Le coronavirus, c’est aussi une épidémie d’informations

20 mai 2020
par Daily Science
Temps de lecture : 4 minutes

Selon l’OMS, à la pandémie de covid-19 s’ajoute une autre épidémie : celle de l’information de masse. Cet énorme et incessant flux de nouvelles, vraies et fausses, est difficile à gérer par certains et peut être responsable de comportements à risques. Des scientifiques de l’UCLouvain étudient l’évolution de ce flux massif , ainsi que son impact sur les comportements et le niveau d’anxiété au sein de la population. Les premiers résultats sont interpellants.

Une étude interdisciplinaire coordonnée par 4 scientifiques de l’UCLouvain, Grégoire Lits, Amélie Cougnon, Alexandre Heeren et Bernard Hanseeuw, a mesuré l’évolution de cette « infodémie », entre le 30 mars et le 10 avril, auprès de 1 817 Belges francophones. L’étude entame sa 2e phase, jusqu’au 25 mai.

Les aînés davantage crédules en les « fake news »

Les premiers résultats révèlent que deux tiers des Belges (67%) s’informent principalement uniquement via les médias traditionnels (TV, radio, journaux). Un sur quatre (24%) combine médias traditionnels et réseaux sociaux. On observe de fortes différences entre les générations.

Alors qu’un Belge francophone sur 2 partage des infos sur le coronavirus sur les réseaux sociaux ou messageries type WhatsApp, 10,4 % des répondants reconnaissent avoir partagé par inadvertance de fausses informations. Cela correspond à environ 214.000 personnes…

Les jeunes sont 62 % à avoir conscience d’avoir été exposés à de fausses informations (contre 49 % pour l’ensemble de la population et 18 % pour les 66 ans et +). Les personnes âgées de plus de 66 ans constituent le groupe le plus à risque dans l’ « infodémie ». 4 seniors sur 10 (38 %) partagent des infos sur les réseaux sociaux et parmi eux, 25 % reconnaissent avoir partagé des contenus faux.

« Le groupe le plus à risque dans l’ « infodémie » est le même que celui le plus exposé à l’épidémie de Covid-19, il s’agit des 66 ans et plus. Contrairement aux idées reçues, les jeunes ne sont pas les plus susceptibles de partager ou de croire des « fake news » circulant sur les réseaux sociaux. Ils semblent faire une utilisation de ces réseaux plus critique que leurs aînés. Ils sont également les plus nombreux à faire confiance aux experts et aux scientifiques comme source d’information de qualité », explique Grégoire Lits, chercheur UCLouvain en communication.

Après deux à trois semaines de confinement, un Belge sur quatre (25%) exprime un niveau d’anxiété avéré. Cette proportion est la plus élevée chez les moins de 26 ans (un jeune sur trois, 34%) © UCLouvain

La confiance en les experts de la santé rime avec niveau d’anxiété élevé

Après deux à trois semaines de confinement, 1 Belge sur 4 éprouvait un niveau d’anxiété élevé ou très élevé, particulièrement chez les – de 26 ans (1 jeune sur 3). Le niveau d’anxiété est également plus élevé chez les femmes, chez les personnes qui perçoivent le virus comme une menace importante pour leur intégrité physique ou psychologique. Mais aussi chez celles qui estiment manquer d’informations pour comprendre les enjeux que pose la crise sanitaire.

Une confiance plus importante dans les experts et professionnels de la santé est également associée à un niveau d’anxiété plus élevé. Ils constituent la source d’information à laquelle les Belges francophones font le plus confiance (83 %).

57% des Belges francophones sont d’accord avec l’idée que “Dans le climat de crise actuelle, nous devrions uniquement faire confiance aux experts pour prendre les décisions. Le gouvernement devrait simplement les appliquer © UCLouvain

« L’existence d’un lien, et ce que quel qu’en soit la direction, entre le niveau d’anxiété et la confiance envers les professionnels de la santé, qui nous rappellent quotidiennement l’existence et le devenir de ce danger incertain qu’est le COVID-19, est compréhensible vu la fonction de l’anxiété dont la valeur adaptative est avant tout la planification et la préparation à ces dangers potentiels et incertains », explique Alexandre Heeren, spécialiste de l’anxiété à l’UCLouvain.

Un Belge sur trois (32%) estime que le Gouvernement cache des informations importantes au sujet du coronavirus. Un sur quatre (26%) ne se prononce pas © UCLouvain

Au contraire, une plus grande confiance dans les mesures prises par le gouvernement pour faire face à l’épidémie ou le fait de croire que le virus est le fruit d’un complot politique est associée à un plus faible niveau d’anxiété. A noter que 81 % des répondants jugent le gouvernement fédéral comme une source d’information fiable. C’est un niveau plus élevé que celui accordé à l’ensemble des médias traditionnels.

Haut depage