Raphaël Liégeois, le nouvel astronaute belge, à côté de Thomas Dermine, Secrétaire d’Etat en charge de la politique scientifique et de Frank de Winne, directeur du Centre des astronautes de l’ESA © Christian Du Brulle

Tintin va retourner sur la Lune

24 novembre 2022
par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 4 min

Raphaël Liégeois, 34 ans, originaire de Belgrade (Namur) et ingénieur biomédical de l’Université de Liège spécialisé en neurosciences, est le nouvel astronaute belge de l’ESA, l’Agence spatiale européenne.

Mercredi 23 novembre 2022, à Paris, au terme du Conseil ministériel de l’agence spatiale, le directeur général de l’ESA l’a présenté aux côtés des quatre autres nouveaux astronautes recrutés par l’ESA.

Quelques heures plus tôt, le Secrétaire d’Etat belge en charge de la politique scientifique, et donc du spatial belge, Thomas Dermine (PS), avait déjà reçu un message de l’ingénieur.  « Tintin va retourner sur la Lune », lui indiquait-il après avoir eu un long entretien final avec le directeur général de l’ESA. Après Dirk Frimout et Frank de Winne, tous deux Flamands, c’est donc un Wallon qui endosse le costume de troisième astronaute belge.

Un voyage à vélo qui marque les esprits

Un scientifique de haut vol! « Après mes études secondaires à Namur, à l’athénée royal François Bovesse, j’ai fait des études d’ingénieur à l’université de Liège, puis un doctorat en neurosciences », explique le nouvel astronaute. Par la suite, il effectue un post-doctorat à Singapour, d’où il revient, avec son épouse… à vélo! « Un voyage de six mois au cours duquel nous avons réalisé une série de capsules vidéo sur les poètes que nous rencontrions en chemin et qui ont été diffusées sur la chaîne de télévision locale de Namur », précise-t-il.

« Lors du processus de sélection des nouveaux astronautes de l’ESA (ils étaient 22.500 candidats), ce voyage cycliste de Raphaël à travers l’Asie et le Proche-Orient, et les prises de risques calculées que cela a pu représenter, a sans doute été un élément d’appréciation en faveur de sa candidature », rapporte Frank de Winne, directeur du Centre des astronautes de l’ESA.

Mais cette expédition à deux-roues n’est, bien entendu, pas l’essentiel. La carrière scientifique du désormais astronaute pèse lourd dans la décision finale de l’ESA.

De retour en Europe, de 2018 à 2021, Raphaël Liégeois a été chercheur post-doctoral à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne, en Suisse, où il a développé des modèles dynamiques du fonctionnement du cerveau. Depuis 2021, il travaille en tant que chercheur et enseignant à l’Université de Genève et à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne. Il y donne des cours de neuro-ingénierie et de statistiques tout en poursuivant ses recherches sur la dynamique du cerveau.

Cap sur le Centre des astronautes de l’ESA à Cologne

Une page de sa vie qui va désormais se tourner. Dès le début de l’année 2023, Raphaël, son épouse et leurs deux enfants, devraient s’installer en Allemagne, près du Centre des astronautes de l’ESA.

« Dans un premier temps, comme les quatre autres astronautes sélectionnés cette année par l’ESA, Raphaël va bénéficier d’une formation de base», explique Frank de Winne. « Ensuite, en fonction de la mission qui lui sera attribuée, il s’entraînera durant de longs mois avant de pouvoir être amené à aller en orbite. »

La première mission spatiale de Raphaël Liégeois devrait se dérouler à bord de l’ISS, la Station spatiale internationale. Aux dernières nouvelles, elle devrait rester opérationnelle au moins jusqu’en 2030. Les missions lunaires, menées en collaboration avec les Américains grâce au programme Artemis et sa fusée lourde SLS, ne devraient pas le concerner dans l’immédiat, les actuels astronautes de l’ESA étant mieux positionnés. Mais cela n’émeut pas l’ingénieur biomédical, par ailleurs aérostier (pilote de montgolfière) dans son temps libre. « Je suis un scientifique », dit-il. « Je me suis engagé dans une carrière scientifique pour façonner un monde de demain qui serait meilleur. C’est aussi pour cela que j’ai postulé pour un poste d’astronaute.  Les sciences, c’est  vraiment beau. Il y a beaucoup de place pour la créativité. Et au-delà de ça, c’est aussi quelque chose qui est vraiment central pour résoudre et s’attaquer aux challenges auxquels on fait face collectivement, en tant qu’humanité », estime-t-il.

Lors de cette procédure de sélection, cinq nouveaux astronautes (dont deux femmes) ont été recrutés. Aux côtés de Raphaël Liégeois, on retrouve la Française Sophie Adenot, qui est pilote d’essai d’hélicoptères; l’ingénieur espagnol Pablo Alvarez Fernandez; la Britannique Rosemary Cougan, qui est passée par la Royal Navy avant de poursuivre sa carrière d’astrophysicienne en France; et enfin le médecin suisse urgentiste Marco Sieber, également spécialiste en neurologie. A ce quintet, s’ajoute un « parastronaute » : souffrant d’un handicap physique, il va conseiller l’ESA en vue d’adapter les missions humaines aux personnes moins valides. « Mais il ne participera pas à une mission habitée », précise Frank de Winne.

Onze autres candidats astronautes ont également été sélectionnés par l’ESA afin de constituer une réserve de recrutement. Ils pourraient rejoindre l’ESA dans le futur, en fonction des missions qui se présenteraient et qui nécessiteraient davantage de ressources humaines.

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