Extrait de la carte du Hainaut de 1548, levée par le Montois Jacques de Surhon.
Extrait de la carte du Hainaut de 1548, levée par le Montois Jacques de Surhon.

Pour gagner Mons, suivez la carte de Jacques de Surhon

14 avril 2015
par Christian Du Brulle
Temps de lecture : 3 minutes

Pour mettre le cap sur Mons, ville européenne de la Culture 2015, rien de tel qu’une bonne carte géographique. Celle de Jacques de Surhon y mène sans souci, pourvu que le voyageur retrouve son chemin entre « Le Roels », « Le Louière » et autres « Binch »… Et qu’il choisisse de se repérer sur les cours d’eau, les bois, les châteaux et clochers plutôt que sur les voies de communication… omises par le cartographe! Un comble?

 

La carte en question n’est pas toute jeune. Elle date de 1548 et a été dressée en trois exemplaires à la demande de Charles Quint.

 

« La première carte connue et aussi précise du Hainaut est effectivement l’œuvre d’un Montois », explique Christine Gobeaux, assistante de Recherche à la Bibliothèque centrale de l’Université de Mons (UMons). « Cette carte est très importante pour l’histoire de la cartographie du Hainaut. Elle est à la base de toutes les cartes du Hainaut jusqu’au XVIIe siècle », expliquait-elle lors de la session consacrée aux idées scientifiques et aux inventions techniques du colloque de la Société des Sciences, des Arts et des Lettres du Hainaut, organisé au début du printemps à Mons.

 

Un voyage dans l’espace et dans le temps

 

Les cartes géographiques sont des invitations au voyage. Celles de Jacques De Surhon offrent à la fois un voyage dans l’espace et dans le temps.

 

Dans le temps tout d’abord. Jacques de Surhon, dont on ne connaît rien de la naissance, est mentionné pour la première fois en 1528 comme étant membre de la confrérie Saint-Jacques en 1528. L’année suivante, il s’installe comme orfèvre rue de la Chaussée, à Mons. En 1548, Charles Quint lui commande la fameuse carte du Hainaut. Trois ans plus tard, il est qualifié de « mathematicus », souligne Christine Gobeaux, tandis qu’en 1554, il est nommé « ingénieure des cartes des pays de par-deçà ».

 

Il faut dire que l’homme est prolifique. Après la carte du Hainaut, Marie de Hongrie lui commande une carte de la terre abbatiale de Saint-Hubert afin de régler un différend entre Charles Quint et l’évêque de Liège. Viennent ensuite des commandes de Charles Quint concernant une carte du Luxembourg, puis une carte de l’Artois. Son fils, Jean de Surhon,lèvera de son côté une carte du comté de Namur, en 1555.

 

Des cartes diffusées par Ortélius, à Anvers, en 1579

 

Les cartes de Jacques de Surhon sont également une invitation à la découverte géographique de la région. Elles sont d’une grande précision, ce qui a bien failli leur coûter leur notoriété! “Pour la carte du Hainaut, le levé en est si précis que la diffusion de la carte est purement et simplement interdite par les autorités de l’époque, explique Christine Gobeaux, et ce pour des raisons stratégiques”.

 

“Il faut attendre le géographe anversois Abraham Ortélius (1527-1598) pour voir les premières reproductions de la carte du Hainaut de Jacques de Surhon”, précise la spécialiste. “Il l’intègre dans son atlas Theatrum orbis terrarum que le duc d’Albe interdit immédiatement”.

 

Finalement, en 1579, Ortélius obtient la permission de publier la carte du Hainaut comme l’atteste le privilège imprimé dans l’angle supérieur droit de la carte. L’attrait de cette publication? Elle fera autorité pendant près de 200 ans! Même Mercator s’en saisira pour son atlas Belgii inferioris Geographicae tabulae.

 

Cartouche de 1579, tiré de la carte du Hainaut publiée par Ortélius.
Cartouche de 1579, tiré de la carte du Hainaut publiée par Ortélius.

 

À propos, la famille de Surhon tire son nom d’un bourg représenté sur la carte de 1548. Il faut toutefois le rechercher à proximité de Bavay plutôt que de Mons… sur la carte de Jacques de Surhon, bien entendu!

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