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Suite aux mesures anti-covid, davantage d’enfants vont mourir de la rougeole

28 juillet 2020
par Daily Science
Durée de lecture : 3 min

Près de 120 millions d’enfants dans 37 pays risquent de ne pas être vaccinés contre la rougeole cette année. C’est le résultat d’une étude menée par le centre de recherche sur l’épidémiologie des désastres (CRED) de l’UCLouvain, en collaboration avec l’Université de Stanford, la Harvard Medical School et l’Organisation mondiale de la santé. La suspension des campagnes de vaccination de masse est particulièrement pernicieuse dans les pays en proie à des conflits.

250.000 enfants pourraient mourir

Comment expliquer cette absence de vaccination ? Par la priorité donnée à la lutte contre la covid-19.

En mars, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié des directives indiquant que les campagnes de vaccination de masse devraient être suspendues pour maintenir la distance physique et minimiser la transmission de la covid-19.

Pre Debarati Guha-Sapir © UCLouvain

« L’interruption des services de vaccination, même pour de courtes périodes, conduira à des individus plus sensibles, plus de communautés avec une couverture inférieure à 95% du MCV nécessaire pour l’immunité collective, et donc plus d’épidémies de rougeole dans le monde », explique la Pre Debarati Guha-Sapir, directrice et chercheuse au centre de recherche sur l’épidémiologie des désastres (CRED) de l’UCLouvain.

La rougeole était déjà en recrudescence ces dernières années, à cause notamment du mouvement « anti-vaccin ». La pandémie actuelle augmente les risques de cette maladie, en la reléguant au 2e plan dans certains pays.

Selon les scientifiques de l’UCLouvain, suite à la fermeture et aux perturbations des services de santé, les vaccinations contre la rougeole pourraient diminuer de 15 %. Cela pourrait avoir pour conséquence le décès de près d’un quart de million d’enfants dans les pays pauvres.

En RDC, la situation est alarmante

« L’état de santé général des femmes et des enfants dans les zones en conflit , en raison de la malnutrition, aggrave la mortalité en cas de rougeole. Dans l’est de la République démocratique du Congo, par exemple, dans les régions d’Ituri et du Nord-Kivu touchées par des conflits, la lutte contre la covid-19 devrait retarder la vaccination de près d’un million d’enfants », expliquent Pre Debarati Guha-Sapir et Dre Maria Moitinho De Almeida, chercheuse au sein du CRED.

Or, dans la plupart des pays pauvres, la mortalité due à la covid-19 est restée faible comparé à la rougeole.

Un exemple : « en RDC encore, 37 personnes sont décédées de la covid-19 en juin dernier tandis que 6.000 décès dus à la rougeole ont été enregistrés en quelques mois dans l’est de la RDC, touchant principalement des enfants », poursuivent les épidémiologistes.

« Dans certains pays pauvres, plus de 40% de la population a moins de 14 ans. Ce groupe démographique est le moins touché par la covid-19 (en termes de symptômes, de mortalité et de transmission) mais à risque grave de rougeole. »

« En outre, comme de nombreuses personnes dans ces pays vivent dans des logements exigus avec une surpopulation inévitable, les politiques visant à minimiser la covid-19 au détriment de la prévention de la rougeole peuvent même ne pas être efficaces. »

Vers une politique sanitaire qui prend en compte rougeole et autre maladie à transmission ?

« Nous devons trouver un équilibre entre les priorités visant à contenir la covid-19 et les efforts pour contrôler d’autres menaces de maladies à transmission élevée dans les pays pauvres, en particulier ceux touchés par les conflits », expliquent les épidémiologistes.

Car si les enfants ne sont pas vaccinés au bon moment, ils perdront les avantages d’une immunité à vie.

 

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