L’Art au service de l’art de guérir

21 juin 2017
par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 3 min

Des écorchés plus vrais que nature, des représentations de corps humains dépouillés de leur peau pour laisser apparaître le système musculaire, des leçons d’anatomie présentées sous forme d’huiles sur toile. Depuis des siècles, les liens entre médecine et art sont serrés.

 

L’art de guérir qui s’expose cet été à Liège le prouve à suffisance. L’exposition proposée à la Boverie à l’occasion des trente ans du Centre Hospitalier Universitaire de Liège (CHU) remonte le temps sur 500 ans. Elle est didactique, historique et bien sûr… artistique.

 

« Le docteur » (détail) vers 1659. Huile sur toile de Van Staveren. Musée de Lakenhal, Leyde.
« Le docteur » (détail) vers 1659. Huile sur toile de Van Staveren. Musée de Lakenhal, Leyde.

 

« La Leçon d’Anatomie. 500 ans d’histoire de la médecine » s’articule en trois grands tableaux, explique Marie-Hélène Joiret, commissaire de l’exposition. « On y propose une confrontation entre des œuvres d’art abstrait et des images prises au microscope au Giga (Grappe interdisciplinaire de Génoprotéomique Appliquée), de l’Université de Liège. On y confronte des œuvres contemporaines et anciennes portées par la thématique médicale. On y découvre aussi un cabinet de curiosités où l’art s’est mis au service de la didactique appliquée à l’anatomie ».

 

Selfie antique ? Cette oeuvre intitulée « Le guerrier combattant dit Gladiateur Borghèse » est un plâtre polychrome de 1827 qui fait partie des collections de la Faculté de médecine de l’Université de Montpellier
Selfie antique ? Cette œuvre intitulée « Le guerrier combattant dit Gladiateur Borghèse » est un plâtre polychrome de 1827 qui fait partie des collections de la Faculté de médecine de l’Université de Montpellier.

 

Parmi les œuvres modernes proposées, on appréciera sans aucun doute cet ensemble de récipients en verre rempli d’un liquide rouge clair symbolisant la quantité de sang pompée par notre cœur en une heure et 28 minutes. La structure, signée Laurence Dervaux, est monumentale et fragile. Elle incarne la grandeur et la fragilité de l’édifice humain.

 

« La quantité de sang pompé par le coeur humain en une heure et vingt-huit minutes ». Oeuvre de Laurence Dervaux (2003).
« La quantité de sang pompé par le cœur humain en une heure et vingt-huit minutes ». Œuvre de Laurence Dervaux (2003).

 

Cette hémoglobine est loin d’être la seule œuvre qui retient l’attention. L’anatomie occupe une large place dans l’exposition (et pour cause!). Clairement, nombre d’artistes ont mis leur savoir-faire au service de la pédagogie. Ils montrent comment le corps fonctionne, comment on les soigne, les ausculte, les étudie.

 

Paul Poirier vérifiant une dissection (1886) par Georges Chicotot. Collection de la Faculté de médecine de l’Université de Montpellier.
« Paul Poirier vérifiant une dissection » (1886) par Georges Chicotot. Collection de la Faculté de médecine de l’Université de Montpellier.

 

Mais ils montrent aussi, anciens comme modernes, les émotions que cela génère. Autant chez les patients (voire les cadavres) que chez les maîtres et leurs élèves.

 

« L’arracheur de dents », vers 1627. Huile sur Toile de Van Honthorst. Musée du Louvre, Paris.
« L’arracheur de dents », vers 1627. Huile sur Toile de Van Honthorst. Musée du Louvre, Paris.

 

Les quelque 120 œuvres proposées proviennent de prêts d’artistes contemporains, de collectionneurs, d’institutions belges et étrangères, mais aussi, bien entendu, du CHU de Liège. Un Centre hospitalier qui dès sa conception a privilégié l’intégration, en ses murs, d’œuvres d’art.

 

« Gagnant, hommage au second (souffle) », 2010, par l’artiste anversois Werner Moron.
« Gagnant, hommage au second (souffle) », 2010, par l’artiste anversois Werner Moron.
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