La demande mondiale de pétrole sera couverte sans difficulté jusqu’en 2040 estime l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) dépendant de l’OCDE, l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques. Le gaz ne manquera pas.
L’évolution de la consommation et de la production de ces énergies fossiles est scrutée par Jean-Pierre Schaeken Willemars dans «Pic pétrolier, pic gazier: sans cesse reportés» de la collection L’Académie en poche. L’ingénieur préside le pôle Énergie, Climat, Environnement de l’Institut Thomas More. Un groupe de réflexion européen indépendant basé à Bruxelles et Paris.
«La croissance nette de la demande de pétrole durant les prochaines décennies proviendra essentiellement des pays non-OCDE», relève l’ancien enseignant de l’Université Catholique de Louvain (UCL).
«Dans l’Union européenne, la directive sur les énergies renouvelables ainsi que la politique bas carbone devraient conduire à une diminution importante de consommation. Le pétrole sera encore en 2040 le combustible principal pour les déplacements automobiles de longue distance. Et pour le transport par route des marchandises.»
Les prix dégringolent dangereusement
Le prix du baril de pétrole de 159 litres s’effondre… «Un bas prix est évidemment avantageux pour les pays consommateurs. Une baisse de 100 à 60 dollars le baril donne lieu, pour l’Europe, à une augmentation du PIB de 1%, de 1,6% pour le Japon et de 0,7% pour la Chine. Par contre, des bas prix poussent les exploitants à tailler dans les dépenses. Voire à arrêter la production de certains puits.»
Les pays du golfe Persique ont les meilleurs gisements. Mais les bas prix les contraignent à prélever sur les réserves pour financer leur politique intérieure. L’équilibre budgétaire en Iran serait atteint avec un prix de plus de 130 dollars le baril. Tandis que pour le Qatar, 65 dollars suffiraient.
«Même l’Arabie saoudite est affectée. Son déficit budgétaire est estimé à 20% en 2015. Toutefois, ses énormes réserves financières lui permettent d’assurer la paix sociale et d’éviter un printemps arabe pour quelque temps encore. Quant aux États-Unis, le marché déprimé a déjà eu un impact sur le nombre de plateformes d’exploitation qui a diminué de 40% depuis le début de l’affaissement des prix. Malgré tout, pour l’instant, la production de pétrole n’a pas été sensiblement affectée grâce, notamment, à l’augmentation significative de la productivité des puits.»
Le gaz deviendra le combustible dominant
La consommation mondiale de gaz naturel continue à croître. Pour les 34 pays membres de l’OCDE, le gaz dépassera le pétrole comme combustible dominant dès 2031. Les réserves de gaz conventionnel, extrait des puits par pression naturelle après forage, sont estimées par l’AIE à environ 56 fois la production globale annuelle actuelle. Celles de l’Arctique représentent approximativement un quart des réserves mondiales. Elles se trouvent essentiellement en zone russe. Les trois réserves les plus importantes sont localisées en Russie, Iran et au Qatar.
Les États-Unis misent sur la production du gaz non conventionnel piégé dans des roches peu perméables. En Europe, cette exploitation est incertaine. Des groupes de pression ralentissent les projets de fracturation hydraulique. La Grande-Bretagne est un des rares pays à continuer à croire que l’exploitation du gaz non conventionnel serait hautement profitable pour son économie. L’Allemagne évolue prudemment vers une levée du bannissement de l’exploitation du gaz de schiste par fracturation hydraulique.
Selon Jean-Pierre Schaeken Willemars, «L’option la plus sûre pour la fourniture de grandes quantités de gaz vers l’Europe dans les prochaines années est le transport par bateau sous forme de Gaz Naturel Liquéfié. Cette exportation de GNL est d’ailleurs avantageuse pour les États-Unis. Malgré les craintes d’une réduction de la fourniture domestique de gaz et d’une augmentation du prix pour les consommateurs américains. Le niveau des exportations serait naturellement limité par la concurrence d’autres fournisseurs dans le monde. Ainsi que par la fourniture provenant de récentes découvertes offshore en Afrique de l’Est et dans l’est de la Méditerranée.»