La campagne de fouilles archéologiques menée ces dernières semaines au Pérou par le Pr Peter Eeckhout (CReA-Patrimoine, ULB), directeur du projet Ychsma, a débouché sur la découverte d’un étonnant cimetière. Datant d’il y a plus de 1000 ans, ce lieu de sépultures a été découvert dans le grand site de Pachacamac, situé sur la côte Pacifique du Pérou, non loin de Lima.
Il a permis aux archéologues de découvrir plusieurs momies, emballées dans des couches superposées de filets composés de fibres végétales et de feuilles, indique l’ULB dans un communiqué.
Fosse commune
Selon le Pr Peter Eeckhout, en charge des fouilles, les momies ont été enfouies parfois à plusieurs, dans des fosses creusées dans le sable et recouvertes ensuite d’une structure de bois et de cannes de joncs.
Une tombe similaire avait été retrouvée l’année dernière par le projet Ychsma, dans un autre secteur du site. Elle a fait l’objet d’un examen approfondi par CTScan a la Clinica Delgado de Lima, précise l’ULB, dans son communiqué.
Il s’agit d’un homme d’environ 40 ans, atteint par une série de pathologies extrêmement sévères. « Sans doute le malade le plus gravement atteint que j’ai eu l’occasion de voir depuis plus de 15 ans que nous étudions les momies de Pachacamac », indique le Dr Lawrence Owens (Birkbeck, UCLondon), anthropologue du Projet Ychsma.
Des momies souffrant de tuberculose, de syphilis ou de fractures
« Ces gens étaient dans un piteux état. La plupart des personnes présentes sur le site ont eu une vie difficile, fractures, problèmes de dos, de hanches … mais les individus de ce cimetière montrent une concentration plus élevée que d’habitude de tuberculose, de syphilis et de fractures osseuses très graves, voire mortelles. Néanmoins, le fait que la plupart d’entre eux soient guéris – et que les malades aient survécu pendant longtemps – suggère qu’ils ont été pris en charge et que, même au tout début de l’histoire du site, les gens prenaient soin de ceux qui étaient moins bien lotis qu’eux-mêmes ».
« Ce type de momie et sa couverture végétale sont rares et anciennes dans le site, peut-être s’agit-il d’un groupe spécifique jusqu’ici inconnu», ajoute le spécialiste.
« Malheureusement, explique l’archéologue Milton Lujan Davila, co-directeur du projet Ychsma, toutes les momies à couverture végétale issues du cimetière fouillé cette année ont été plus ou moins abimées par la construction d’un grand bâtiment juste au-dessus de ce cimetière, et ce, suite à la conquête du site par les Incas, vers la fin de 15e siècle. Curieusement, de nombreux crânes manquent, comme s’ils avaient été prélevés, peut-être pour des raisons liées aux croyances religieuses ».
« Mais dans ce cas-ci, les Incas qui ont érigé le bâtiment n’avaient aucun rapport de parenté ou de descendance avec ces vieilles momies, sur lesquelles ils sont peut-être tombés par hasard. Ils ne les ont donc pas respectées et les ont en partie détruites au cours du processus de construction. Reste à savoir ce qu’ils ont fait des crânes. Nous les cherchons toujours », termine le Pr Eeckhout.