Pour quelques jours, les serres royales de Laeken ouvrent leurs portes au public. Une occasion unique de découvrir un patrimoine belge historique, tant architectural que botanique.
« C’est en 1873 que l’architecte Alphonse Balat a dessiné pour le Roi Léopold II cet ensemble de serres entièrement composées de verre et d’acier », explique Michel Dekens, régisseur du domaine royal de Laeken. « Le complexe était à l’époque unique dans le pays, tant par ses dimensions que son architecture. Il est sorti de terre en une trentaine d’années ».
Balat, précurseur de l’Art Nouveau
La superficie des serres royales de Laeken totalise aujourd’hui 1,5 hectare. Conçu au départ par Guillaume Ier comme une immense orangerie, ce n’est donc que sous Léopold II que l’endroit acquit son actuelle envergure, par l’adjonction d’un jardin d’hiver en forme de dôme relié à une trentaine de pavillons dessinés par Balat.
[supercarousel id=6339]
Précurseur de l’Art nouveau (il fut le maître de Victor Horta), Alphonse Balat a été formé à Namur et à Anvers. Il s’est établi successivement à Namur (1840) puis à Bruxelles (1846). Quelques années plus tard, il devint l’architecte du duc de Brabant. Lors de l’accession de celui-ci au trône (sous le nom de Léopold II), Balat fut confirmé comme architecte du Palais royal (1866-1895). C’est à ce titre qu’il effectua de nombreux travaux d’aménagements pour les palais de Laeken et de Bruxelles, ainsi que pour les propriétés de la Couronne.
L’atelier de sculpture de la Reine Elisabeth
L’ensemble du complexe des serres royales a été complété en 1938 par un bâtiment voulu par la reine Élisabeth: un atelier de sculpture. Il jouxte la Serre des Azalées, située non loin du Pavillon des Palmiers. La Reine y travailla abondamment. Elle y résida même une dizaine d’années, jusqu’en 1951. On découvrira d’ailleurs dans la serre des Azalées une de ses oeuvres, le buste en bronze de Louis Paras, le jardinier en chef du domaine royal entre 1921 et 1939.
Les collections de plantes abritées dans ce village de verre et d’acier sont elles aussi remarquables.« Nous ne sommes pas directement impliqués dans des programmes de recherche scientifique », souligne Michel Dekens. « Cependant, nous collaborons régulièrement avec diverses institutions, comme le Jardin Botanique de Meise, tout proche. Cela se traduit par des échanges de spécimens, notamment ».
Des centaines de camélias
Parmi les pièces exceptionnelles des collections royales, le régisseur du domaine royal de Laeken pointe volontiers les 41 orangers. “Certains ont plus de 200 ans”, assure-t-il. “Nous disposons aussi d’une belle collection de camélias. Actuellement, nous disposons de plus de 300 spécimens, dont 120 ont retrouvé leur nom de variétés ou de cultivars. Mais à l’époque du Roi Léopold II, qui leur vouait une véritable passion, les serres abritaient plus de mille plantes de ce genre ». À noter également, la collection de palmiers qui vient encore de s’enrichir de six nouvelles variétés.
100.000 visiteurs par an
L’équipe des Serres royales de Laeken assure une double mission, celle de la préservation d’un patrimoine végétal important, mais aussi d’un patrimoine architectural légué par le roi Léopold II.
Ce double joyau est à découvrir dès aujourd’hui et pendant trois semaines. La visite est gratuite, mais les places sont néanmoins « chères ». Chaque année, les serres royales de Laeken drainent plus de 100.000 visiteurs.
La serre du Congo est en rénovation
Une des serres du complexe, la serre du Congo (930m2 de superficie), est actuellement en rénovation. Construite entre 1886 et 1888 sur base des plans de l’architecte Alphonse Balat, elle se présente, au sol, comme un carré de 30 mètres sur 30 m couronné d’une coupole octogonale.
Cette serre que le roi Léopold II voulait consacrer aux végétaux provenant du bassin du Congo, mais qui a rapidement accueilli d’autres plantes subtropicales, a souffert de la condensation qui a corrodé sa structure métallique. Entamés il y a un an, les travaux devraient prendre fin d’ici l’automne 2015. Un guide des serres royales de Laeken, signé Irene Smets, et abondamment illustré par les photographies de Karin Borghouts, relate, notamment, l’histoire de la serre du Congo.