À Marche-en-Famenne et à Bruxelles, le Brésil fait les yeux doux aux chercheurs belges

16 octobre 2018
par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 4 min

Intelligence artificielle, réseaux intelligents, compromis entre contrôle centralisé et contrôle décentralisé, algorithmes, mais aussi santé, mobilité, vieillissement, alimentation… Les défis à relever pour que la ville devienne intelligente sont aussi nombreux que divers. En Fédération Wallonie-Bruxelles comme au… Brésil.

Ce ne sont pas les deux délégations scientifiques brésiliennes qui viennent de sillonner la Belgique qui diront le contraire.

« Nous sommes clairement ouverts aux collaborations internationales dans ce domaine », indiquait voici quelques jours Carlos Eduardo Pereira, directeur des opérations à l’Embrapii, l’Agence brésilienne pour la recherche et l’innovation industrielle, lors de sa visite à « Smart City Wallonia ».

Recherches appliquées 

Cette agence de financement de la recherche, qui se double au Brésil d’un réseau d’instituts de recherche, s’intéresse en effet de près à la ville de demain. « Nous collaborons dans ce domaine comme dans d’autres avec des chercheurs académiques, mais aussi avec des entreprises privées », souligne M. Pereira.

« Par exemple avec le groupe Solvay. Nos recherches sont orientées vers les applications industrielles, issues de demandes des entrepreneurs. Nous finançons les recherches dans tous les secteurs. Je pense par exemple aux technologies de l’information, à l’énergie, la santé, les mines, les biotechnologies, l’aérospatial… »

La lutte biologique passe par les drones

« Nous avons actuellement un projet de lutte biologique basée sur des insectes disséminés dans des zones à problèmes qui passe par… un système de livraison (des insectes) par drones », indique-t-il. « L’idée est de pouvoir intervenir rapidement, dans des régions difficiles d’accès, vous le savez, le Brésil est un grand pays, mais aussi de pouvoir remplacer l’usage de produits chimiques par des solutions alternatives, meilleures pour l’environnement ».

Identifier de nouveaux partenaires

Le but de son passage à Marche-en-Famenne, orchestré par Wallonie-Bruxelles International, l’agence chargée de valoriser à l’étranger le talent des Wallons et des francophones de Belgique?

« Identifier de nouveaux partenaires potentiels », précise Denise de Menezes Nedermeyer, également en visite à Smart City Wallonia. « Nous cherchons à développer des synergies internationales. De quoi favoriser l’émergence d’innovations bénéfiques pour chaque partenaire, et pas uniquement les entreprises brésiliennes ».

Une des particularités du fonctionnement de l’Embrapii repose sur sa grande agilité en matière de financement, semble-t-il. « Moins de bureaucratie et des discussions directes avec les entreprises accréditées expliquent notre grande réactivité aux demandes du terrain », reprend Carlos Eduardo Pereira. Il précise aussi que le financement public doit ici nécessairement se doubler d’un apport de la part des industries concernées.

Promotion de la recherche fondamentale à Sao Paulo

En matière de recherche fondamentale, l’agilité et la réactivité semblent également être des maîtres mots à la Fapesp, la Fondation de recherche de l’Etat de Sao Paulo (Brésil)

Et la thématique des villes intelligentes était aussi au coeur des échanges entre chercheurs de la Fapesp et du F.R.S-FNRS, voici quelques jours à Bruxelles, dans le cadre de la « Fapesp week », une opération de promotion de la recherche fondamentale dans l’Etat de Sao Paulo.

« La collaboration avec le Brésil est une priorité depuis 2010 », rappelle Madame Miclotte, chef du service Recherche et Innovation chez Wallonie-Bruxelles International. « Cet intérêt commun ne se dément pas ».

« Cette collaboration est un succès », confirme Julie Dumont, Agent de liaison scientifique de WBI au Brésil, et qui peut faciliter les contacts entre chercheurs de la Fédération Wallonie-Bruxelles avec leurs homologues brésiliens.

« Le potentiel en matière de coopération scientifique entre le FNRS et le Brésil est effectivement important », estime Arnaud Goolaerts, du Fonds de la Recherche Scientifique F.R.S.-FNRS.

Actuellement, 2,5% des co-publications scientifiques réalisées par des chercheurs de la FWB le sont avec des collègues brésiliens. Un chiffre à comparer aux 58% des publications scientifiques des chercheurs de la FWB qui le sont avec des collègues étrangers.

« Il y a moyen de faire mieux », estime M. Goolaerts. « En 2017, seul un projet commun FWB-Brésil a été financé par le FNRS. Alors que les appels à projets avec le Québec, par exemple, ont généré 120 dépôts de projets en 2017 et 60 en 2018 », pointe-t-il.

« Pourquoi ne pas développer des recherches communes en matière de mobilité et de transport intermodal”, suggère l’ingénieur en informatique et professeur à l’ULB Hugues Bersini. « Histoire de couper les ailes aux GAFA. Les ressources existent. Le transport est un bien commun. Il ne faut pas qu’il dépende de sociétés privées », tonne-t-il.

Les algorithmes n’étaient pas les seuls à la fête, lors de cette « Fapesp Week » belge. Les biotechnologies, les migrations, les métropoles et les villes intelligentes ou encore la bioéconomie étaient également autour de la table. Autant de domaines de recherche potentielle ouverts aux collaborations scientifiques.

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