Elle est pas belle mon expo?

23 juin 2015
par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 4 min

Petite ou ambitieuse? Basique ou technologique? Avec ou sans visites guidées? La semaine dernière, les acteurs de la promotion et de la diffusion des Sciences de la Région Wallonne, souvent des ASBL ou des équipes de diffusion des sciences liées à l’une ou l’autre université de la Fédération Wallonie Bruxelles (FWB), avaient rendez-vous à Namur.

Au menu, une journée studieuse, consacrée en partie à la problématique de la mise sur pied d’une exposition scientifique.

Pour les « passeurs de sciences » wallons, monter une exposition est toujours un défi. Et une exposition scientifique qui marche, une expo « efficace », cela ne se construit pas du jour au lendemain. D’où les échanges de bonnes pratiques et les quelques trucs et recettes diffusés lors de cette rencontre namuroise.

Six expositions en un an

Dans le domaine des expositions scientifiques, l’Université de Mons (UMONS), via SciTech2, son antenne de promotion de la recherche, a déjà acquis une belle expérience en la matière. Au cours de ces douze derniers mois, elle a monté pas moins de six expositions aux ambitions et aux moyens divers: « la France gastronomique », « Explorer l’invisible 2015 », « Hypergothique » ou encore « les Grandes Découvertes »…

 

« Il y a les expositions récurrentes, comme le pendule de Foucault, qui reviennent tous les deux ans et qui à chaque fois bonifient », explique le Dr Francesco Lo Bue (SciTech2). « Il y a des expositions plus modestes, comme la France gastronomique, et d’autres franchement plus ambitieuses et qui ont tout pour durer sur le long terme, comme « Hypergothique », à la Collégiale Ste-Waudru ».

Une question de budget mais aussi d’inventivité

Pour réussir, il faut disposer de moyens. « Hypergothique », qui entre dans le cadre des événements liés à « Mons, ville européenne de la Culture 2015 », affiche un budget global de quelque 200.000 euros. « Explorer l’invisible 2015 », qui a réuni des images scientifiques provenant des cinq universités de la FWB disposant d’une faculté des Sciences, n’a pas coûté plus de 5.000 euros.

Les expos à budgets modestes ne sont pas nécessairement les moins percutantes. La preuve par « Explorer l’invisible 2015 ». Les images de cette exposition qui s’est clôturée le 30 avril vont connaître une nouvelle vie cet été. Elles feront l’objet d’une certaine dynamisation, cet été à Mons, où elles serviront de matière première à un spectacle son et lumière : « City Ligths ». Un nouvel événement soutenu par l’Institut Numédiart de l’UMONS, qui avait déjà, en mars dernier, animé la façade de la Faculté polytechnique.

Les 14 fenêtres centrales du bâtiment étaient rétroéclairées par 14 projecteurs reliés à 14 ordinateurs en réseau. Le logiciel de mapping 3D autorisant la synchronisation des images, leur distorsion et leur fusion en temps réel.

Les bonnes questions de départ

« Avant de monter une exposition scientifique, il faut surtout commencer par arrêter toute une série de décisions de principe », précise Francesco Lo Bue, Docteur en physique. « Notre fil rouge, lors du développement de chaque nouveau projet, passe en revue diverses questions clés :

          1. Qu’expose-t-on?
          2. Où expose-t-on? 
          3. Comment et avec quels partenaires préparer cette exposition?
          4. Quel axe allons-nous suivre dans sa présentation?
          5. Que donne-t-on à lire aux visiteurs?
          6. Faut-il envisager des traductions? »

« Ces choix posés, l’équipe s’attelle ensuite à la fabrication de l’exposition. Cela comprend :

          1. Travail sur le contenu
          2. Collaboration avec un scénographe
          3. Rédaction de contenus
          4. Traductions
          5. Gestion des prêts
          6. Communication
          7. Animations »

« L’idée est à chaque fois d’interpeller, d’intéresser les visiteurs à certaines facettes des sciences, y compris humaines. C’est une manière efficace de distiller une certaine culture scientifique auprès d’un large public », conclut Francesco Lo Bue.

Le Dr Martine Jaminon (ULg), directrice de l’Embarcadère du Savoir, à Liège, abonde.

« C’est bien du point de vue du visiteur qu’il faut se placer », dit-elle. Par exemple en ne lui donnant pas trop à lire sur des panneaux explicatifs. L’aide d’un muséologue ou d’un scénographe apporte une plus-value certaine. Même si souvent, l’équilibre entre la lisibilité d’une exposition pour le grand public et les informations que les scientifiques souhaitent y faire passer sont souvent source de tension entre les promoteurs et les chercheurs » .

« Ce qui est important, c’est de remettre à chaque fois la science exposée dans son contexte, de rappeler que ce que l’on montre est le fruit d’un long processus ».

 

Comme rien ne vaut l’expérience personnelle, Daily Science vous emmènera cet été à la découverte des quelques expositions scientifiques à Bruxelles et en Wallonie. Histoire de juger sur pièces, mais surtout, de découvrir la science autrement.

 

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