Francisco Santana Ferra, le nouveau patron du NCP Wallonie, donne le ton. Pour décrocher un financement européen, il faut de l’audace et de l’enthousiasme. C’était sa conclusion à l’issue de l’événement organisé à l’occasion des vingt ans du « National Contact Point ». Cette structure d’une dizaine de personnes conseille, aide et oriente les entreprises, les universités et les centres de recherche en Wallonie afin de leur permettre de décrocher des financements de recherche auprès de la Commission européenne et de la Région.
Francisco Santana affiche le dynamisme d’un jeune premier. Il a débarqué au NCP en début d’année, mais qu’on ne s’y trompe pas: l’homme a de l’expérience. Titulaire d’une maîtrise en sciences politiques de l’UCLouvain, l’ex-responsable de la gestion des projets du « Luxembourg Institute for Socio-Economic Research » (LISER) est revenu à Louvain-la-Neuve pour reprendre en main le Point de contact national wallon.
« Les missions du NCP sont claires », dit-il. « Il s’agit d’aider les structures et les chercheurs qui font appel à nos services à obtenir les financements qu’ils souhaitent pour leurs recherches. Cela passe par l’analyse des projets, l’identification et la sélection des meilleurs partenaires européens, l’aide à la rédaction du projet et, bien sûr, l’identification du meilleur outil de financement à envisager. »
Plus de 300.000 euros d’aide par entreprise
Le but ultime de cet accompagnement? Maximaliser les chances de décrocher les précieux financements, bien entendu. Et cela fonctionne plutôt bien. Lors du dernier programme-cadre européen « Horizon 2020 », 715 projets impliquant au moins une entité wallonne, essentiellement des universités et des entreprises, ont été financés. Assurément, les Centres de recherche peuvent faire mieux dans ce contexte.
Avec H2020, quelque 308 millions d’euros ont été alloués par l’Europe aux chercheurs wallons, rappelle le dernier document en date sur la Wallonie et le programme Horizon 2020 publié par le Service public de Wallonie et le NCP.
« Le financement moyen d’un projet avec une entreprise wallonne (313.295 euros) est supérieur à celui de projets portés par au moins une entreprise flamande (268.076 euros) ou bruxelloise (283.294 euros) », pointe le NCP dans ses dernières statistiques.
Le succès est au rendez-vous
Ce qui est également intéressant à remarquer, c’est que le taux de réussite des entreprises et des chercheurs wallons qui ont répondu aux appels du programme-cadre européen est nettement meilleur que celui des acteurs du même genre qui ne font pas appel aux services du NCP Wallonie pour préparer leur dossier.
Ce taux de succès a été de 24% pour les entreprises accompagnées par le NCP alors que celles qui n’ont pas fait appel à ces services n’affichent qu’un taux de succès de 16%. Et il en va de même pour les universités, avec des taux de succès de 23% pour celles qui ont été conseillées par le NCP contre seulement 13% pour les autres équipes académiques.
Et les premières données disponibles pour le nouveau programme-cadre de recherche européen « Horizon Europe » sont également encourageantes pour les chercheurs wallons. Ici, c’est un taux de succès de 30% qui est au rendez-vous. Quasi un projet de recherche sur trois accompagnés par le NCP a été financé.
« En 2021, 23 des 66 premiers projets de recherche wallons présentés à la Commission européenne ont été financés », précise Francisco Santana Ferra. « Ce qui a permis de récolter quelque 21 millions d’euros de financements européens, dont 8,9 millions l’ont été à destination des entreprises ».
Pour les acteurs de la recherche en Wallonie (universités, entreprises, centres de recherche…), le réflexe « européen » demande à être encore développé. « Il peut paraître plus simple de décrocher un financement local », explique Jean-François Heuse, Inspecteur général f.f. au SPW Recherche. « Mais il ne faut pas négliger la plus-value que les financements européens génèrent. »
Un fameux coup de pouce pour la stratégie d’innovation
Yves Houet, qui dirige le Centre de recherche agréé Celabor, situé à Herve, abonde. « Même si le dossier de demande de financement n’aboutit pas, ce n’est jamais perdu », dit-il. « Cette démarche s’inscrit dans la stratégie de l’entreprise. Cela clarifie ses ambitions. Elle en sort toujours gagnante ». C’est après que le Celabor ait bénéficié d’une autre aide cofinancée par la Wallonie et la Commission européenne (programme BEWARE), qu’elle a mis le doigt dans l’engrenage des appels à projets du programme-cadre de recherche européen. Avec plusieurs succès à la clé.
Pour se lancer dans l’aventure des programmes de recherche européens, il faut aussi pouvoir passer au-dessus de l’éventuelle barrière de la langue, bien définir ses atouts, identifier des partenaires. Autant de questions auxquelles les membres du NCP Wallonie peuvent apporter une aide précieuse. Y compris à l’international. Les projets européens étant par essence transnationaux.
« Nous travaillons notamment dans ce cadre avec le réseau des Agents de liaison scientifique (ALS) de Wallonie-Bruxelles International », reprend Francisco Santana Ferra. « Parmi nos missions, nous voulons aussi orienter nos chercheurs vers les partenaires internationaux les plus pertinents. Tout cela ne peut que renforcer la participation des acteurs wallons dans les programmes européens de recherches et d’innovation », conclut-il.