Depuis 2013, le nombre de patients atteints de septicémies associées à l’hôpital n’évolue pas en Belgique. Des disparités existent cependant toujours entre les hôpitaux. « Il est important de se focaliser sur les améliorations à apporter afin de diminuer la quantité d’infections contractées dans les prochaines années. » C’est ce qui ressort du dernier rapport de Sciensano.
La septicémie est une infection généralisée du sang par un agent pathogène. Elle concerne les patients hospitalisés depuis au moins deux jours et ayant contracté une infection du sang sur place. Dans 39 % des cas, son origine se trouve dans l’utilisation d’un dispositif dit « invasif », c’est-à-dire du matériel de soins en contact direct avec le sang. Il s’agit notamment de cathéter veineux central (24%), de cathéter périphérique (3%), de sonde urinaire (9%) et de tube endotrachéal (3%).
Ces infections sont une source importante de morbidité et de mortalité en milieu hospitalier au vu du système immunitaire fragilisé des patients.
Le nombre de septicémies est stable …
En 2018, le nombre de septicémies associées à l’hôpital était de 8,6 cas pour 10.000 journées d’hospitalisation pour les septicémies associées à l’hôpital, tous services confondus. Et de 29,2 cas pour 10.000 journées d’hospitalisation pour les septicémies associées à l’unité de soins intensifs.
Depuis 2013, le nombre de septicémies associées à hôpital reste stable. « C’est une bonne chose que les chiffres soient stables, cela veut dire que le nombre d’infections n’augmente pas. Mais on peut se demander s’il n’y a pas des améliorations à faire, des actions à entreprendre, afin de diminuer le nombre de cas », précise Els Duysburgh, épidémiologiste chez Sciensano. Ce dernier est issu de la fusion entre l’ancien Centre d’Étude et de Recherches Vétérinaires et Agrochimiques (CERVA) et l’ex-Institut scientifique de Santé publique (ISP).
… malgré de grandes disparités entre les hôpitaux
Els Duysburgh estime que la situation peut s’améliorer puisqu’il existe des variabilités importantes entre les différents hôpitaux belges. « Certains types d’hôpitaux, comme les hôpitaux universitaires, sont plus enclins à obtenir des scores élevés au vu de la présence d’une population plus à risque (comme des personnes âgées, NDLR). Des disparités subsistent pourtant aussi parmi les différents hôpitaux d’un même type. » Les raisons pour lesquelles on trouve de bons comme de mauvais élèves restent actuellement inconnues.
Une stabilité qui nécessite des actions sur le terrain scientifique et dans les hôpitaux
Malgré la stabilité des résultats, les variabilités entre les hôpitaux montrent qu’il existe encore des marges de manœuvre afin de s’améliorer.
«Nous allons examiner plus en détail les résultats des hôpitaux aux scores atypiques pour vérifier les données transmises à Sciensano. Une fois ces données validées, les bons et les mauvais élèves pourront être comparés. Déterminer les causes de ces différences devrait permettre, si cela est possible, de réduire le nombre de septicémies et d’améliorer les résultats dans toute la Belgique», continue Els Duysburgh.
Les hôpitaux aussi peuvent aider à inverser la tendance, en mettant un point d’honneur à respecter les lignes de conduite relatives à la manipulation des dispositifs invasifs en milieu hospitalier. « Le risque zéro n’existe pas, mais une bonne exécution des mesures d’hygiène et de contrôle peut faire la différence », souligne-t-elle .