Le Brexit dur aura des conséquences sur la santé cardiaque des Britanniques

21 mars 2019
par Daily Science
Durée de lecture : 4 min

Le Brexit, la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE), aura de profondes implications pour de nombreux secteurs. Peu d’études ont examiné l’impact potentiel de cet événement sur la santé de la population. Tel est pourtant l’exercice auquel viennent de se livrer plusieurs chercheurs outre-Manche. Leur constat? La sortie du Royaume de l’Union Européenne pourrait entraîner des milliers de décès supplémentaires dus à une maladie cardiaque ou à un accident vasculaire cérébral.

Leur analyse montre que les prix des fruits et légumes devraient augmenter fortement au Royaume-Uni, après le Brexit. Ce qui entraînera une baisse substantielle de leur consommation et par la même occasion, une hausse des maladies cardio-vasculaires.

Plus de 80% des fruits sont importés

Le Royaume-Uni est fortement dépendant des importations de fruits et légumes: 84% et 48%, respectivement, en 2017, notent les chercheurs. Et les coûts de ces importations vont augmenter considérablement après le Brexit.

Une sortie de l’Union « sans accord » sera le plus coûteux et le plus dommageable pour la santé publique, générant environ 12 400 décès supplémentaires dus à des maladies cardiovasculaires au cours de la prochaine décennie en Angleterre.

Quatre scénarios sur la table

Pour résoudre ce problème, les chercheurs ont utilisé le modèle de politique alimentaire IMPACT, qui combine un large éventail de données sur l’apport alimentaire, l’économie et la santé, pour estimer les impacts potentiels de quatre types différents de Brexit.

Leurs quatre scénarios étaient les suivants :

– accord de libre-échange avec l’UE et la moitié des pays non européens qui ont conclu des accords commerciaux avec l’UE

– accord de libre-échange avec l’UE uniquement

– un Brexit sans accord, sans arrangements préférentiels avec aucun pays, et la nécessité recourir aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC)

– un « régime commercial libéralisé » selon lequel le Royaume-Uni négocie en vertu des règles de l’OMC, mais n’a pas de droit de douane sur les importations de fruits et légumes

Les scénarios supposaient une augmentation des tarifs commerciaux et des coûts supplémentaires occasionnés par les contrôles aux frontières, que le Royaume-Uni devra payer pour les marchandises importées après le Brexit.

Flambée des prix pour les tomates et les bananes 

Leurs calculs ont montré qu’un Brexit sans accord conduirait aux plus fortes hausses de prix:  17% pour les bananes,  plus de 14% pour les agrumes et près de 15% pour les tomates.

La consommation de fruits et de légumes, qui est déjà inférieure aux niveaux recommandés pour plus de la moitié de la population du Royaume-Uni, serait encore davantage impactée par chacun de ces scénarios.

Mais là encore, un Brexit sans accord serait associé à la plus forte baisse prévue: environ 11,4% pour les fruits et un peu plus de 9% pour les légumes.

Les calculs montrent que le nombre de décès associés à une cardiopathie et à un accident vasculaire cérébral augmenterait pour chaque scénario modélisé du Brexit, mais qu’un scénario «sans d’accord» serait le plus préjudiciable. Il entraînerait 12.400 décès supplémentaires entre 2021 et 2030, soit une augmentation de près de 2%, estiment les chercheurs.

Prévoir une augmentation potentielle annuelle de 2% de la production de fruits et légumes locaux pour contrer les importations plus coûteuses n’a pas eu d’incidence importante sur leurs estimations.

Risque d’évaporation du contingent des 80.000 travailleurs saisonniers

« Ces données ne sont que des projections potentielles », disent encore les chercheurs. « Il y aura probablement d’autres effets du Brexit sur la production et la consommation de biens alimentaires », ajoutent-ils.

« Environ 80 000 travailleurs saisonniers, issus pour la plupart des pays de l’UE, sont habituellement recrutés chaque année pour la récolte de produits locaux.

Sans leur libre circulation autorisée par les règles du marché unique de l’UE, la disponibilité de produits frais cultivés dans le pays devrait aussi diminuer, entraînant une nouvelle hausse des prix »…

 

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