Le Musée de l’Université de Mons (MuMons) propose une plongée aussi fascinante qu’éclairante dans l’univers de l’électricité. Son exposition temporaire – mais visible pendant trois ans ! – « Électrique ! » retrace la fabuleuse épopée de cette force invisible qui façonne nos vies. De quoi partir à la rencontre de cette énergie devenue si banale qu’on en oublie la magie.
L’invisible qui éclaire tout
Imaginez un instant un monde sans électricité. Pas de lumières dans les rues, pas de machines à café ni de téléphones dans nos poches. Nos journées s’arrêteraient avec le coucher du soleil, nos tâches ménagères redeviendraient harassantes, nos communications, laborieuses. L’électricité est partout – si omniprésente qu’elle en est devenue invisible. Pourtant, son histoire est tout sauf fade.
L’exposition « Électrique ! » vous invite à redécouvrir cette aventure, depuis les premières étincelles jusqu’aux ondes numériques qui connectent aujourd’hui la planète. Entre science, spectacle et révolution technique, le parcours nous rappelle combien cette force mystérieuse a bouleversé notre quotidien, notre rythme de vie, nos façons de communiquer… et même notre rapport au temps et à l’espace.

Quand les électriciens étaient… des magiciens
Avant d’être affaire de laboratoires, l’électricité faisait le show. « À ses débuts, l’histoire de l’électricité ne s’écrit pas dans les universités, mais sur les places publiques », explique l’historienne Romane Duculot, co-commissaire de l’exposition. « Les premiers électriciens ressemblaient davantage à des magiciens qu’à des scientifiques.»
C’est cette dimension spectaculaire que l’expo a choisi de mettre en avant, en s’inspirant de l’univers de la fête foraine. Une scénographie ludique, immersive, qui rappelle les origines foraines des démonstrations électriques.
Des globes de soufre aux soldats électrisés
Au 17e siècle, Otto von Guericke, déjà célèbre pour ses expériences sur le vide, imagine une machine électrostatique faite d’un globe de soufre. En le frottant à la main, il parvient à faire danser des objets légers. L’effet fascine, même si personne ne comprend encore le phénomène.
Quelques décennies plus tard, en 1705, Francis Hauksbee crée les premières décharges dans des gaz raréfiés, ouvrant la voie à ce que l’on appellera bien plus tard… le néon !
Et puis, il y a cette scène improbable à Versailles : Jean-Antoine Nollet, prêtre et physicien, aligne 180 soldats, tous reliés à une bouteille de Leyde, l’ancêtre du condensateur. Une décharge parcourt l’assemblée… Les militaires bondissent en cadence, le public est médusé. L’électricité devient un art de la démonstration avant de devenir une science.

Une science d’abord marginale
Longtemps, l’électricité reste une curiosité, un phénomène étrange, peu théorisé, loin des grandes lois de la gravitation ou de la mécanique. « Il faut attendre le 19e siècle pour que l’électricité prenne une place centrale dans la physique », souligne Pierre Gillis, physicien et co-commissaire de l’exposition.
C’est le siècle de l’électromagnétisme, des formules de Maxwell, des expériences de Hertz… et le basculement vers la physique moderne, dont l’électricité devient le pilier.

Voir l’électricité à l’œil nu
L’expo ne se contente pas de raconter l’histoire : elle la fait vivre. Grâce à de nombreux objets issus des collections de l’Université de Mons et de la Fédération Wallonie-Bruxelles, le public peut manipuler, tester, expérimenter.
Une dynamo de Zénobe Gramme, des dispositifs d’époque, des animations interactives, et même des installations permettant d’observer l’électricité : dans un tube à néon, par des effets électrostatiques, ou mieux encore… dans une chambre à brouillard. Un ingénieux dispositif où les particules chargées laissent une trace visible de leur passage : un ballet d’électrons révélé à l’œil nu!