SPiN, un centre de recherche pour penser la science et son rôle dans la société

29 octobre 2025
par Laetitia Theunis
Temps de lecture : 5 minutes

Un centre de recherche en philosophie des sciences vient de voir le jour à l’UNamur. Son nom ? SPiN, pour ‘Science & Philosophy in Namur’. Il est le fruit de quatre jeunes professeurs, jusqu’alors éparpillés dans différentes facultés, et désormais rassemblés sous la même structure faîtière qui compte une dizaine de chercheurs, doctorants et postdoctorants.

« Pluridisciplinaire et ouvert aux grands enjeux contemporains, SPiN explore les enjeux philosophiques des diverses disciplines que sont des sciences naturelles, médicales, sociales et formelles. Et ce, en croisant les approches épistémologiques, métaphysiques, politiques et éthiques. Ce centre de recherche a la vocation d’offrir un regard critique sur les sciences et la place que celles-ci occupent dans nos sociétés », explique d’emblée Pr Olivier Sartenaer, l’une des chevilles ouvrières de ce projet.

Un quatuor complémentaire

Les quatre jeunes académiques, déjà nommés définitivement ou en voie de l’être, portant SPiN, couvrent des champs d’expertise très variés. Ce qui leur permet d’être à l’écoute de multiples enjeux contemporains.

Alors que le Pr Olivier Sartenaer se consacre à la philosophie générale des sciences et à la philosophie de la physique, le Pr Thibault De Meyer est philosophe des sciences sociales, spécialisé en éthologie (l’étude des comportements animaux) et en philosophie des techniques. Il a récemment publié l’ouvrage « Qui a vu le zèbre ? » aux éditions Les liens qui libèrent.

Quant à la Pre Gaëlle Pontarotti, elle est philosophe de la biologie. Ses travaux portent notamment sur les questions d’hérédité, d’épigénétique et les enjeux éthiques liés à la conception d’un « bébé sur mesure », comme le choix de ses caractéristiques physiques. Son livre « Par delà les gènes », publié aux éditions Gallimard, sort de presse fin octobre 2025.

La Pre Juliette Ferry-Danini, pour sa part, travaille en philosophie de la médecine ainsi qu’en philosophie des techniques et de l’intelligence artificielle. Elle s’intéresse particulièrement au paternalisme médical, à l’éthique en médecine et des essais cliniques. Elle vient de cosigner un ouvrage à forte portée sociétale : « Petit guide de survie intellectuelle face aux pandémies futures », aux éditions Hermann.

Diffusion et confrontation du savoir

Concrètement, qu’est-ce que ça change d’avoir un centre de recherche en philosophie des sciences ? « Tout d’abord, cela fédère. Cette structure nous rassemble, nous les philosophes des sciences, et crée un cadre commun qui favorise la collaboration. Sans elle, nous n’aurions, institutionnellement, que très peu d’occasions de nous côtoyer. En constituant un centre unique, cela nous permet d’atteindre une taille critique et, ainsi, de disposer d’un petit budget. Cela nous ouvre la possibilité d’organiser des missions, de développer des collaborations, mais aussi de tenir des séminaires », explique Pr Olivier Sartenaer.

C’est ainsi que chaque semaine, un séminaire est organisé autour de l’un des quatre axes de recherche qui occupent l’équipe actuellement. Ces rencontres réunissent des chercheurs : parfois, ce sont les membres de l’équipe namuroise qui présentent leurs travaux ; d’autres fois, un intervenant étranger, une référence dans son domaine, est invité à venir partager ses recherches.

« Après les présentations, souvent disponibles simultanément en ligne, nous échangeons et explorons de nouvelles pistes de collaboration. Ce sont des moments essentiels qui nourrissent nos travaux et les font évoluer. La recherche se construit collectivement, dans la confrontation des idées. Travailler seul, c’est risquer de tourner en rond ou de redécouvrir ce qui est déjà connu. »

Une meilleure visibilité

Ces séminaires contribuent à la visibilité à l’international des philosophes des sciences namurois et au réseautage.

En outre, grâce à la reconnaissance institutionnelle du nouveau centre de recherche, il est désormais facile de savoir ce qui se fait en philosophie des sciences à l’UNamur. « Nos travaux, auparavant éparpillés, seront regroupés sur une page dédiée du site de l’université. Cette meilleure visibilité commence d’ailleurs à susciter l’intérêt de chercheurs étrangers, qui nous contactent désormais. »

Par ailleurs, disposer d’une structure d’accueil visible et dotée d’une véritable dynamique de recherche pourrait constituer un atout pour les chercheurs souhaitant venir travailler à Namur, notamment lors de leurs demandes de financement individuel.

De l’épistémologie dans le débat public

Il tenait à cœur aux quatre philosophes des sciences fondateurs de SPiN de maintenir une ouverture vers la société. « Nous constatons, en effet, qu’il existe aujourd’hui un réel besoin — voire un manque — d’épistémologie dans le débat public. De la crise du Covid aux changements climatiques, de nombreuses interrogations à portée épistémologique émergent : qu’est-ce qu’un bon expert ? Qu’est-ce qu’une pseudoscience ? Quelle est la légitimité démocratique des scientifiques à s’exprimer ? »

Ces questions occupent une place importante dans la société. SPiN a pour ambition de devenir un centre d’expertise pour répondre à ces questions. Il se veut un espace de référence vers lequel se tourner lorsqu’un média, une ASBL ou une institution recherche une expertise, une intervention, ou l’organisation d’une conférence ou d’un atelier.

Le centre de recherche en philosophie des sciences sera officiellement inauguré le 23 avril 2026 avec un événement consacré au thème « La méfiance envers les sciences ». A vos agendas !

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