Blanpain (Université Libre de Bruxelles), vient d’identifier un nouveau moyen de lutter plus efficacement encore contre ce type de cancer et surtout, d’en limiter les récidives.

« On maitrisait déjà bien les carcinomes basocellulaires », confirme le Pr Cédric Blanpain, directeur du Laboratoire des cellules souches et cancer (Faculté de Médecine, ULB Cancer Research Center). « Ce qu’on vient de réaliser comme avancée au sein de mon laboratoire, c’est une meilleure maitrise des récidives tumorales après traitement ».

Triple découverte

« Quand le diagnostic est posé en temps utile, on enlève ce cancer très facilement par chirurgie », précise le chercheur WELBIO/F.R.S.-FNRS. « Mais pour certains patients, qui arrivent trop tard chez le médecin, et chez lesquels les tumeurs sont trop grandes pour être opérées, on est obligé d’utiliser un médicament, le Vismodegib, qui est très efficace. Il est tellement efficace qu’après six mois de traitement, les patients arrêtent de prendre ce médicament. Ils pensent que le cancer, dont les signes extérieurs ont disparu, est éradiqué. Malheureusement, le cancer revient alors dans la plupart des cas. C’est comme si certaines cellules tumorales échappaient au médicament et se réactivaient ».

« Ce que notre étude a voulu comprendre, ce sont trois aspects de cette situation ».

  • 1. Quels sont les mécanismes en jeu qui laissent ces cellules cancéreuses derrière elles durant le traitement
  • 2. Comment ces cellules peuvent ensuite reformer une tumeur
  • 3. Et en comprenant ces mécanismes, pouvons-nous alors imaginer une nouvelle stratégie thérapeutique pour éviter ce nombre élevé de récidives quand le traitement est interrompu?

L’équipe du Pr Blanpain vient d’apporter des réponses à ces trois questions. Notamment en mettant en lumière la façon dont ce médicament agissait. L’équipe a pu montrer que lors du traitement, certaines cellules de la tumeur se différenciaient et échappaient ainsi à l’action du médicament.

Écoutez le Pr Cédric Blanpain détailler ce volet de leurs découvertes:

Le cancer éradiqué chez 95% des patients

L’équipe a ainsi pu montrer que le Vismodegib utiliser pour éliminer les cellules cancéreuses conduisait aussi à l’émergence d’une population de cellules tumorales « dormantes », caractérisées par « l’activation de la voie de signalisation Wnt ».

Le Dr Adriana Sánchez-Danés et ses collègues ont découvert que l’inhibition concomitante de la voie de signalisation Wnt avec le traitement par Vismodegib supprimait les cellules tumorales résistantes aux traitements. Ce qui conduit à l’éradication tumorale dans la grande majorité des cas.

« C’était vraiment fascinant d’identifier une combinaison de médicaments déjà disponibles en clinique permettant d’éradiquer les cellules tumorales résistantes et d’éviter la rechute tumorale », indique Adriana Sánchez-Danés, premier auteur de cette étude.

De quoi laisser entrevoir de nouvelles perspectives thérapeutiques?

« Notre étude identifie donc un nouveau mécanisme de résistance aux traitements dans le carcinome basocellulaire et démontre que l’administration conjuguée de deux médicaments déjà existants en clinique est suffisante pour prévenir la rechute tumorale dans la majorité des cas », explique Cédric Blanpain.

Écoutez le Pr Blanpain évoquer la perspective de disposer d’un nouveau traitement contre ce type de cancer, efficace à 95%, et combinant les deux médicaments.

Les médicaments existent. L’un d’eux est déjà commercialisé. L’autre est en essai clinique. Leur combinaison, pour le plus grand bénéfice des patients, est donc au bout du chemin.

 

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