Il y a 10 ans, l'astronaute belge de l'ESA Frank de Winne réalisait une longue mission en orbite. © NASA
Il y a 10 ans, l'astronaute belge de l'ESA Frank de Winne réalisait une longue mission en orbite. © NASA

L’Europe spatiale rêve de la Lune

21 juin 2019
par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 3 min

Il y a dix ans, Frank de Winne, le second astronaute belge de l’Agence spatiale européenne (ESA), effectuait sa seconde mission spatiale : un séjour de six mois à bord de la Station spatiale internationale. Pour fêter l’événement, celui qui est aujourd’hui le directeur du centre des astronautes de l’ESA, était de passage à Bruxelles avec quelques collègues, histoire de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur, mais aussi de parler de l’avenir.

Et l’avenir sera notamment lunaire. « Nous voulons jouer un rôle de pointe dans l’exploration de notre satellite naturel », indique David Parker, le directeur des vols habités et de l’exploration robotique de l’ESA.

Retour sur la Lune en 2024

« Les Etats-Unis viennent d’annoncer leur projet de retourner sur la Lune en 2024. Aujourd’hui, l’heure n’est plus à la compétition, comme il y a 50 ans, avec le programme Apollo, mais bien à la coopération internationale. L’Europe spatiale veut participer à cette nouvelle aventure », explique David Parker. Et le directeur de l’ESA de préciser que le Canada a déjà indiqué son intérêt pour cette initiative, de même que le Japon.

En réalité, les partenaires de la Station spatiale internationale s’impliquent tous dans le projet de « passerelle » (« Gateway »). Cette station orbitale lunaire devrait servir de base aux astronautes chargés d’explorer la Lune.

© ESA

« On pourrait envisager une première mission lunaire humaine en 2024 d’une durée d’une semaine », estime David Parker. « Et ensuite, une par année, avant de décider de construire une base habitée à la surface de la Lune », estime David Parker.  « Le Gateway lunaire est la prochaine grande étape de l’exploration humaine et nous travaillons pour que l’Europe en fasse partie », insiste-t-il. Le premier module de ce Gateway devrait être placé en orbite autour de la Lune dans deux ans.

Trajectoire translunaire 

Le vaisseau spatial Orion de la NASA sera chargé de transporter les astronautes depuis la Terre vers ce « Gateway ». Orion est alimenté par le module de service européen. C’est lui qui donnera au véhicule habité la poussée finale pour l’injecter sur une trajectoire translunaire.

Ce n’est là qu’une des implications de l’Europe dans cette nouvelle exploration de la Lune. Le Gateway pourra aussi servir de plateforme pour des missions robotiques, techniques ou scientifiques, sans la présence d’astronautes à bord.

Cette structure devrait également permettre de gagner en expériences, afin de préparer l’exploration plus lointaine. On pense à Mars, par exemple.

La participation potentielle de l’ESA dans le Gateway porte notamment sur le module ESPRIT, destiné à assurer les communications et le ravitaillement en carburant de cette station orbitale lunaire, mais aussi un sas scientifique, utilisé pour le déploiement des charges utiles.

Nouveau recrutement d’astronautes

Si le projet va de l’avant, l’ESA devrait aussi lancer un nouveau recrutement d’astronautes dès l’année prochaine. « Actuellement, le corps des astronautes comprend encore sept membres », précise Frank de Winne. « Si à la fin de cette année, les pays membres de l’ESA donnent leur feu vert, pour les projets d’exploration lunaire, nous pourrions alors lancer une nouvelle procédure de recrutement ».

Des astronautes qui iraient sur la Lune ? Frank de Winne serait même candidat, si on le lui proposait. Encore faut-il que le Conseil des ministres européen de l’espace, prévu en novembre prochain à Séville (et baptisé « Space19+ »), donne son feu vert pour ces projets d’exploration et en assure aussi le financement. Nous avons besoin d’1,8 milliard d’euros en trois ans pour ces projets », conclut David Parker.

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