Pas moins de 58 % des espèces d’arbres sauvages en Europe sont menacées d’extinction. Le nouveau rapport sur l’état des arbres dans le monde, publié par Botanic Gardens Conservation International (BGCI), fait froid dans le dos. Il est le fruit de cinq années de recherches internationales, auxquelles le Jardin botanique de Meise a apporté une contribution importante, visant à identifier les principales lacunes dans les efforts de conservation des arbres.
Un déclin global
Une étude des 60 000 espèces d’arbres dans le monde montre que 30 % d’entre elles (17.500 espèces) sont actuellement menacées d’extinction. Cela signifie qu’il y a deux fois plus d’espèces d’arbres menacées dans le monde que l’entièreté des mammifères, oiseaux, amphibiens et reptiles menacés.
Plus de 440 espèces d’arbres sont en voie d’extinction. « Ce qui signifie qu’il reste moins de 50 spécimens à l’état sauvage. Ceux-ci sont présents dans le monde entier : du cèdre du Mulanje au Malawi, dont il ne reste que quelques spécimens sur le mont Mulanje, à l’alani (Melicope balloui) qui ne se trouve qu’à Hawaï et n’a pas été vu à l’état sauvage récemment. »
Si une espèce d’arbre disparaît, c’est tout un écosystème qui disparaît avec lui.
Une lueur d’espoir
Toutefois, l’espoir est de mise pour l’avenir, car les efforts de conservation menés par la communauté botanique augmentent dans le monde entier.
Identifier les arbres en danger et veiller à ce qu’ils soient protégés est le moyen le plus efficace de prévenir l’extinction et de restaurer les espèces menacées. Le rapport montre qu’au moins 64 % de toutes les espèces d’arbres peuvent être trouvées dans au moins une zone protégée, et environ 30 % dans des jardins botaniques, des banques de graines ou d’autres collections ex-situ, mais que des mesures supplémentaires sont nécessaires.
Meise se focalise sur l’Afrique centrale
Cette évaluation de la situation des arbres dans le monde rassemble les recherches de plus de 60 partenaires institutionnels, dont des jardins botaniques, des institutions forestières et des universités du monde entier, et de plus de 500 experts.
Des chercheurs du Jardin botanique de Meise, ainsi qu’un groupe d’environ 20 chercheurs internationaux, ont étudié spécifiquement la situation des espèces d’arbres dont la distribution est limitée à l’Afrique centrale (République démocratique du Congo, Rwanda et Burundi).
Sur près de 347 espèces d’arbres, 226 (65%) se sont avérées être en danger d’extinction. Parmi celles-ci, 42 (12%) étaient en danger critique d’extinction, dont 24 sont probablement déjà éteintes.
Surexploitation et mauvaise gestion
Une espèce d’arbre sur cinq est directement utilisée par l’homme pour la nourriture, le combustible, le bois, la médecine, l’horticulture, etc. « Malgré leur valeur, de nombreux sont menacées d’extinction en raison de la surexploitation et de la gestion inadéquate des zones protégées. »
« Les principales menaces sont la perte de leur habitat due à l’agriculture et au pâturage, principalement liée à l’augmentation de la population, suivie de la surexploitation par l’exploitation forestière et la récolte. Le rapport montre qu’un arbre sur trois, actuellement utilisé pour l’exploitation forestière, est en danger d’extinction », notent les chercheurs.
Le changement climatique est une menace croissante
Le changement climatique et les phénomènes météorologiques extrêmes sont des menaces émergentes à travers l’ensemble du globe.
« Avec l’évolution des températures mondiales et des conditions météorologiques, de nombreux arbres risquent de perdre des zones d’habitat approprié. Les zones tempérées et tropicales sont particulièrement affectées, avec comme victimes premières les espèces de la forêt de nuages d’Amérique centrale. »
« Au moins 180 espèces d’arbres sont directement menacées par l’élévation du niveau de la mer et les conditions météorologiques extrêmes. Cette menace est la plus grande pour les espèces insulaires, notamment des magnolias dans les Caraïbes. »
« L’augmentation du nombre d’incendies est, quant à elle, une menace majeure pour la végétation arboricole de Madagascar et s’est également avérée être un risque pour les chênes américains et hêtres du Sud (Nothofagus) en Australie et en Amérique du Sud. À l’échelle mondiale, les changements d’affectation des sols en faveur de l’agriculture, combinés à la hausse des températures, augmentent encore le risque de feux de forêt », analysent les chercheurs.
Des piliers de la vie sur Terre
Or les arbres sont l’épine dorsale de l’écosystème naturel. Ils stockent 50 % du carbone de la Terre et servent de tampon contre les phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les ouragans et les tsunamis.
« De nombreuses espèces d’arbres menacées fournissent un habitat et de la nourriture à des millions d’autres espèces d’oiseaux, de mammifères, d’amphibiens, de reptiles, d’insectes et de micro-organismes. L’extinction d’une seule espèce d’arbre peut provoquer un effet domino et catalyser la perte de nombreuses autres . »
« Un tiers des espèces d’arbres sont menacées d’extinction. Tout comme les animaux, lesquels focalisent généralement l’attention, ils nécessitent une action pour éviter leur extinction », concluent les chercheurs.