Série : Spécialisation intelligente en Wallonie (6/6)
Les médicaments de thérapies innovantes (ATMP, dans le jargon, acronyme de « Advanced therapy medicinal products ») mobilisent de nombreux acteurs en Wallonie.
« Cela comprend des PME, des biotechs, des grandes entreprises du pharma, des universités, des centres de recherche, mais aussi des entreprises actives dans la logistique, des entreprises de production de type CDMO (« Contract development manufacturing organization ») qui fabriquent des produits à la demande ou encore des hôpitaux, où sont réalisés des essais cliniques », commente Thierry Ferrain, directeur Innovation et Croissance chez Biowin. Il y assure la coordination de l’Initiative d’innovation stratégique (IIS) « ATMP Wal ».
Cette IIS porte sur le développement et la commercialisation de thérapies cellulaires et géniques ainsi que de produits médicaux issus de l’ingénierie tissulaire. L’IIS relève de la DIS 2 « Innovation pour une santé renforcée », de la S3 wallonne.
Lutter contre la sarcopénie
« Nos objectifs sont clairs », reprend M. Ferain. « Il s’agit d’aider nos partenaires à monter des projets de recherche collaboratifs. Et à trouver les financements nécessaires pour les mener à bien ». Par recherche, il entend principalement la recherche académique à vocation appliquée, menée en collaboration avec des biotechs, des grandes entreprises pharmaceutiques et des hôpitaux.
Un exemple? Le projet Mitosir vise à développer une thérapie cellulaire avancée pour traiter le dysfonctionnement des mitochondries (les centrales énergétiques des cellules) dans les muscles des patients âgés atteints de sarcopénie. Au départ de cellules souches, ses partenaires, les sociétés Revatis et Genflow Biosciences, ainsi que les universités de Liège et de Bruxelles espèrent mettre au point une thérapie qui améliore la fonction mitochondriale dans les tissus musculaires affectés.
Des acteurs complémentaires
« La thématique des ATMP est quelque chose d’extrêmement interdisciplinaire » reprend Thierry Ferain. « Si on veut avancer dans la recherche, le développement, la production et la mise sur le marché d’ATMP, et accélérer le processus, il faut que les partenaires de disciplines multiples puissent travailler ensemble. D’où la nécessité de réunir des acteurs complémentaires de ce secteur. »
L’IIS ATMP travaille aussi sur la formation des talents mobilisés par ces divers partenaires. Dans le domaine, les choses évoluent rapidement. De nouveaux processus, de nouvelles voies sont sans cesse explorés par les membres de l’ISS. Le personnel doit pouvoir s’adapter rapidement.
« Cela nous amène à faire un état des lieux des formations déjà disponibles en Wallonie. Ceci afin de les rendre davantage visibles, mais aussi pour identifier celles qui seraient manquantes pour l’un ou l’autre partenaire de toute la chaîne de valeur des ATMP », précise-t-il.
Particularité de cette Initiative d’innovation stratégique: son projet ATMP PIT. « Depuis le début de cette année, le projet ATMP PIT, doté de 81 millions d’euros, est sur les rails », précise Thierry Ferain. Il regroupe 26 partenaires wallons issus de multiples horizons: entreprises, universités, centres de recherche. En parallèle, et également depuis le début de cette année, l’Initiative d’Innovation Stratégique wallonne ATMP Wal est également en piste. Les deux réunissent les mêmes acteurs et poursuivent des buts identiques. »
Développements en Wallonie et à l’international
Les partenaires de cette IIS ne comptent pas « rester en Wallonie » avec les résultats de leurs travaux. Cap sur l’international. Autant pour la recherche que pour les opportunités commerciales. « Amener une dimension internationale pour les partenaires de la chaîne de valeur des ATMP est indispensable. On ne va pas simplement la consolider au niveau wallon », estime le coordinateur de l’IIS.
« Nous avons des contacts avec d’autres clusters équivalents à BioWin dans divers pays européens. Notamment en France, en Suède, en Italie, en Espagne et bien sûr au Royaume-Uni, où une mission exploratoire spécifiquement axée sur les ATMP a été organisée par l’Awex, l’Agence wallonne à l’exportation, et le service Recherche et Innovation de WBI (Wallonie-Bruxelles International). »
Financements européens en vue
« L’attrait de cette mission en Angleterre et en Écosse, c’est bien entendu de prospecter les écosystèmes locaux en ce qui concerne les ATMP et de tenter d’identifier des clients potentiels », souligne Thibault Helleput, le directeur de l’entreprise DNAnalytics (Louvain-la-Neuve), qui était du voyage.
« Un autre but, pour nous, de cette mission, était aussi de mieux faire connaissance avec quelques acteurs de Wallonie qui participent également à cette mission. Une occasion de lier des relations potentiellement intéressantes en Wallonie! »
La question des financements de la recherche a également animé les débats. Ici aussi, des opportunités existent pour les acteurs wallons tentés par des collaborations outre-Manche.
Comme le rappelait début octobre Alan Dickson, du « Centre of excellence in biopharmaceuticals », de l’Université de Manchester, des financements britanniques sont envisageables selon certaines modalités pour des partenaires étrangers via l’UKRI, l’Agence de financement de la recherche britannique dotée d’un budget de plus de 8 milliards de livres sterling par an. Et depuis peu, le Royaume-Uni est à nouveau éligible pour des projets de recherche financés par la Commission européenne.
De quoi envisager davantage encore des collaborations avec, pourquoi pas, de nouveaux partenaires wallons!