© Domaine des grottes de Han

Opération Coronelles à Han-sur-Lesse

24 décembre 2019
par Daily Science
Temps de lecture : 4 minutes

Plus de deux années se sont écoulées depuis la création du centre de sauvegarde pour reptiles à Han-sur-Lesse. Son but : accueillir des coronelles lisses, une des trois espèces de serpents vivant en Belgique. Près de 160 spécimens issus de différents sauvetages le long de lignes ferroviaires ont été recueillis. Vers la fin de l’été, des jeunes individus, nés en captivité, ont été relâchés dans la nature.

De l’abondance au déclin

La coronelle lisse est un petit serpent inoffensif inféodé aux milieux chauds et secs situés au sud du sillon Sambre-et-Meuse. Elle se nourrit principalement d’autres reptiles et fréquente donc des milieux de grand intérêt herpétologique.

Au cours des 150 dernières années, cette espèce a profité du réseau ferroviaire wallon. Elle a développé des populations abondantes avant de subir une régression importante. Et ce, à cause du reboisement de ses habitats (milieux rocheux naturels et artificiels, pelouses sèches et landes, voies ferrées désaffectées). Mais aussi de travaux effectués le long des voies ferrées en activité, de la reprise d’activité dans des carrières abandonnées, de la surabondance en sangliers et du manque d’abris pour les reptiles y compris dans les espaces protégés.

Cela se marque par une diminution importante de son aire de répartition en Ardenne et par un déclin des effectifs dans toutes les régions.

Lors des opérations de sauvetage, chaque coronelle a été pesée, mesurée et photographiée afin de l’identifier. Elles ont en effet des taches uniques à l’arrière de la tête permettant de les reconnaître © Domaine des grottes de Han

Un centre pour s’assurer de la survie des coronelles

En réponse à ce fléau, en 2017, le Parc Animalier du Domaine des Grottes de Han inaugure son centre de sauvegarde pour reptiles, établi avec le soutien du Service public de Wallonie et d’Infrabel, ainsi qu’avec l’appui de Natagora.

Les objectifs sont alors multiples : créer des enclos extérieurs adaptés à l’espèce réputée pour ses capacités d’évasion hors normes. Mais aussi capturer des individus et leur permettre de s’adapter à une alimentation différente tout en assurant aux femelles de mettre bas dans de bonnes conditions. Et enfin, assurer l’hibernation des reptiles.

Au fil du temps, la mission du centre évolue : l’équipe animalière du Parc entreprend des captures de femelles afin de préparer et de contrôler les mises bas. Dans l’optique de réinsérer les jeunes en milieu naturel.

Des naissances à gogo …

Au centre de sauvegarde, les femelles se sont bien adaptées et mettent au monde des portées de grande taille . Depuis mai 2017, pas moins de 613 jeunes y sont nés. « Sur les 34 femelles ayant mis bas cette année, le record revient à la femelle N° 111 qui a eu 15 jeunes ! »

… et des jeunes réintroduits dans le milieu sauvage

L’ensemble de la progéniture a été réintroduit sur des sites propices sous le couvert d’une dérogation octroyée par le Service Public de Wallonie afin de contribuer à la sauvegarde de l’espèce. « La bonne nouvelle a été d’apprendre que des jeunes réintroduits en 2017 ont été revus sur les sites de lâchers. Il faudra toutefois attendre leur maturité sexuelle pour avoir une chance de mieux les observer et en savoir plus sur le succès de ces réintroductions », explique-t-on au Domaine des Grottes de Han.

Dans la nature, seulement 10% des jeunes coronelles atteignent l’âge adulte. Selon Eric Graitson, expert en reptiles, chargé de mission pour le Service Public de Wallonie, « nous pouvons espérer un meilleur taux de survie sur ces sites de réintroduction, mais seul un monitoring continu sur les prochaines années le confirmera. »

Pour l’heure, les femelles ayant mis bas ont rejoint les enclos extérieurs du centre et se préparent à affronter de nouveaux défis. Notamment, bien s’alimenter, faire des réserves avant l’hiver et préparer leur petit nid douillet qui leur servira pendant l’hibernation. Si tout se passe bien, l’été prochain, elles donneront naissance à une nouvelle génération de coronelles qui retournera dans la nature afin de continuer la préservation de cette espèce.

 

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