Le Pr Eric Lambin, Université catholique de Louvain (UCL) et Université de Stanford.
Le Pr Eric Lambin, Université catholique de Louvain (UCL) et Université de Stanford.

Eric Lambin (UCL et Stanford), lauréat du “Nobel” de l’environnement

26 novembre 2014
par Christian Du Brulle
Temps de lecture : 4 minutes

Ne cherchez pas le Pr Eric Lambin à Louvain-la-Neuve ni à Stanford (Californie) ces jours-ci. Le géographe est à Stockholm afin d’y réceptionner un des deux principaux prix scientifiques internationaux décernés en sciences de l’environnement.

 

« La terminologie « Nobel » est bien entendu protégée et réservée à certains prix bien connus », souligne le Pr Lambin, depuis Stockholm. « Mais ici en Suède, on fait volontiers un parallèle entre ces prix prestigieux et le « Prix Volvo de l’environnement » qui récompense cette année mes travaux ».

 

Des satellites, des hommes et des environnements en mutation

 

Le Pr Lambin mène des recherches sur les changements d’utilisation des sols à l’échelle de la planète et ce en phase avec la notion de développement durable. Il utilise notamment des images satellitaires. Ses sujets d’étude ? La reforestation dans les Carpates ou dans les Andes par exemple, ou encore, tout récemment, l’éclosion de l’agriculture urbaine.

 

« J’utilise effectivement les images provenant de satellites mais aussi diverses autres sources d’informations afin d’étudier les interactions entre l’activité humaine et l’environnement », précise le scientifique belge, par ailleurs lauréat du prix Francqui en 2009 (le « Nobel » belge).

 

« Au début de ma carrière, j’ai beaucoup travaillé sur la télédétection (l’observation de la Terre à distance). Par la suite, j’ai intégré ces données dans des problématiques scientifiques plus larges et interdisciplinaires. Il s’agissait par exemple d’étudier l’impact de la mondialisation et du commerce sur l’environnement ou encore les conflits liés à des problèmes environnementaux ».

 

Deux charges de professeur dans deux universités renommées

 

« Le fait d’aborder ces problématiques au départ de données satellitaires, ne se limitant pas aux seules missions de terrain,   permet d’avoir une approche plus quantitative, plus spatiale, plus rigoureuse », estime encore le géographe, professeur au Earth & Life Institute et à l’Ecole de Géographie de l’UCL et, six mois par an, au Environmental Earth System Science, School of Earth Sciences et Woods Institute for the Environment, de l’Université de Stanford, en Californie.

 

L’attribution du Prix Volvo récompense une belle carrière, due en bonne partie aux politiques scientifiques menées en Belgique depuis plus de 30 ans . « Ce prix, je le dois notamment au soutien de la Politique scientifique fédérale (BELSPO), au Fonds de la Recherche scientifique (F.R.S.-FNRS) et à divers financements de la Commission européenne dont j’ai pu bénéficier tout au long de ma carrière », tient à préciser le Pr Lambin.

 

« Dès mon doctorat, les programmes scientifiques en observation de la Terre organisés et gérés par BELSPO (TELSAT, STEREO, SSD (la Science pour un développement durable), PADD (Global change et Développement Durable) m’ont permis d’avoir accès aux meilleures données », précise encore le scientifique, qui est également membre de l’Académie Royale des Sciences de Belgique.

 

« Ce prix est la preuve qu’un programme fédéral de longue durée, cohérent dans ses objectifs, avec une continuité dans les financements peut déboucher sur une excellence scientifique qui est aujourd’hui reconnue internationalement », dit-il. Avant de s’inquiéter : « il serait dommageable de casser cet outil ».

 

Une approche « people to pixel »

 

Le jury suédois n’entre pas dans ces considérations belgo-belges. Du moins pas directement. Il note toutefois qu’ “Eric Lambin a établi avec succès des ponts entre des disciplines des sciences humaines, géographiques et biophysiques afin de faire progresser la compréhension à l’échelle mondiale des changements d’utilisation du sol et leurs implications pour le bien-être de l’homme”.

 

“Eric Lambin a été l’un des premiers au niveau mondial à donner un aspect humain à la définition des interactions homme-environnement. Il a conduit un certain nombre d’études sur l’utilisation des terres et les changements de la couverture terrestre, dans différentes parties du monde. Ces projets sont transdisciplinaires et couvrent les échelles locales et mondiales.”

 

“Grâce à une approche appelée «people-to-pixel», il a développé nos connaissances sur la transmission de maladies infectieuses, la déforestation, le comportement humain, la résolution des conflits et la pratique agricole. Son souci de l’individu et de la planète a entraîné de nombreuses publications scientifiques ainsi que l’écriture pour un public plus large.”

 

Le Prix Volvo de l’Environnement
 
Le Prix Volvo de l’Environnement a été créé en 1988. Il est attribué chaque année à des personnes qui ont fait des découvertes scientifiques exceptionnelles dans le domaine de l’environnement et du développement durable.

 

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