Fouilles à la Grand Place de Rebecq © SPW
Fouilles à la Grand Place de Rebecq © SPW

Vingt-cinq années d’archéologie en Wallonie

14 juillet 2014
par Christian Du Brulle
Temps de lecture : 4 minutes

Série (1/5) / Archéo 2014

 

Des fouilles préventives avant divers travaux publics ou privés, des sondages d’évaluation, des fouilles de sauvegarde, des découvertes fortuites, mais aussi la diffusion des connaissances, des publications… Depuis 1989, la gestion et la préservation du patrimoine archéologique font partie des compétences de la Région Wallonne. Ces missions, jusque-là assurées par la Communauté française et/ou par le service national des fouilles fédéral, ont été réunies et confiées à une instance créée pour l’occasion : la Direction de l’archéologie, intégrée à la Division du patrimoine (SPW-DGO4).

 

Pour mettre les activités de ce premier quart de siècle de cette nouvelle direction sous les feux de la rampe, la Wallonie a décrété 2014 « année de l’archéologie ». C’est une grande fête qui dure toute l’année et qui mêle musées et institutions de recherches, lieux de visites, expertises scientifiques, expositions, colloques, publications… Il y en a pour tous les goûts et pour toutes les époques : du Paléolithique à l’Epoque contemporaine en passant par la Protohistoire (les Ages des Métaux), l’Epoque romaine, le Moyen Age, les Temps Modernes…

 

« L’archéologie des Temps Modernes et de l’Epoque contemporaine (du 16e au 20e siècle) est une discipline qui ne s’est développée que récemment », indique-t-on à la Direction de l’archéologie. « Les thèmes étudiés par les archéologues sont variés : les conflits, les forteresses, les quartiers populaires, les fermes les abbayes, l’artisanat, l’industrie, la culture matérielle, le monde spirituel, en ce compris la composante funéraire. » Ces deux époques font l’objet, chacune, d’un « Carnet du Patrimoine » spécifique, publié par l’Institut Wallon du Patrimoine. Lequel, notons-le, propose à l’occasion des « 25 ans », une série de onze livrets « archéologiques ».

 

Waterloo : le futur parking livre les restes d’un soldat

 

Si on ne prend que l’année 2012 comme baromètre des activités de la Direction de l’archéologie, on constate qu’elle a assuré 123 interventions de toutes natures dont on trouvera le compte-rendu dans le dernier volume (n°21, publié en 2014) de la « Chronique de l’Archéologie wallonne ». Le résumé, disponible en ligne, liste l’ensemble des travaux archéologiques réalisés dans les diverses provinces cette année-là. Le Hainaut se taille la part du lion avec 46 interventions.

 

Mais en guise d’exemple, pointons une découverte en Brabant wallon réalisée en marge des grands travaux qui préparent le site du Lion de Waterloo aux commémorations du bicentenaire de la bataille du 18 juin 1815.

 

A 500 mètres de la butte, la construction d’un parking de trois hectares longeant le ring, en contrebas du champ de bataille, a livré aux archéologues un squelette sans sépulture.
L’étude scientifique, on pourrait presque dire l’enquête policière, permet de mieux cerner le personnage. L’homme est une victime du conflit.

 

Un homme de troupe, jeune, bossu, victime d’une balle française

 

Parmi les objets découverts avec le corps se trouvait une balle de plomb logée au milieu des côtes droites. Le calibre du projectile permet de l’identifier comme étant français. Deux pierres à fusil neuves faisant partie de l’équipement du soldat, adaptées au mousquet de modèle « British Land Pattern » en service entre 1750 et 1850 dans les armées anglaises et alliées, ont également été retrouvées. Une vingtaine de pièces de monnaie accolées à ce qui devait être une bourse en tissu brodée de perles de verre accompagnait le corps. Elles correspondent à un mois de solde pour un homme de troupe.

 

L’analyse des ossements permet de décrire un homme âgé entre 20 et 29 ans, de petite taille (1,61 m). Les dents dénotent des pathologies dont l’origine peut être liée à diverses causes : malnutrition, infections pulmonaires, viroses. L’homme était également légèrement bossu. Il souffrait d’arthrose et était atteint d’une infirmité de la colonne vertébrale.

 

Quatre rendez-vous « Daily Science » en Wallonie

 

Ces analyses dénotent la grande diversité des métiers de l’archéologie. Certes, l’archéologue tente d’interpréter des sites, des découvertes. Pour l’épauler dans sa mission, il peut compter sur l’expertise de multiples spécialistes. Toute cette semaine, « Daily Science » vous entraîne à la découverte de ces métiers de l’archéologie et de certaines perles archéologiques de la Wallonie. Il s’agit pour l’essentiel d’expositions accessibles pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois : des coups de coeur. Un choix difficile ! Tout au long d’archéo2014, ce sont pas moins de 180 sites et/ou événements qui attendent le public !

 

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