Série (1/3) Quand la recherche débouche sur une spin off
C’est dans le monde de la finance et des banques qu’Olivier Bomboire a fait carrière. Aujourd’hui c’est la problématique du bien-être en sociétés et la mise en place d’une politique en adéquation avec cette valeur qui le motive.
Il est depuis 2016 le CEO de « Bright Link ». Une spin-off de l’UCL qui vise à prévenir le risque de burn-out au sein des entreprises.
Des tests prévenant le burn-out
Selon une étude commandée en 2010 par la SPF Emploi, 19.000 travailleurs souffrent en Belgique de burn-out.
Bright Link est née à la suite de recherches, encadrées par le Docteur en psychologie Jacques Grégoire (UCL), sur l’épuisement en entreprise.
En collectant des données auprès de personnes en épuisement, l’équipe de chercheurs a créé un modèle de référence qui expose les motifs et conséquences du burn-out.
« Les professeurs de l’UCL m’ont alors proposé de lancer une spin-off sur base de ce modèle scientifique. Mon rôle a donc été dans un premier temps de développer ce modèle, afin qu’il réponde aux besoins du marché » explique Olivier Bomboire.
Et les demandes du marché sont claires : comment préserver le capital humain, prévenir le risque de burn-out, et améliorer les politiques de bien-être en entreprise.
« Une fois le besoin identifié, j’ai développé et structuré le produit à vendre aux entreprises, qui a pris la forme de questionnaires en ligne, le Preventing Burnout Test (PBT) ». Deux tests, pour publics différents, sont ainsi proposés par la spin-off.
Cerner les symptômes et causes de la fatigue
Concrètement, le test destiné aux employés se divise en 2 parties. La première se penche sur les symptômes de l’état de fatigue. Elle étudie la fatigue physique, émotionnelle, cognitive, comportementale, et enfin, la fatigue professionnelle.
Le test considère la fatigue professionnelle comme un élément à part entière. Car le manque d’envie de travailler seul n’est en réalité pas un signe de burn-out.
« Certes, l’organisation du travail peut provoquer la fatigue chronique, convient l’administrateur délégué de la spin-off. Mais les recherches montrent que c’est la concomitance de plusieurs facteurs, y compris privés, qui amènent les personnes à cet état ».
La 2e partie du test tente ainsi de cerner les raisons expliquant cette fatigue ou stress chronique. Le test sonde l’environnement professionnel de l’employé, mais aussi sa sphère privée. Il cherche à établir son profil émotionnel, à évaluer l’impact de son organisation financière et logistique, de ses hobbies, de sa famille, et même de son alimentation.
Un feed-back utile aux entreprises
« Au terme du test, les personnes reçoivent un bilan qui évalue leur état de fatigue, et met en évidence les raisons de cet état. Nous les mettons ensuite en contact avec des spécialistes dans la dimension posant problème. Que ce soit la dépendance à l’alcool, des problèmes en termes d’organisation, etc. ».
Du côté des entreprises, le plus grand problème est d’être dans l’ignorance du mal-être de ses employés.
« Quand un employé prend congé pour épuisement, il sort souvent du circuit de l’entreprise sans que ses collègues, managers, ou ressources humaines n’aient pu identifier les motifs. La société ne connait donc pas les raisons de cette absence, comment l’éviter, et n’en tire aucune leçon constructive » signale Olivier Bomboire.
Un autre objectif de Bright Link est donc d’aider les entreprises à prévenir ces situations.
Un lien université-entreprise profitable
Aujourd’hui, Bright Link collabore déjà avec de grandes sociétés. Dont un grand groupe financier belge, qui a fondé toute sa politique de bien-être à l’aide du PBT.
« Il existe dans ce domaine un énorme marché. Et le fait que Bright Link soit une spin-off universitaire nous démarque. Ça apporte une aura de crédibilité auprès de nos clients » soutient Olivier Bomboire.
Au-delà des clients, ce lien entre l’entreprise et l’université est avantageux pour les deux parties. Les chercheurs de l’institution bénéficient des résultats obtenus et données récoltées. Et l’entreprise dispose par l’université d’un terreau intellectuel permanent, via les chercheurs et même les étudiants.
« Ils peuvent nous conseiller et nous apporter leurs expertises scientifiques », précise le CEO de la spin-off.
Un couple complémentaire
Car l’entrepreneur n’est ni docteur en psychologie ni chercheur. « Mon expertise se trouve en finance, économie et management. C’est la première fois que je me trouve à la tête d’une entreprise, et cela a représenté un vrai défi de connecter un objet de recherche universitaire à un besoin du marché ».
Un duo des chercheurs-entrepreneurs qui apparaît fonctionner, au vu des 10.000 utilisateurs de la plateforme. Un an seulement après son lancement.
« Les chercheurs se penchent sur un problème, et y apportent une solution. C’est dans ce type d’institution que naissent les idées. Par après, l’entrepreneur développe le concept en un produit, qu’il oriente vers le client. J’estime que ces deux forces, qui sont complémentaires, sont nécessaires pour qu’une spin-off fonctionne » conclut-il.