Les perruches de la capitale chantent en bruxellois

15 janvier 2024
par Marine Giacometti (stagiaire)
Durée de lecture : 3 min

Elles sont petites, vertes et font du bruit. C’est à leur chant qu’on les reconnaît. Les perruches qui sont établies à Bruxelles présentent aussi une autre particularité : elles communiquent en …. bruxellois ! Voilà ce que Stephen Tyndel, un doctorant de l’Institut Max Planck de Leipzig (Allemagne), a remarqué. Le chercheur a comparé le chant de perruches vivant dans huit villes européennes. Il s’est aperçu qu’elles prenaient toutes l’accent de la cité où elles avaient trouvé refuge.

Les perruches font partie de la famille des perroquets. Comme eux, elles ont un répertoire vocal exceptionnellement flexible. Ce qui leur permet d’imiter et d’apprendre de nouveaux sons tout au long de leur vie. Après plus d’un demi-siècle à s’être établies en ville, elles en ont tout naturellement pris l’accent.

Regardez et écoutez les perruches des étangs d’Ixelles :

Un emménagement rapide

Le grand nombre de perruches à Bruxelles est le résultat probable de la libération de ces oiseaux dans les années 70, lors de la fermeture d’un parc animalier de la ville.

Depuis, leur population a explosé. Elle atteint aujourd’hui plus de 10.000 individus. Leur présence pose des soucis de bruit excessif pour les oreilles des riverains. Leur appétit pour la nature environnante est aussi problématique. En 2012, les perruches ont été ajoutées à la liste des espèces à surveiller à Bruxelles.

Une étude à travers l’Europe

Stephen Tyndel et ses collègues ont enregistré et étudié les chants de perruches dans huit villes européennes situées en Espagne, en Belgique, en Italie et en Grèce. Cette analyse leur a permis de découvrir que les caractéristiques sonores des perruches variaient distinctement d’une ville à l’autre.

À Bruxelles, comme à Madrid, Vérone ou Athènes, leurs micros ont capté, dans une quarantaine d’espaces verts, de subtiles nuances dans le chant des volatiles. Dans la capitale belge, ce sont les populations du parc de Forest, de l’avenue Louise et du parc Tenbosch qui ont retenu leur attention.

Comme dans les autres villes étudiées, ce sont les premières générations de perruches qui ont attrapé l’accent local. Son adoption par l’ensemble des colonies d’une ville s’est ensuite faite par mimétisme. Exactement comme un jeune enfant qui se met à parler reproduira les sons et les mots qu’il entend en les imitant.

Un choix éclairé

La plupart des études sur les oiseaux se concentrent sur la façon dont ils modulent leurs chants pour délimiter leur territoire et attirer un partenaire sexuel. Pour investiguer les autres variations vocales, les perruches sont des modèles intéressants à étudier.

Et ce, car elles sont très présentes en Europe et en Amérique du Nord. Aussi, un arbre peut compter jusqu’à plusieurs dizaines de nids de perruches. Cette façon de vivre en groupe permet aux scientifiques d’observer facilement les modulations de leurs chants et cris.

Une double influence

A Bruxelles, les perruches imitent les accents locaux et reproduisent des bruits urbains. Leur capacité à s’adapter à la vie en ville montre qu’elles peuvent s’ajuster aux changements causés par les activités humaines.

Mais tout n’est pas rose pour ces volatiles. Outre la compétition pour les ressources avec d’autres espèces aviaires, les perruches subissent la pression de l’urbanisation en termes de disponibilité d’arbres pour leurs nids. Ces chamboulements peuvent affecter la manière dont elles se comportent, y compris leur façon de chanter.

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