Enfant sourd parlant la langue des signes © UNamur

Traduction instantanée en langue des signes

14 mai 2025
par Laetitia Theunis
Temps de lecture : 4 minutes

MOSI permet de traduire instantanément un mot écrit en français en langue des signes de Belgique francophone (LSFB). Soutenu par la Fondation Roi Baudouin, cet outil rassemble en un seul espace les principales ressources existantes en vocabulaire LSFB. Il intègre notamment le riche corpus développé par le Laboratoire de LSFB (LSFB-Lab) de l’Institut NaLTT de l’UNamur, dirigé par la professeure Laurence Meurant. MOSI regroupe également les vidéos de mots signés produites par l’ASBL LSFB ainsi que par l’ASBL École et Surdité de l’École Sainte-Marie de Namur. Une avancée pour les élèves sourds et malentendants qui apprennent à lire le français ainsi que pour leurs professeurs.

Accès facile à la traduction

Ces ressources, autrefois dispersées, sont maintenant réunies en un seul outil. Grâce au module de recherche de MOSI, il suffit de saisir un mot en français pour afficher une vidéo illustrant le signe correspondant. De plus, lors de la lecture d’un texte en français, il est possible d’obtenir la traduction en langue des signes de Belgique francophone d’un mot simplement en le surlignant.

«  De quoi rendre la lecture beaucoup plus simple et autonomiser les élèves sourds et malentendants qui apprennent le français », explique Dr Jérôme Fink, chercheur en IA au sein du laboratoire HuMaLearn, dirigé par Pr Benoît Frénay, et co-développeur de MOSI.

« Cet outil représente également une aide précieuse pour les enseignants bilingues intervenant auprès d’enfants sourds ou malentendants. Auparavant, ils étaient contraints de créer constamment de nombreuses vidéos pour montrer la traduction en langue des signes de chaque nouveau mot rencontré dans un texte », explique Magali Ghesquière, coordinatrice pédagogique pour l’ASBL « Ecole et Surdité ».

MOSI ouvre aussi les portes de la langue des signes aux parents entendants d’un enfant sourd, ou de toute autre personne souhaitant évoluer dans sa connaissance de la langue des signes.

La facilité d’utilisation est la priorité

Le développement technique de la plateforme MOSI s’est fait de manière itérative. La version actuellement disponible n’est donc pas la version initiale, conçue par deux étudiants en master en informatique, Babacar Saw et Innocent Ye. Une première phase de test, impliquant une dizaine d’utilisateurs pendant deux semaines, a permis de recueillir des retours précieux. « Pour améliorer cette première version, nous avons analysé les difficultés rencontrées ainsi que les fonctionnalités les plus appréciées », explique le Dr Pierre Poitier, chercheur en informatique au laboratoire HuMaLearn de l’UNamur et co-développeur de MOSI.

« L’un des principaux défis techniques a été de garantir une utilisation simple et intuitive de l’outil, notamment parce qu’il est destiné à un jeune public. Il était essentiel qu’il ne devienne jamais une source de frustration pour les enfants. Concevoir une interface claire et accessible a exigé un travail conséquent. »

« Ensuite, il fallait que l’on puisse accéder facilement à l’outil depuis, par exemple, une page Wikipédia, afin de sélectionner un mot et d’avoir immédiatement sa traduction en langue des signes. Pour y parvenir, une extension web, qui s’intègre directement aux sites Internet, a été développée. Téléchargeable gratuitement sur la plateforme mot-signe.be, elle s’installe sur les navigateurs Chrome et Firefox », explique Dr Poitier.

L’outil MOSI est accessible sur ordinateur (Chrome et Firefox), sur tablette (Firefox) et sur téléphone (Firefox).

Un outil bilingue collaboratif

La base de données de MOSI contient actuellement environ 8 000 signes. Elle pourra être enrichie progressivement par les locuteurs de la langue des signes. Ceux-ci auront, en effet, la possibilité de proposer de nouveaux signes encore absents, en enregistrant des vidéos illustrant les gestes correspondants. Ce processus se déroulera au sein de groupes privés non accessibles à toute la communauté.

Dans un second temps, les chercheurs du LSFB-Lab interviendront comme médiateurs. Ils visionneront les vidéos proposées en collaboration avec des locuteurs sourds experts. Ces derniers traduiront ce mot en LSFB, puis enregistreront une version validée — en studio, sur fond vert. Ces enregistrements viendront alors compléter la base de données publiques, appelée à s’enrichir continuellement.

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