La radiothérapie adaptative, un traitement ciblé contre les cancers du col de l’utérus

24 mai 2024
par Daily Science
Durée de lecture : 4 min

Pour la première fois en Belgique, une patiente a pu bénéficier d’une radiothérapie adaptative dans le cadre d’un traitement contre le cancer du col de l’utérus. Délivrée par un appareil spécifique utilisant l’Intelligence artificielle (IA), cette première ouvre des perspectives importantes pour les prises en charge des cancers gynécologiques, améliorant la précision des traitements et réduisant significativement les risques d’effets secondaires.

Il y a trois ans, les Cliniques universitaires Saint-Luc réalisaient pour la première fois en Belgique une radiothérapie adaptative chez un patient souffrant d’un cancer de la prostate. Fin février 2024, c’est une patiente de 38 ans qui a démarré un traitement similaire contre un cancer du col de l’utérus. Il s’agit à nouveau d’une première en Belgique. La patiente se porte très bien et poursuit sa prise en charge aux Cliniques.

Le Service de radiothérapie de Saint-Luc dispose d’un appareil spécifique pour ces procédures innovantes : l’Ethos®, développé par la Firme Varian®. Il intègre l’intelligence artificielle et tient compte des modifications anatomiques susceptibles de survenir tout au long de la prise en charge : changement de volume de la tumeur, de la position et de la forme des organes, amaigrissement ou prise de poids du patient ou de la patiente.

La complexité des cancers gynécologiques

Plusieurs raisons peuvent expliquer le délai entre la première radiothérapie adaptative réalisée pour le traitement d’un cancer de la prostate – cancer le plus fréquemment diagnostiqué chez les hommes – et celui d’un cancer du col de l’utérus.

Tout d’abord, ce dernier constitue un cancer moins fréquent, réduisant de facto le nombre de patientes susceptibles d’en bénéficier. En effet, en Belgique, environ 1 femme sur 100 développera un cancer du col de l’utérus avant ses 75 ans. A titre de comparaison, une sur huit souffrira d’un cancer du sein, cancer le plus fréquemment diagnostiqué chez les femmes . Ensuite, les cancers gynécologiques peuvent aussi s’avérer complexes à traiter. Il n’est pas rare de voir une prolifération de ganglions autour de la tumeur, ce qui complique la définition de la zone à irradier.

Cette tendance se confirme d’ailleurs au niveau international où très peu de radiothérapies adaptatives sont utilisées dans le cadre du traitement de cancers gynécologiques.

Vers une révolution dans la prise en charge

De par sa précision, la radiothérapie adaptative peut diminuer les risques d’effets secondaires. Les volumes irradiés sont réduits tandis que la vessie et l’intestin situés à proximité immédiate se voient épargnés.

Cette précision est d’autant plus importante que, vu sa situation anatomique, la tumeur subit des modifications : le volume cible bouge chaque jour en fonction des organes voisins et de sa réponse à la radiothérapie.

Il est également à noter que les patientes sont généralement jeunes (le cancer du col de l’utérus est le 4ème le plus important chez les femmes de 25 à 44 ans), avec une espérance de vie plus longue et donc un risque accru de souffrir des conséquences des effets secondaires. Ce qui renforce la nécessité de recourir à un traitement adaptatif. Cette première est une avancée remarquable et ouvre des perspectives dans le traitement des cancers du col de l’utérus, mais également dans celui des autres cancers de la sphère gynécologique.

Le réseau H.uni

Référé par la Clinique Saint-Jean aux Cliniques universitaires Saint-Luc, le cas de cette patiente illustre les collaborations permises dans le cadre du réseau H.uni.

Créé en 2019, ce réseau rassemble les Cliniques de l’Europe, la Clinique Saint-Pierre (Ottignies), la Clinique Saint-Jean et les Cliniques universitaires Saint-Luc autour d’un projet hospitalier fort et convergeant. Il réunit 7 sites hospitaliers, 7 polycliniques, plus de 12.000 professionnels de la santé, dont 2.000 médecins, et offre un parcours de soins complet sur un large bassin géographique, incluant Bruxelles, le Brabant wallon et une partie du Brabant flamand.

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