Dans un monde ultraconnecté, place à la sobriété numérique

30 juillet 2024
par Christian Du Brulle
Temps de lecture : 3 minutes

Téléphones, tablettes, ordinateurs, mais aussi montres « intelligentes », et autres réfrigérateurs connectés … Le numérique a envahi notre quotidien. Cette explosion numérique a des effets directs sur notre planète et notre environnement. Une problématique qui intéresse beaucoup la chercheuse Sarah Descamps, de la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, à l’Université de Mons.

« Notre empreinte numérique sur l’environnement est d’aujourd’hui de 4 %, soit plus que les voyages en avion », indique-t-elle. « Rien que le streaming engendre autant d’émissions de gaz à effet de serre que celles d’un pays comme le Chili », avance l’assistante de recherche au Service d’Ingénierie Pédagogique et du Numérique Educatif de l’UMons.

Lauréate du Prix UNESCO pour les TIC dans l’éducation

Dans le cadre de son doctorat, Sarah Descamps nous amène sur le chemin de la sobriété numérique. Nous, mais surtout les nouvelles générations. Comment? En proposant un guide pratique sur la question. Ce guide éducatif en ligne aurait dû couronner ses recherches, mais elle a préféré le rendre accessible dès l’an dernier. Une initiative qui n’est pas passée inaperçue aux yeux de l’UNESCO.

La conceptrice du site EducoNetImpact a été sacrée lauréate du Prix UNESCO 2023 pour les technologies de l’information (TIC) dans l’éducation. Elle recevra son prix début septembre, à Paris, au siège de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture.

« Mon cœur de métier,  c’est le numérique et le numérique éducatif », rappelle-t-elle. « C’est pour cela que je me suis lancée dans une thèse de doctorat qui fait le lien entre le numérique, l’éducation et le développement durable. Avec comme mot d’ordre la sobriété numérique. »

Une utilisation responsable et raisonnée du numérique

« La sobriété numérique, c’est adopter une utilisation responsable des technologies numériques », précise la doctorante. « C’est aussi développer une utilisation responsable et raisonnée de ces outils. À la base, il y a vraiment cette idée de modération derrière nos usages ainsi que celle d’amener le réflexe de la question de la nécessité de nos usages. Derrière cela, il y a le fait de prendre conscience de l’impact du numérique sur l’environnement.»

Cet impact ne se limite pas à la seule dimension énergétique. «J’utilise souvent l’analyse du cycle de vie pour parler de l’impact du numérique sur l’environnement. Ceci afin qu’on comprenne qu’au final, cet impact ne se limite pas à la seule utilisation que nous faisons des outils numériques. »

« Cela va évidemment bien plus loin que la recharge de la batterie des téléphones portables. Je pense, par exemple, aux data centers, qui, outre de l’énergie, ont besoin de beaucoup d’eau pour être refroidis. L’impact du numérique sur l’environnement porte aussi sur l’extraction des matières premières. Des extractions qui posent à leur tour d’autres types de questions, comme celle du travail des enfants. Sans oublier la fin de vie de nos objets connectés, souvent envoyés à l’étranger. Ce qui a encore un impact sur l’environnement. »

Porter attention au greenwashing technologique

« Dans le cadre de ma thèse, l’éducation à la sobriété numérique est centrale. J’y associe donc aussi d’autres dimensions, par exemple le décryptage de ce qui touche au greenwashing, et notamment au greenwashing technologique. »

Le guide EducoNetImpact mis en ligne par Sarah Deschamps en marge de sa thèse s’adresse à toutes et tous. En accès libre, il se compose de quatre modules, le cinquième étant destiné spécifiquement aux enseignants. Récompensé par le prix de l’UNESCO pour les technologies de l’information (TIC) dans l’éducation, il est également doté d’un chèque de 25.000 dollars (environ 23.000 euros) grâce au mécénat. Le prix est officiellement intitulé « Prix UNESCO Roi Hamad Bin Isa Al-Khalifa 2023 ». Un montant que la lauréate compte bien utiliser pour amplifier les contenus de son guide, mais aussi à en assurer une traduction.

« La sobriété numérique, cela concerne tout le monde », conclut Sarah Descamps.

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