Objectif : observation de la Terre pour la Wallonie

26 septembre 2019
par Christian Du Brulle
Temps de lecture : 3 minutes

Ce sera assurément un des tiercés gagnants des cinq prochaines années en Wallonie. Un tiercé qui vise un objectif: développer les compétences, les connaissances et l’utilisation des données d’observation de la Terre dans la Région pour assurer sa gestion optimale et son développement.

Tiercé gagnant? En quelques jours, trois acteurs majeurs wallons ont réaffirmé leur intérêt pour la  thématique spatiale. À commencer par le gouvernement wallon. Dans sa déclaration de politique régionale, le nouvel exécutif martèle que ce secteur sera au centre de ses préoccupations. Concrètement, il entend « développer la compétitivité du secteur et une meilleure coordination des acteurs (administration, universités et centres de recherche) avec le secteur industriel pour soutenir les projets de recherche et pour structurer la force de proposition spatiale wallonne ».

L’intelligence artificielle à la rescousse

Le nouveau gouvernement peut compter sur le soutien de Skywin à ce propos. Ce pôle de compétitivité wallon axé notamment sur le secteur aéronautique et spatial organisait, voici quelques jours à Bouge, un colloque sur les apports stratégiques de l’intelligence artificielle appliquée à l’observation de la Terre.

Une rencontre de haut vol, où l’urgence de saisir au bond la balle de l’intelligence artificielle n’aura échappé à personne. C’est que le traitement automatique des images dans le domaine de l’observation de la Terre est loin d’être optimal. Pour les opérateurs spatiaux wallons, il y a là un potentiel économique important à saisir.

Pour digérer rapidement les données satellitaires et les rendre plus accessibles, il devient impératif de miser sur le deep learning. « Il faut concevoir des machines et des algorithmes capables d’apprendre par eux-mêmes, capables de gérer de grandes bases de données, de reconnaître des données caractéristiques et pertinentes», y indiquait Pierre-Philippe Mathieu, de l’Agence spatiale européenne.

Quatorze recommandations pour la télédétection 

Le bénéfice économique d’une meilleure exploitation des données d’observation de la Terre grâce à l’intelligence artificielle est évident pour XiaoXiang Zhu, professeure de traitement du signal à l’Université technique de Munich (Allemagne), mais également membre de l’Agence spatiale allemande (DLR). « On estime aujourd’hui qu’un euro investi dans le programme européen d’observation de la Terre Copernicus génère 3,8 euros de revenus commerciaux », indique-t-elle. Grâce à l’intelligence artificielle, les revenus pourraient doubler.

Le troisième clou enfoncé dans le développement de la valorisation des données provenant du secteur spatial l’est par l’administration wallonne elle-même: le SPW, mais aussi l’Institut scientifique de service public (Issep).

« En matière de télédétection, nous formulons 14 recommandations, indique Eric Hallot (Issep). « Elles résultent de trois années de réunions du GTEO, le Groupe de travail « Observation de la Terre », qui réunit divers acteurs publics et privés actifs dans ce domaine ».

« Nos recommandations visent à renforcer l’utilisation et les techniques d’observation de la Terre au sein de l’administration wallonne, d’informer les décideurs de ce que recouvre cette notion de télédétection ».

Un nouveau plan stratégique géomatique

Nathalie Stéphenne, attachée au Secrétariat général du SPW et spécialiste en géomatique abonde: « la géomatique, soit la numérisation de l’environnement géographique, permet de mieux comprendre les relations que l’Homme entretient avec celui-ci. Et clairement, pour l’administration, et donc aussi pour le citoyen, géomatique et télédétection forment un duo gagnant ».

De quoi plaider pour l’élaboration d’un Plan stratégique géomatique wallon? Le ministre Willy Borsus, qui a notamment la Recherche, l’Économie, l’Agriculture et les Technologies nouvelles dans ses compétences, a bien reçu le message.

« Je mesure à quel point l’adoption d’un nouveau plan stratégique géomatique de cinq ans est importante », dit le ministre. « Un plan qui forme un ensemble intégré et dynamique, qui offre des opportunités entrepreneuriales, de nouveaux services aux citoyens, des perspectives de croissance ».

« Ce n’est pas un fait du hasard si le nouveau gouvernement réserve une large place dans son programme au numérique, aux nouvelles technologies et au spatial. Nous voulons aller de l’avant dans ces domaines. Et il y a des échéances proches, comme la réunion ministérielle de l’Agence spatiale européenne qui doit se tenir à la fin de l’année à Séville. Une réunion où des décisions stratégiques vont être prises pour les années à venir. Notre objectif est clair: permettre au pôle spatial wallon d’acquérir une dimension plus large, de développer son écosystème ».

 

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