Wonderful Wallonia au South by South West en 2019 © Christian Du Brulle

Pas de répit pour les industries culturelles et créatives

17 mars 2021
par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 5 min

La grand-messe des entreprises culturelles et créatives se déroule chaque année en mars à Austin (Texas). De multiples initiatives innovantes wallonnes et bruxelloises s’y donnent traditionnellement rendez-vous. Mais l’an dernier, la Covid-19 a conduit à l’annulation pure et simple de « South by South West » (ou « SxSW » dans le jargon). Et cette année ?

« La situation n’étant guère plus simple, le festival est passé en mode digital. Avec une nouveauté: la mise sur pied d’un « Village Francophone » tout entier consacré aux champions du domaine en Belgique comme en France, au Québec et ailleurs dans le monde francophone », explique Marie Beheyt, du service Recherche et Innovation de Wallonie Bruxelles-International, l’agence de la Fédération Wallonie-Bruxelles en charge des relations internationales, et qui pilote habituellement les start-ups de la Fédération Wallonie-Bruxelles à Austin. Cette année, c’est depuis Namur que les « Belges » de SxSW ont participé à ce rendez-vous… quelque peu bousculé, mais tout aussi créatif et innovant.

Un festival en mode « phygital »

« Le Village Francophone (VF) est une plate-forme de convergence technologique et territoriale qui se tient en marge de grandes manifestations technologiques internationales comme SxSW », précise Michel Bricteux, de l’Agence Wallonne à l’exportation (AWEX), en poste à Montréal et une des chevilles ouvrières de ce « village ». « Cette plate-forme met en connexion une trentaine de territoires francophones (responsables territoriaux, opérateurs économiques, entreprises, start-up, décideurs, experts, médias, etc.). »

C’est finalement en mode « phygital » (un mélange de participation distancielle et via des studios connectés répartis au sein des divers territoires participants) que ces deux derniers jours, depuis le Trakk, à Namur, les entreprises belges ont pu donner de la voix au sein du Village Francophone virtuel. Avec une triple séance de pitchs pour les start-ups du secteur.

Innovations technologiques à tous les étages

Et dans ce domaine, les jeunes pousses wallonnes et bruxelloises n’ont pas eu à rougir face à leurs collègues canadiens, français ou tunisiens. Une vingtaine d’entre elles ont présenté leurs projets, leurs produits, leurs solutions.

Depuis la production de contenus narratifs en réalité virtuelle pour le cinéma (Poolpio à Bruxelles), les studios créatifs et innovants comme Lapino Albino à Gembloux ou encore l’élaboration de voix de synthèse plus vraies que nature générées grâce à l’intelligence artificielle (Acapela group), l’innovation est partout.

Pointons plus particulièrement deux produits. La plate-forme de vente de billets décentralisée et sécurisée proposée par D-event, tout d’abord. Basée sur la technologie du « blockchain », elle donne une autonomie complète aux organisateurs d’événements, lesquels ne doivent plus passer par un revendeur tiers de billets. C’est elle qui gère désormais les ventes, les remboursements des billets d’accès, mais aussi toutes les autres transactions financières sur le site de l’événement. Cela permet d’y inclure les commerces locaux qui offrent divers services complémentaires. Ou encore d’empêcher l’achat massif de tickets d’entrée dès l’ouverture de la billetterie par des tiers soucieux, ensuite, de les revendre à un prix fort. « Avec cette technologie, chaque billet est horodaté et unique », précise Harold Kinet, le patron de l’entreprise qui propose ce service. « L’organisateur maîtrise tous les flux financiers qui passent par une simple appli, pour le festivalier ».

Regarder, mais ne pas (plus) toucher

Les écrans géants et la navigation « touchless » (sans contact) sont également des solutions élégantes mises au point en Wallonie. L’exemple à suivre ici est l’entreprise montoise Hovertone.

« Nous développons de nouvelles formes d’interactions pour le public », explique Nicolas d’Alessandro, un des deux cofondateurs de l’entreprise. « Dans les expos, les visiteurs en ont (déjà !) marre de pianoter sur une tablette qu’on leur remet à l’entrée pour déclencher une certaine interaction avec ce qu’ils vont découvrir. Nous proposons des écrans interactifs géants, de 12 mètres de long, et des modes d’interactions sans contact. Nous développons de nouvelles technologies et créons, par la même occasion, de nouvelles expériences, de nouvelles émotions pour les visiteurs des musées, des expos ». La jeune entreprise séduit. On retrouve déjà sa technologie à Bozar, pour l’expo Van Eyck, ou encore à l’Euro Space Centre, à Redu.

Lors de la première séance de pitchs, c’est finalement IONNYK qui a décroché la timbale. Son projet se base sur une technologie hardware innovante et un recours à la « blockchain ».

Ce que Mathieu Demeuse propose, c’est, d’une part, un cadre connecté de très haute définition à accrocher, par exemple, dans son salon et dont la technologie s’inspire du papier électronique; et d’autre part, un système d’achat de photos de grande qualité via un système d’achat sécurisé. « Notre cadre consomme 99% d’énergie en moins qu’une technologie d’affichage plus classique », dit-il. « Quant aux revenus, ils sont partagés à 50% avec les photographes qui proposent leurs œuvres dans nos collections ». Bien entendu, l’abonné a le loisir de changer régulièrement de photographies.

Le dynamisme de ces start-ups belges du secteur des industries culturelles et créatives est ébouriffant. Le « Village Francophone » a permis d’en prendre le pouls. Pour le Ministre-Président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, le libéral Pierre-Yves Jeholet, cela ne fait aucun doute. Dès l’année prochaine, il compte bien être présent au Texas pour la prochaine édition en présentiel de South by South West. De quoi rebaptiser ce festival de la high-tech créative « South by Wallonia » ? Le label a déjà cours cette année !

 

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