Tous les cinq ans, le Fonds de la Recherche Scientifique (FNRS) met à l’honneur des chercheurs et chercheuses de la Fédération Wallonie-Bruxelles à travers ses Prix Quinquennaux. Ces distinctions remises depuis 1960 visent à reconnaître et à récompenser des carrières scientifiques d’exception. Elles sont réservées soit à des personnalités belges, soit à des personnalités de nationalité étrangère, régulièrement attachées, depuis au moins 5 ans, à une Institution d’enseignement universitaire ou un établissement scientifique de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ces Prix s’adressent aussi à des personnalités francophones attachées à un établissement scientifique fédéral.
En 2025, six nouveaux lauréats, actifs dans des domaines aussi variés que les sciences fondamentales, la médecine, les sciences sociales ou l’histoire, viennent enrichir cette galerie d’excellence. Ils ont été sélectionnés au terme d’un long processus par une trentaine d’experts internationaux réunis, au sein de six jurys indépendants.
Cette année, quatre de ces scientifiques sont issus de l’UCLouvain. L’annonce de leur sélection a été faite discrètement au début de l’été. Les lauréats recevront leur prix des mains du Roi en novembre 2025 lors d’une cérémonie officielle, en même temps que leurs collègues flamands récompensés par les « Excellentieprijzen » du FWO, le pendant flamand du FNRS. Chaque prix francophone est doté d’une somme de 75.000 euros. Les six lauréats issus de la Fédération Wallonie-Bruxelles sont les suivants:
L’information quantique : un pionnier récompensé
Le Prix en sciences exactes fondamentales revient à Nicolas Cerf, professeur à l’Université libre de Bruxelles (ULB) et directeur du Centre d’information et d’informatique quantiques. Reconnu comme l’un des pionniers de l’information quantique moderne, il a contribué à poser les bases d’un domaine aujourd’hui en pleine révolution : le traitement de l’information quantique à variables continues. Si le sujet peut paraître abstrait, ses retombées sont très concrètes : communications ultra-sécurisées, ordinateurs quantiques, cryptographie. Ses travaux, longtemps fondamentaux, sont désormais à la porte de nos réalités technologiques.
Protéger nos données, un enjeu crucial
Dans le domaine des sciences exactes appliquées, c’est François-Xavier Standaert, chercheur au sein du Crypto Group de l’UCLouvain, qui est distingué. Expert mondial de la cryptographie et de la sécurité des systèmes embarqués, il travaille sur la protection des données sensibles face aux cyberattaques. Ses recherches portent sur des solutions matérielles et logicielles capables de résister aux fuites d’information, un enjeu crucial à l’ère du numérique. Grâce à ses contributions, nos cartes bancaires, nos smartphones ou nos objets connectés peuvent être conçus avec un niveau de sécurité particulièrement élevé.
Un intestin en bonne santé, c’est une révolution scientifique
Du côté des sciences biomédicales fondamentales, le Prix revient à Nathalie Delzenne, professeure à l’UCLouvain et chercheuse au sein du Louvain Drug Research Institute. Elle est reconnue internationalement pour ses travaux novateurs sur le microbiome intestinal, ce vaste univers de bactéries qui peuple notre tube digestif. Elle a montré l’impact de ce microbiote sur de nombreux aspects de notre santé : obésité, diabète, troubles métaboliques, voire santé mentale. Son approche ouvre la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques, avec des implications majeures pour la santé publique.
Comprendre les maladies du foie pour mieux les soigner
Le Prix dédié aux sciences biomédicales cliniques distingue quant à lui Peter Stärkel, professeur et chef de clinique à l’UCLouvain. Spécialiste des maladies chroniques du foie liées à la consommation d’alcool, il mène une recherche dite translationnelle, c’est-à-dire à l’interface entre les laboratoires et les hôpitaux. Ses travaux permettent de mieux comprendre les mécanismes biologiques de ces pathologies graves et souvent stigmatisées, et de proposer des traitements mieux ciblés.
Observer les dynamiques du développement dans le monde
Le Prix en sciences sociales est attribué à Jean-Marie Baland, professeur d’économie à l’Université de Namur. Ses recherches mêlent analyses théoriques rigoureuses et enquêtes de terrain, notamment en Inde, au Népal, au Kenya ou encore au Chili. Il s’intéresse à la lutte contre la pauvreté, à la gestion des ressources naturelles et au développement économique. En explorant de nouvelles méthodes, il a réussi à faire le lien entre modèles économiques et réalités vécues par les populations. Son travail bénéficie d’une large reconnaissance internationale et contribue à éclairer les politiques de développement.
Redécouvrir le rôle du monde arabo-musulman dans l’histoire des sciences
Enfin, le Prix en sciences humaines est décerné à Godefroid de Callataÿ, historien à l’UCLouvain. Spécialiste du monde arabo-musulman médiéval, il s’intéresse à l’histoire des idées, notamment scientifiques. Ses recherches permettent de mieux comprendre le rôle fondamental joué par les savants musulmans dans la transmission des savoirs antiques et le développement des sciences en Occident. En replaçant ces contributions dans leur contexte historique, il contribue à une vision plus juste et plus complète de l’histoire de la science.
Du côté flamand, les prix d’excellence du FWO seront remis au Pr Michel Van den Bergh (UHasselt), à la Pre Ingrid Verbauwhede (KU Leuven), au Pr Johan Neyts (KU Leuven), au Pr Frédéric Amant (KU Leuven) ainsi qu’aux Prs Bence Nanay (UAntwerpen) et Stefaan Walgrave (UAntwerpen).