L’astronaute suédois, Marcus Wandt, à l'entraînement © ESA

Deux astronautes européens réservistes partiront en orbite avant Raphaël Liégeois 

24 juillet 2023
par Christian Du Brulle
Temps de lecture : 5 minutes

Un Suédois et sans doute un Polonais: deux astronautes réservistes de l’Agence spatiale européenne, iront travailler sur la Station spatiale internationale (ISS) bien avant un des cinq nouveaux astronautes de carrière recrutés par l’ESA en début d’année, dont le Belge Raphaël Liégeois. Ces astronautes de réserve participeront chacun à une mission commerciale financée par leur pays d’origine. Étonnant?

« Les cinq nouveaux astronautes de carrière que nous venons de recruter au terme d’une longue procédure de sélection, qui a vu 22.500 candidatures envoyées à l’ESA, suivent actuellement une formation de base de treize mois, notamment à l’EAC, le Centre de formation des astronautes européens, en Allemagne », explique Josef Aschbacher, le directeur général de l’ESA.  « Par la suite, ils bénéficieront d’une formation spécifique, en lien avec les missions qui leur seront confiées. »

Vol commercial

« En ce qui concerne les astronautes de réserve: c’est un fait, ils pourront voler avant les astronautes de carrière, en fonction des opportunités qui se présentent. Le premier sera Marcus Wandt, de nationalité suédoise. Il participera à la mission Axiom-3, à la fin de l’année ou au début de l’année prochaine. Mais il ne volera que pendant quelques jours, dans le cadre d’une mission courte, tandis que les astronautes de carrière se préparent pour des missions de longue durée, de six mois, sur la Station spatiale internationale », poursuit-il.

Marcus Wandt est un pilote d’essai, lieutenant-colonel de l’armée de l’air suédoise. En novembre 2022, il a été accepté comme astronaute de réserve de l’ESA avec la possibilité d’être engagé pour des missions spécifiques. C’est une telle mission qui lui est proposée dans le cadre d’une collaboration entre l’ESA et l’Agence spatiale suédoise pour réaliser un vol commercial organisé en collaboration avec Axiom Space.

Il suit actuellement une formation accélérée en Europe et aux États-Unis, en collaboration avec la Nasa, l’Agence spatiale américaine. En parallèle, l’Agence spatiale suédoise, en collaboration avec l’ESA, travaille sur une proposition de programme scientifique, technique et éducatif ambitieux qui sera mis en œuvre dans le laboratoire spatial européen Columbus à bord de la Station spatiale internationale par l’astronaute suédois.

Courte mission pour un Polonais

Lors de la dernière mission spatiale organisée par Axiom Space, en mai 2023, quatre astronautes avaient été envoyés sur l’ISS pour une dizaine de jours. Ils y ont mené une série d’expériences scientifiques et de vulgarisation.

Le prix du ticket pour une telle mission d’un astronaute de projet n’est pas précisé. Toutefois, fin juin, au terme de la 316e session du Conseil de l’ESA qui se tenait pour la première fois en Suède, la Pologne a également fait savoir qu’elle souhaitait voir son astronaute réserviste sélectionné en 2022 effectuer une mission spatiale de courte durée.

Une annonce qui allait de pair avec l’intention avancée par ce pays de financer davantage l’ESA à hauteur de 295 millions d’euros pour la période 2023 à 2025. Une bonne partie de cet argent, à entendre le Directeur général de l’ESA, devrait aller aux programmes d’observation de la Terre, mais aussi d’exploration, dont relèvent les astronautes. À ce stade, les accords précis doivent encore être finalisés entre l’ESA et la Pologne, de même que la ventilation de cette contribution complémentaire.

Une autonomie d’accès à l’espace en suspens

L’Europe spatiale ne disposant pas de système de lancements spatiaux capables de véhiculer des astronautes, c’est via le lanceur Falcon 9 de la firme américaine Space X que Marcus Wandt gagnera l’orbite.

Plus globalement, la situation des lanceurs européens est plutôt tendue. La dernière Ariane 5 a été tirée depuis Kourou au début de l’été, marquant la fin de sa longue carrière. Le petit lanceur Vega C, dont le vol de décembre s’était soldé par un échec, n’est pas prêt à reprendre du service de si tôt. Un test crucial concernant son moteur Zefiro 40, qui vient d’être réalisé en Sardaigne, n’a pas été concluant. Ce qui repousse de plusieurs mois son retour en service, prévu initialement pour la fin de l’année.

Quant à Ariane 6, le nouveau lanceur européen qui doit prendre la relève d’Ariane 5, aucune date de lancement n’a encore été fixée à ce stade pour son vol inaugural.

Période transitoire

L’autonomie d’accès à l’espace de l’Europe est actuellement dans le creux de la vague. Un véritable souci pour Josef Aschbacher?

« Cet été, une série de tests doivent avoir lieu en ce qui concerne Ariane 6 », explique le directeur général de l’ESA. « En fonction de leurs résultats, nous pourrions annoncer en septembre une date pour le vol inaugural. Si à ce stade, nous avons bien un calendrier de travail, il est cependant tributaire des tests de cet été. De là à dire que nous devons faire face à un gros problème d’autonomie d’accès à l’espace, je ne le pense pas ».

« Si on prend un peu de recul, on se rend compte que nous ne disposons pas de lanceur opérationnel pour le moment. Et cela peut être difficile à accepter. Mais si on se projette dans trois ou cinq ans, alors qu’Ariane 6 sera un succès et Vega C également, on verra la période actuelle comme un hoquet de notre histoire spatiale », assure-t-il.

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