L’aquarium-muséum de Liège propose de découvrir dans sa nouvelle salle Trezoors, un dodo (Raphus cucullatus) grandeur nature. La sculpture sur bois permet de prendre toute la mesure de ce grand oiseau qui vécut jadis sur l’ile Maurice, dans l’océan Indien, et dont le sort a été des plus funestes, peu après sa découverte par l’être humain.
En quelques dizaines d’années de cohabitation, l’espèce a disparu de la surface de la planète. Le dernier dodo a été aperçu en 1662. Peu craintif, il a sans aucun doute été victime de l’homme, mais vraisemblablement aussi des animaux qu’il avait emportés avec lui: chiens, rats, etc.
Seuls quelques récits et descriptions de marins portugais et hollandais ont permis de connaître l’existence de cet animal, souvent présenté comme grassouillet, aux pattes courtes et au large bec.
« Les seules représentations que nous en avons sont des peintures de l’époque, souvent exécutées par des artistes n’ayant jamais vu l’animal, et exécutées sur base de témoignages et de spécimens mal conservés », indique l’aquarium-muséum. « En réalité, cet oiseau, incapable de voler, devait être un coureur plutôt mince et athlétique ».
L’étude internationale qui vient d’être publiée dans une grande revue scientifique apporte désormais un nouvel éclairage sur cet animal éteint. Et plus particulièrement sur son mode de vie.
En analysant 22 fragments osseux de cet oiseau, provenant de divers sites de l’île Maurice, les chercheurs lèvent un coin du voile sur son mode de vie et son développement.
“Le dodo est souvent décrit comme étant un oiseau gras et stupide, mais la réalité est que nous ne connaissons quasiment rien à son sujet !”, expliquent les chercheurs de l’Université de Cape Town en Afrique du Sud, qui ont dirigé cette recherche.
Ce qu’elles viennent de déterminer, en analysant la composition de leurs os, c’est que l’étonnant oiseau avait une croissance plutôt rapide. En un an, ils atteignaient sa maturité sexuelle et ce bien avant sa maturité squelettique.
Le « cycle du dodo »
« La saison de reproduction démarre vers le mois d’août, par l’ovulation chez les femelles, laquelle se produit après une période d’engraissement potentielle. Ce qui correspond aux cycles gras et minces enregistrés chez de nombreux vertébrés mauriciens, vivants et éteints », note l’équipe de scientifiques.
La ponte et l’éclosion des œufs interviennent en septembre. Les poussins grandissent rapidement pour être assez forts afin de traverser les tempêtes de l’été austral, la « mauvaise saison » sur l’île Maurice, qui s’étend entre novembre et mars.
Les variations de la quantité de calcium dans les os analysés renseignent aussi les chercheurs sur les épisodes de mue de l’animal. Ces variations pouvaient engendrer des changements de l’aspect des oiseaux (couleurs et type de plumes), ce qui pourrait expliquer les nombreuses divergences des descriptions des dodos dans les récits historiques. La mue devait intervenir vers le mois de mars, afin que les oiseaux soient prêts pour la parade amoureuse en juillet-août.
Voilà autant d’informations qui permettent de mieux connaître la vie de ce gros oiseau d’une quinzaine de kilos. Mais aussi de mieux comprendre comment, en quelques dizaines d’années, il a été rayé de la surface de la Terre.