Les momies égyptiennes sortent de leur réserve

15 octobre 2015
par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 4 min

Les sarcophages antiques égyptiens sont de sortie au Musées Royaux d’Art et d’Histoire du Cinquantenaire, à Bruxelles. Une nouvelle et très belle exposition temporaire concernant les cercueils, leur contenu ainsi que de nombreuses pièces en relation étroite avec l’évolution des rites funéraires dans l’Égypte ancienne propose de les découvrir. Elle s’intitule « Sarcophagi – Sous les étoiles de Nout », et se déroule en une douzaine de tableaux.

 

Momie avec masque doré, époque romaine, seconde moitié du 1er siècle ap J.-C.
Momie avec masque doré, époque romaine, seconde moitié du 1er siècle ap. J.-C. (Cliquer pour agrandir)

« Nous disposons de plus de 12.000 objets concernant l’Egypte dynastique et gréco-romaine », indique le Dr Luc Delvaux, conservateur de ces collections au Cinquantenaire et commissaire de la nouvelle exposition. « Certaines de ces pièces sont mondialement connues. Nous sommes régulièrement sollicités pour des prêts. Certains de nos trésors sont actuellement au Japon pour une exposition sur les reines égyptiennes. Il était temps de mettre ce patrimoine en valeur au sein même de notre institution. C’est ce que nous faisons avec « Sarcophagi ».

 

25 momies passent au scanner

 

Vases canopes. (Cliquer pour agrandir)
Vases canopes. (Cliquer pour agrandir)

Des sarcophages, des vases canopes, des amulettes et bien entendu des momies attendent les visiteurs. En ce qui concerne Caroline Tilleux, ce sont surtout les momies qui retiennent son attention. La jeune Namuroise, diplômée en histoire, réalise depuis deux ans un doctorat à l’Université Catholique de Louvain (UCL), au sein du groupe de recherches sur l’Egypte ancienne.

 

« Je tente de déterminer le statut social de certaines des momies sans identité conservées dans les collections des Musées Royaux d’Art et d’Histoire », explique-t-elle. « La qualité de l’embaumement peut apporter un certain nombre d’informations. Les bandelettes utilisées également ».

 

Pour en apprendre davantage sur ces personnages, et sans abîmer ces pièces millénaires, la chercheuse a proposé au conservateur de la collection et aux médecins des cliniques Saint-Luc (UCL), de passer certaines de ces dépouilles… au scanner.

 

Reconstruction en 3D

 

« Au printemps dernier, toutes les réponses étaient positives », sourit la chercheuse. « L’enthousiasme des équipes médicales comme celui des scientifiques du Cinquantenaire qui préparaient la nouvelle exposition a fait le reste. Depuis cet été, quand les scanners des Cliniques Saint-Luc ne sont pas utilisés pour des examens médicaux, ce sont les momies qui passent à l’examen radiologique ».

« L’avantage de cette technique par rapport aux simples radiographies réalisées dans les années 1990 sur certaines momies du Cinquantenaire réside dans le détail des informations qu’un scanner peut révéler. Il y a la reconstruction en 3D qui est intéressante, mais aussi la profondeur de la coupe. Cela nous permet d’obtenir des indices sur les techniques d’éviscération utilisées », précise Caroline Tilleux. « De rechercher des restes d’organes dans les dépouilles ou encore de tenter d’identifier les produits utilisés pour l’embaumement ».

 

Examen médical aux Cliniques Saint-Luc (UCL) pour les momies du Cinquantenaire.(Cliquer pour agrandir)
Examen médical aux Cliniques Saint-Luc (UCL) pour les momies du Cinquantenaire.(Cliquer pour agrandir)

 

« Nous pourrions même aller dans certains cas jusqu’à déterminer le sexe de certains individus, estimer l’âge du décès, voire identifier diverses pathologies dont a souffert l’individu », souligne le Pr Emmanuel Coche, chef du département d’imagerie médicale aux Cliniques Saint-Luc.

 

Momies de chien et de chat.
Momies de chien et de chat. (Cliquer pour agrandir)

Au total, dix momies humaines et 15 momies animales (des chats, des crocodiles, des faucons, un ibis, une mangouste…) sont passées au CT-Scan de l’hôpital universitaire. « Une première en Belgique! », précise le Pr Jean-François Gigot, chirurgien et directeur médical.

 

Une première qui a aussi révélé son lot de surprises. Lors du scan d’un petit animal, c’est une main humaine qui est apparue à l’écran!

 

De quoi alimenter certaines rumeurs antiques? Peut-être. Ce qui est certain par contre, comme l’explique le Dr Luc Delvaux, conservateur des collections égyptiennes au Cinquantenaire, c’est que ces examens vont alimenter la recherche de multiples manières. Et certains des premiers résultats de ces travaux viendront compléter, au fil des prochaines semaines, l’information distillée aux visiteurs de « Sarcophagi ».

 

Ecoutez le Dr. Luc Delvaux détailler l’attrait des nouveaux examens médicaux subis par « ses » momies.

 A découvrir et… à emporter avec soi

 

livre Sarcophage Ed RACINEPour préparer ou prolonger la visite au Cinquantenaire, on ne manquera pas le livre-catalogue « Sarcophages, sous les étoiles de Nout », proposé par les éditions Racine.

 

Cet ouvrage collectif a été réalisé sous la direction du Dr Luc Delvaux, conservateur des collections égyptiennes au Cinquantenaire et par Isabelle Therasse, historienne spécialisée en égyptologie et membre du service éducatif et culturel des Musées Royaux d’Art et d’Histoire. Luc Delvaux et Isabelle Therasse sont les deux commissaires de l’exposition « Sarcophagi ».

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