250 à 300 bébés naissent chaque année en Belgique avec une paralysie cérébrale. C’est la première cause de handicap moteur chez l’enfant. Pre Yannick Bleyenheuft, chercheuse en neurosciences à l’UCLouvain, a mené des tests sur 48 bébés afin de déterminer le meilleur traitement leur permettant de retrouver de l’autonomie. Résultat ? Une stimulation intensive et précoce des bébés atteints de paralysie cérébrale permet de récupérer l’utilisation de leur main partiellement paralysée.
Avec son équipe, la chercheuse étudie depuis plusieurs années la paralysie cérébrale unilatérale et cherche à comprendre comment remédier aux conséquences de cette lésion, à savoir la paralysie des membres (mains et pieds). Et ce, afin de leur permettre de grandir de la manière la plus autonome possible. Elle a récemment prouvé l’efficacité, sur leur autonomie, d’une thérapie intensive de plusieurs heures par jour, appelée baby HABIT-ILE (Hand-Arm Bimanual Intensive Therapy Including Lower Extremities), chez les nourrissons atteints de cette paralysie cérébrale unilatérale.
Lésion cérébrale précoce
La paralysie cérébrale est la première cause de handicap moteur chez l’enfant et la conséquence d’une lésion au cerveau qui survient pendant la grossesse, au moment de l’accouchement ou dans les 2 premières années de vie.
Cela touche 2 à 3 naissances pour 1000, soit environ 250 à 300 bébés chaque année en Belgique et environ 420 000 nouveaux cas chaque année dans le monde.
Les causes sont multiples : infection de la maman (cytomégalovirus ou toxoplasmose par ex.) pendant la grossesse, AVC in utero ou dans les premiers jours de vie, traumatisme crânien dans les premières années de vie.
L’autonomie entravée
« La paralysie cérébrale a un impact direct sur tous les gestes du quotidien. Cette lésion du cerveau génère des difficultés motrices variables en fonction de sa localisation et de sa taille. Chez les tout-petits, on remarque une difficulté à se déplacer seul, avec fréquemment le rampé, le 4 pattes qui ne sont pas acquis », explique la chercheuse dans un communiqué.
« En grandissant, ces troubles moteurs continuent à entraver l’autonomie des enfants : difficultés pour s’habiller, gérer son hygiène, couper ses aliments, ouvrir ou fermer un sac à dos, attraper un ballon, monter sur une structure de jeu (toboggan par exemple), ouvrir un stylo ou tracer avec une règle. »
Neuroplasticité des nourrissons
Afin de trouver le meilleur soin permettant d’améliorer leurs capacités motrices et donc leur autonomie, l’équipe de Yannick Bleyenheuft a mené un essai clinique randomisé sur 48 nourrissons atteints de paralysie cérébrale unilatérale.
Le cerveau des nouveau-nés présente, en effet, un potentiel de neuroplasticité très important, susceptible d’être à la base de très larges changements moteurs. La chercheuse a testé une intervention fonctionnelle intensive : il s’agissait de proposer aux bébés des jeux et activités ludiques structurées pour les faire progresser à raison de 5 heures par jour. Cela correspond à la quantité d’activités motrices développées spontanément sur une journée chez les bébés non-impactés par cette lésion.
Résultats ? Les nourrissons ayant bénéficié de la thérapie ont montré de très larges améliorations dans l’utilisation de leur main paralysée. Des améliorations durables ayant le potentiel de modifier l’utilisation future qu’ils auront de cette main et donc leur autonomie.
Cette étude, qui fait suite à d’autres essais cliniques fructueux chez les enfants d’âge scolaire et préscolaire par le même groupe de recherche, met en lumière le potentiel de la thérapie intensive précoce pour améliorer la qualité de vie des jeunes enfants atteints de paralysie cérébrale unilatérale.