A Montréal, Marion Pardons baigne « dans un hub de création permanente » 

24 juillet 2018
par Marie Thieffry
Durée de lecture : 4 min

SERIE (2/6) WBI donne des ailes aux chercheurs

Si les sciences ne passionnaient pas Marion Pardons pendant sa scolarité, elles sont désormais au cœur de sa vie de jeune doctorante expatriée. Depuis trois ans, cette jeune femme prépare sa thèse à Montréal, une ville qu’elle porte dans son cœur depuis un stage de fin d’études. Dynamique, positive, Montréal abrite aussi un laboratoire à la pointe dans les recherches d’un traitement contre le VIH : domaine de recherche de Marion Pardons. Elle nous raconte son aventure.

Une rencontre décisive

Au départ, les sciences, je n’aimais pas vraiment ça… Quand j’étais en secondaire, j’avais pris l’option « maths fortes, sciences faibles » ! C’est justement dans cette option que j’ai rencontré un professeur extraordinaire, Mohamed El Alami. Cet ancien chercheur devenu enseignant, m’a transmis sa passion pour la chimie avec beaucoup d’enthousiasme. C’est en grande partie grâce à lui qu’après mes Humanités, je me suis inscrite en Sciences biomédicales à l’ULB.

C’est en faisant mon mémoire de Master, dans le laboratoire du Pr Carine Van Lint (ULB) que j’ai pu comprendre combien la recherche peut être extrêmement gratifiante malgré la difficulté.

Un stage au pays du sirop d’érable

Un stage de six semaines fait partie de la formation en Sciences biomédicales, mais nous sommes peu nombreux à saisir l’opportunité de partir à l’étranger. Lorsque j’ai cherché où le faire de manière optimale par rapport à mes recherches, ma directrice de mémoire m’a proposé de faire mon stage à l’université McGill, à Montréal. En 2013, le professeur Mark Wainberg, y dirigeait un laboratoire à la pointe dans le domaine du VIH. Comme je voulais absolument améliorer mon anglais tout en continuant mes recherches sur le VIH, c’était l’endroit idéal. Je n’ai pas hésité.

Je suis revenue avec un amour inconsidéré pour cette ville ! A la fin de mon Master à l’ULB, j’avais une seule idée en tête : faire un doctorat, à Montréal. J’ai donc contacté le professeur Nicolas Chomont, un grand nom dans le domaine du VIH, qui ouvrait à l’Université de Montréal un laboratoire centré sur l’immunologie du VIH…Le thème qui m’intéressait justement ! Grâce à une bourse WBI, mes projets ont pris forme.

L’idée principale est de mettre au point un traitement. Même, si traitée correctement, l’infection par le VIH n’est plus mortelle, le virus reste bien présent. Par conséquent, si les patients arrêtent leur traitement, un rebond de la charge virale survient très rapidement.

Cette persistance du virus est liée aux cellules « réservoirs » dans lesquelles le virus « se cache » devenant inaccessible tant pour notre système immunitaire que le traitement. C’est la « latence » du VIH. Dans le laboratoire du professeur Chomont, nous essayons de comprendre les mécanismes de ce jeu de cache-cache et de trouver des traitements qui permettront la rémission des personnes infectées par le VIH.

Une expérience humaine avant tout

Travailler avec le Dr Chomont est une véritable opportunité de carrière. C’est un chercheur jeune d’à peine quarante ans, dynamique qui nous motive beaucoup. Le laboratoire est tout nouveau, nous sommes une équipe formidable d’une dizaine de chercheurs. Notre relation va bien au-delà du domaine professionnel. Cela fait maintenant trois ans et demi et je ne regrette rien, bien au contraire. Il me reste encore un an avant de finir mon doctorat puis l’idée est de revenir en Europe…

La suite de ma carrière ? C’est une bonne question…A ce stade, il n’est jamais facile de dire où l’on va se diriger. Je ferai probablement un post-doctorat par la suite, mais je suis également attirée par la communication scientifique.

En 2017, j’ai participé au concours « Ma thèse en 180 secondes », ce qui a confirmé mon attrait pour la communication et en public qui plus est. J’aime parler – mes collègues et amis vous le diraient… – et de science qui plus est ! Ce fut un défi intéressant, car il n’est pas toujours évident pour les chercheurs de vulgariser leurs projets en quelques minutes. C’est pourtant essentiel.

 

Une bande de « forrozeiros »

Même s’il fait très, très froid, cette ville n’arrête jamais de bouger, ce qui rend la vie passionnante, j’ai l’impression d’être dans un « hub » de création permanente. La ville est remplie de petits cafés. Même si je ne la trouve pas incroyablement belle sur le plan architectural, y vivre est très agréable : j’ai l’impression que l’ambiance est moins stressante qu’en Europe.

Avant de venir, j’avais commencé le « Forró » une danse brésilienne. Lorsque je suis arrivée, j’ai vite cherché et trouvé une  une communauté de « forrozeiros » à Montréal…Cette petite communauté de danseurs est devenu comme une famille.  Bénéficier du soutien de cette seconde famille est unique lorsque l’on est expatrié.

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